Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Le Luxembourg a terminé sa superbe campagne de qualification à la coupe du monde 2023 par une défaite à la dernière seconde face à l’Islande samedi (84-86). Ken Diederich, l’entraîneur national, tire le bilan de la meilleure prestation de l’histoire du basket grand-ducal.
LE MATCH CONTRE L’ISLANDE
Ken Diederich : Sur le coup, on est évidemment très déçus que Fridriksson mette ce tir. Mais c’est un très grand joueur, il n’avait pas mis les neuf derniers, il met le dixième avec Alex en face de lui, c’est dommage mais c’est le basket. Mais avant, on a fait de très belles choses. On a raté notre première mi-temps, notamment sur le plan défensif. On a pris trop de paniers en contres, on a été très gênés par Hlinason (NDLR : 2,16 m) mais on avait fait le choix de ne pas faire de prise à deux sur lui. On le laisse en un contre un et tant pis s’il marque 25 pts mais ce qu’on voulait éviter, c’est de prendre une rafale de tirs à trois points. On arrive à la pause à -14, on se dit presque qu’on est chanceux car on aurait pu être à -25. En seconde période, on a corrigé tout ça. On est revenus avec Alex (Laurent) et Oli (Vujakovic), on a réussi à passer devant même si on a raté quelques tirs ouverts qui nous auraient permis de créer un plus grand écart. On les a vraiment fait douter. Malheureusement, on n’a pas capitalisé… Mais après une bonne nuit, la fierté est plus grande que la déception.
SON BILAN DE PRISTINA
Je pense que c’est notre meilleure fenêtre. On était un peu inquiet avant le match contre le Kosovo car on savait qu’il allait jouer sa qualification. On sentait vraiment une tension particulière, que les gens vivent pour le basket. On était vraiment très fiers de gagner un match comme cela. Face à l’Islande, on se doutait que ce serait dur mais qu’on avait une carte à jouer. On était prêts au défi. Mais comme je l’ai dit, on a commis trop de fautes en première période.
SON BILAN DE LA CAMPAGNE
C’était une longue campagne, notre meilleure jusque-là puisqu’on n’avait jamais gagné deux matches dans notre histoire. En plus, on aurait pu en gagner au moins un autre puisqu’au Luxembourg, contre le Kosovo, on était la meilleure équipe mais on n’a pas réussi à capitaliser. Avec ce match contre l’Islande, on a peut-être raté un truc mais comme la Slovaquie a battu le Kosovo, on termine troisième et ça aussi c’est une première. Cela nous console un peu. En tout cas, on a bien joué et on a reçu beaucoup de félicitations de la part des autres équipes et d’autres coaches. Il faut continuer comme cela.
L’ABSENCE DE THOMAS GRÜN
Avec Thomas, on pouvait bien sûr l’emporter contre l’Islande. Il a cette expérience en défense. Il ne faut pas oublier qu’on est venus avec une équipe diminuée, avec seulement 11 joueurs. Mais je suis super heureux avec les joueurs. Ivan (Delgado), Ben (Kovac) ont très bien joué. Et Bobby (Melcher) a été très dur, il a le talent pour jouer en défense à ce niveau, il sait gérer la pression et il nous a permis de rester en position de gagner les matches. J’ai bien fait de le prendre avec nous.
SON MATCH RÉFÉRENCE
Je dirais notre match contre le Kosovo. On a réussi à être constants pendant bien 35 minutes et ça, c’est quelque chose d’exceptionnel car c’est un adversaire vraiment sérieux. Contre l’Islande, on rate la première mi-temps et on perd d’un rien. Si on gagne, on fait trois à la suite. Mais on a fait un super boulot, je suis super content. Maintenant, je préfère gagner. Du coup, je prends le Kosovo.
SA PLUS GRANDE SATISFACTION
On n’avait jamais réussi à gagner deux matches dans une campagne FIBA de toute notre histoire et là on le fait. On n’avait jamais évité la dernière place et là on le fait, ce qui va nous permettre de prendre des points FIBA et d’avoir peut-être des adversaires plus faciles pour la prochaine campagne. Mais le classement, en fin de compte, ce n’est pas très important. Ce qui compte vraiment pour moi, c’est la manière dont on s’est comportés. Le fait d’avoir toujours envie de gagner. Je suis particulièrement fier de la manière avec laquelle les gars sont revenus contre l’Islande. Ça montre que leur mentalité est super. Et c’est elle qui nous permet de compenser des déficits sur le plan athlétique. C’est vraiment ça que j’apprécie le plus.
LES TROIS MOIS SANS JOUER
C’était effectivement ma plus grande inquiétude. C’est quand même quelque chose de redoutable de passer trois mois sans jouer. Mais encore une fois, la mentalité est la bonne. Et comme l’a dit Ivan, entre ici et la Total League, c’est presque un sport différent. C’est un autre monde. Sur le plan du physique, de la vitesse. Ici, c’est le basket pro.
LA SUITE ?
On a besoin de jouer davantage de matches comme ceux-là. À mon avis, on est au-dessus de notre maximum. Mais on doit se servir de l’exemple de l’Islande pour franchir le prochain pas. Chez eux, tout le monde joue en Espagne, en Allemagne, en Lituanie. Tous évoluent dans le monde pro et ils ont joué deux phases finales de l’Eurobasket. Maintenant, on ne sait pas encore ce que sera la prochaine fenêtre de compétition FIBA.
DE NOUVELLES AMBITIONS ?
C’est vrai qu’on a des ambitions mais qui ne sont pas toujours justifiées. Il ne faut pas oublier qu’on joue avec seulement trois pros. Maintenant, il y a beaucoup de matches où on a bien joué. On ne nous sous-estime plus. Mais il faut faire attention. Si on rate notre deuxième mi-temps contre l’Islande, on peut perdre de 30 pts. Et ça peut arriver contre une bonne équipe. Il faut se méfier des ambitions. Regarder le contexte. Et ne pas oublier qu’on peut rater un match. La dernière fois pour nous, ça devait être contre l’Angleterre (65-93 en 2019) face à une très grande équipe. J’ai toujours dit que l’objectif, c’était, un jour, de se qualifier. Il y a dix ans, on trouvait ça ridicule. Mais là on était à un tir d’une victoire contre l’Islande, trois ou quatre de la Slovaquie. La bonne chose, c’est qu’on est encore jeunes. Personne n’a plus de 30 ans. Et un jour, un match comme celui de samedi, on va le gagner !
Romain Haas
Le classement final : 1. Islande 11 (6;+62); 2. Slovaquie 9 (6;+8); 3. Luxembourg 8 (6;-14); 4. Kosovo 8 (6;-56)
Le parcours du Luxembourg : SLO-LUX 73-65; LUX-KOS 80-84; ISL-LUX 90-76, LUX-SVQ 77-73, KOS-LUX 89-99, LUX-ISL 84-86
