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[Basket] Chris Jones : « Maintenant, tout est possible »


Chris Jones (en noir) s'est chargé du cas Bobby Melcher lors de ce choc au sommet de la Nationale 1, dimanche. (Photo : Julien Garroy)

Le T71 a réussi à vaincre l’Amicale. Chris Jones, grand artisan de ce succès précieux, revient sur les clefs du succès.

Alors qu’elle semblait invincible il y a encore quelques semaines, l’Amicale vient d’enchaîner deux revers en l’espace de deux semaines. La dernière, dimanche, sur son parquet, face à son ennemi intime et principal rival : le T71. Le triple champion en titre, emmené par un Chris Jones de feu, s’est rappelé aux bons souvenirs de tout le monde au meilleur moment. Le joueur savoure…

Était-il important de battre l’Amicale ?

Chris Jones : Absolument. Par rapport au classement, c’était quelque chose de très important. Maintenant, on est à seulement un demi-point et tout est possible.

Dans quel était d’esprit avez-vous abordé ce match ?

Un : on n’avait rien à perdre. Deux : on voulait absolument battre l’Amicale. Dès le premier quart, on a senti qu’on était bien, qu’on avait de la réussite en attaque. J’étais convaincu qu’on pouvait gagner.

Qu’est-ce qui vous a permis de l’emporter ?

Notre défense. On limite l’Amicale à seulement 74 points alors que c’est la meilleure attaque du championnat. On a réussi à appliquer une très forte pression défensive et on a bien géré le ballon, ce qui nous a permis de l’emporter. Et pour la première fois, on a vécu une fin de match sans précipitation. Alors qu’eux étaient plus nerveux.

Vous sentiez que l’Amicale n’était plus imbattable ?

Ça on le savait déjà. Le tout, c’était de trouver la bonne formule de jeu. On sait très bien qu’ils ont un superbe effectif, que c’est une excellente équipe qui pratique du très bon basket et que pour les battre, il faut être costaud. Maintenant, si on veut prétendre au titre, on va devoir être au moins aussi bons qu’on l’a été contre eux dimanche. Si ce n’est encore meilleurs.

Ce match, vous le gagnez parce que vous êtes meilleurs ou parce qu’ils sont moins bien ?

Personnellement, je pense que leur défaite en demi-finale de la Coupe leur est un peu rentrée dans la tête. Quand tu gagnes tous tes matches sans avoir de véritable challenge et que tu te mets à perdre lors d’un match ô combien important, forcément, ça joue psychologiquement. On ne va pas dire qu’ils ont pour autant perdu leur basket, mais ça trotte dans la tête. Et c’est peut-être ce qui explique quelques fautes d’inattention dans le crunch-time. Et qui les rend plus vulnérables.

Comme celles dont vous avez profité ?

Oui, comme celles-là. Mais même avant, ils auraient pu fermer le match et ne l’ont pas fait. Même chose pour nous, on avait la possibilité de boucler l’affaire et on n’y est pas parvenus. Finalement, ça s’est joué sur un fil et sur des décisions bonnes ou mauvaises suivant le point de vue.

Racontez-nous la fin de match…

On égalise et, dans la foulée, Billy McDaniel met un panier. Il reste 32 secondes à jouer et +2 pour l’Amicale. On prend un temps mort pendant lequel on décide de donner le ballon à Eric (Anderson) dans la raquette. Mais à la faveur de deux écrans, je me retrouve tout seul, j’ai pu me démarquer et aller au lay-up. Samy Picard était un peu en retard sur moi et j’étais finalement assez libre. Ensuite, on retourne en défense, l’Amicale a une balle pour égaliser ou passer devant. Alex (Laurent) a le ballon et veut le passer à Bobby (Melcher) mais je suis juste devant. Pourtant, j’ai l’impression d’être visible mais il fait la passe, je la récupère et dès lors, je n’ai qu’une idée en tête : aller au bout. Je conclus par un lay-up. Ensuite, il reste trois secondes mais on fait une défense agressive qui les empêche de même tenter un tir.

Personnellement, vous avez sorti un gros match !

Oui, je suis très satisfait sur ce plan. Mais le plus positif, c’est que je commence à retrouver ma réussite. C’est une bonne chose que dans un match où Tom est moins bien, il y ait quelqu’un d’autre qui puisse prendre le relais. Cela apporte plus de confiance et donne plus d’options en attaque.

Le coach attendait beaucoup de points de votre part ?

Non. Il attendait que je défende bien sur Bobby et que je l’empêche de donner le rythme qu’il a l’habitude de mettre dans les rencontres. Il m’a demandé une bonne défense et ensuite, si les points suivent en attaque, on prend aussi, bien sûr!

Eric semble également avoir trouvé ses marques ?

Oui. Cela prend forcément du temps mais il a fait un gros match, en étant présent sur tous les tableaux. Il se sent de plus en plus à l’aise, il devient plus vocal aussi alors qu’il est plutôt d’un naturel calme et réservé. Avec sa carrure et son talent, il doit avoir envie de prendre plus de responsabilités et c’est ce qu’il est en train de faire.

Quelle est la part de responsabilité du coach dans ce succès ?

Elle est très grande. Il a fait des ajustements par rapport aux deux premières rencontres. Notamment au niveau des match-ups. Eric était sur Billy (McDaniel), Nelly sur Hasquet, je me chargeais de Bobby, Gilles (Ruffato) d’Eric (Jeitz) et Tom (Schumacher) sur Samy (Picard). Ça et le travail collectif fourni ont permis cette victoire.

Avez-vous le sentiment qu’il s’agit de votre meilleur match de la saison ?

Non. Je pense que c’est un match où on a réussi à bien conclure. C’était un match serré, dans lequel on a su garder nos nerfs et tourner la rencontre en notre faveur alors que rien n’était donné. Mais le problème, c’est la constance : on démarre bien, puis on a des problèmes dans le deuxième quart, on attaque bien le troisième, mais on le finit mal et on conclut bien le quatrième. On ne peut pas se baser là-dessus et se dire que Steinsel connaîtra une autre journée comme celle-là. À la mi-temps, ils étaient à 2/12 à 3 points. Bien sûr, on a contesté au maximum leurs tirs mais ils en ont raté pas mal d’ouverts et ce ne sera pas forcément toujours le cas.

Quel est l’objectif du T71 dans ces play-offs ?

Terminer premier au classement et surtout être fin prêt pour aborder le Final Four dans les meilleures conditions. Avec notre équipe au complet pour aller jusqu’au bout.

Ça fait quoi de marquer les points décisifs dans un match comme cela ?

C’est génial. Tu es euphorique, ça te donne un max d’énergie. Cela fait dix ans que j’ai commencé en seniors avec l’Amicale. Maintenant, je suis dans une équipe qui peut battre Steinsel, qui a encore toutes ses chances tant en Coupe qu’en championnat. C’est parfait.

Vous avez encore une marge de progression ?

C’est sûr. On attend le match où Gilles, Tom et moi seront dangereux pendant quarante minutes avec les Américains. Mais je suis confiant qu’au fil des matches en play-offs, ce sera le cas.

Entretien réalisé par Romain Haas