Ben Kovac a été éliminé, mardi, avec les Den Helder Suns, par le Donar Groningen au premier tour des play-offs. Il fait le point sur sa première saison chez les pros.
Votre saison vient de s’achever. Quel bilan tirez-vous de votre première expérience chez les pros ?
Je suis vraiment content. Ce n’était pas évident de venir du Luxembourg, où on joue à un niveau semi-professionnel. Il fallait toujours penser à des choses comme l’armée, l’école, je n’avais pas la possibilité de me concentrer à 100 % sur le basket. Quand je suis arrivé ici, c’était un sentiment incroyable pour moi. Je pouvais jouer librement, sans avoir à penser à autre chose. En plus, j’ai reçu la confiance du coach, je trouve que j’ai joué plutôt bien. Pour une première saison, c’était pas mal.
Au niveau des stats, justement, on constate que vous compilez 12 pts, 4 rebonds, 2 passes et 1 interception pour 25 minutes de temps de jeu en moyenne. Ça correspond à ce que vous espériez ?
Je ne m’étais pas fixé d’objectif perso en termes de statistiques. Tout ce que je voulais, c’était profiter de la vie de basketteur pro. Me concentrer uniquement sur le basket. Me réveiller le matin, prendre mon petit-déj avant de partir à l’entraînement, revenir, manger, retourner à l’entraînement. En fait, je suis payé pour faire quelque chose que j’aime. Mon but, c’était de me développer en tant que joueur. De prendre de l’expérience. De la confiance.
Et vous l’avez fait en étant pendant longtemps l’un des meilleurs tireurs à trois points du championnat. Vous finissez tout de même à 41,3 %, c’est pas si mal ?
En début de saison, j’étais sixième homme. Je débutais sur le banc, j’étais là pour apporter mon énergie et être un des principaux scoreurs de l’équipe. Je ne prenais que deux ou trois tirs à trois points par match. En fin de saison, on a eu beaucoup de blessés, j’ai pris plus de shoots, j’en ai raté plus aussi. Mais oui, 41 %, c’est pas si mal pour une première.
Une première saison qui s’est déroulé en deux parties. Vous avez été confronté au Covid ?
Oui. On avait débuté la saison avec deux victoires et ensuite on a joué contre une équipe qui avait le Covid. On était 12 sur 16 à l’avoir attrapé. C’était en octobre. Tout le championnat a été en stand-by et on a repris à zéro au mois de janvier.
Et cette saison s’est donc arrêtée au premier tour des play-offs face au Donar Groningen ? Avez-vous des regrets par rapport à votre parcours ?
Si on avait été au complet, on avait pour objectif de passer le premier tour des play-offs. D’ailleurs, cette saison, on a battu des équipes come Donar, Leiden ou Den Bosch. Mais on a connu tellement de problèmes avec les blessures. À un moment de la saison, on avait 6 blessés et seulement 7 joueurs disponibles. Pendant quatre semaines, ne pas pouvoir s’entraîner à cinq contre cinq à l’entraînement, ce n’est pas évident. On avait une rotation très limitée avec des joueurs qui ne jouent que cinq minutes habituellement et qui ont dû jouer vingt-cinq minutes. C’est peut-être bon pour leur développement personnel mais pour le coach, c’est une situation forcément très difficile. On savait que ce serait très compliqué pour les play-offs.
Mon QI basket s’est amélioré
Si on revient à vous, avec le recul, vous avez bien fait de choisir de débuter votre carrière pro aux Suns ?
Je n’ai aucun regret depuis que je suis arrivé ici. Avec mon agent Misch Engel, on parlait de trouver une équipe dans laquelle je pourrais me développer mais où j’aurais le droit à l’erreur. Si tu tombes dans une grande équipe avec douze joueurs de même niveau, tu fais deux gaffes et ensuite tu retournes sur le banc. Aux Suns, je sais que même si je rate quelques tirs, je vais quand même jouer. Le coach aime les joueurs qui prennent des risques. Il te donne la confiance et tu peux jouer sans pression.
Sur quels plans pensez-vous avoir progressé depuis votre arrivée aux Pays-Bas ?
Sur plusieurs plans. Déjà, j’arrive à mieux lire le jeu, à prendre les bonnes décisions au bon moment. Je sais quand je dois prendre un shoot, attaquer le panier. J’ai plus de confiance dans mon tir et dans mes capacités en attaque. Je suis plus explosif, plus rapide et en défense, je comprends mieux les rotations. Mon QI basket s’est amélioré. On fait aussi cinq fois de la muscu par semaine, c’est un tout.
Au Luxembourg, vous étiez surtout catalogué comme défenseur et votre coach vous voit pourtant comme un scoreur ?
Oui. Mais au début, j’étais tellement nul en défense. Et c’est Sylvain Lautié qui m’a donné confiance. Il m’a dit que je devais travailler la défense et m’a mis à défendre sur les Américains. C’était dur pour moi. Mais j’avais besoin de jouer la défense. Si j’avais gardé le même niveau en défense qu’il y a trois ou quatre ans, je n’aurais jamais pu passer pro. Ce qui change aussi, c’est qu’au Luxembourg, tu n’as pas de rôle constant. Tu peux marquer 15 pts un match, 10 au suivant, prendre 7 rebonds à l’autre. Ici, c’est différent. Le meneur est là pour organiser le jeu et donner des passes décisives, les scoreurs sont là pour mettre les points. À chaque match tu as le même rôle, tu dois performer. Je suis à la fois défenseur et attaquant et mon rôle devrait rester le même. Être scoreur, c’est presque quelque chose de naturel pour moi.
Mon rêve c’est, un jour, de jouer en Euroligue
On vous sent bien dans vos baskets ?
Je pense que passer pro, c’était le petit déclic qui me manquait. Quitter ma zone de confort de la maison. Venir ici, chez les Suns, c’était le meilleur choix. Je suis dans la meilleure situation possible.
Votre contrat arrive à échéance. Savez-vous où vous jouerez la saison prochaine ?
Ce que je peux dire, c’est que je suis content ici. Cela ne me déplairait pas de rester une saison supplémentaire, d’autant plus que la Beneleague (NDLR : coopération entre les championnats de Belgique et des Pays-Bas) arrive la saison prochaine mais je vais voir tout cela avec mon agent. Je ne veux me fermer aucune porte, je vais voir s’il y a des offres qui viennent d’ailleurs et je prendrai une décision certainement pendant l’été.
Si on vous demande où vous vous voyez d’ici quelques années ?
Généralement, je préfère me concentrer sur le moment présent. Mais mon rêve c’est, un jour, de jouer en Euroligue. Je sais qu’on me prendra peut-être pour un fou. Que ce n’est peut-être pas réaliste. Mais si tu travailles assez dur et que tu crois en toi, je me dis que c’est possible. Un chemin qui mènerait vers la Bundesliga pourrait être aussi quelque chose d’intéressant. On verra bien ce qui se passe.
Entretien avec Romain Haas