[5e journée de Nationale 1] Le premier choc de la saison a donné lieu à une belle bagarre entre le Basket Esch et Etzella (96-101), samedi. Les Nordistes se sont finalement imposés après un match très offensif. Jairo Delgado, dont c’est la dernière saison, a contribué à ce succès. Mais il doit encore travailler pour perdre quelques kilos superflus.
Vous êtes désormais la seule équipe invaincue et la première à faire tomber Esch. Est-ce que ça veut dire quelque chose ?
Jairo Delgado : Pas vraiment, mais on se positionne. Je pense que les premiers matches ont démontré que le Basket Esch, le T71, nous et peut-être les Musel Pikes devraient jouer le haut du tableau. En battant Esch, ça donne un peu le ton.
Ce succès a été acquis au terme d’une partie globalement maîtrisée, même si défensivement ce n’était pas vraiment ça ?
Miles Jackson-Cartwright a mis quelques paniers à trois points qui ont permis à Esch de revenir au score et même de prendre quelques points d’avance. Mais ensuite, Gilles Polfer est entré et il a mis ses missiles longue distance. C’était un match compliqué, on a mené pratiquement tout le temps, mais on n’a jamais réussi à créer un véritable écart. Chaque fois qu’on pouvait passer à +10-12, on a fait des bêtises ou Esch a marqué.
Vous passez les 100 points, le Basket Esch, les 90, comment l’expliquez-vous ?
Pour l’instant, on a des gars qui ont d’excellents pourcentages au tir, comme Gilles (Polfer). Et comme, en plus, Philippe (Gutenkauf) est super rapide dans ses décisions, tu prends les tirs plus vite, tu as plus de possessions et les scores sont plus élevés. De toute façon, c’est notre manière de jouer. Les dernières saisons, on marque très souvent plus de 100 points. C’est le style de jeu que Kreso (NDLR : Basic, le coach) veut avoir et que l’on pratique.
Vous êtes désormais invaincus en cinq matches. Un bien meilleur début de saison que l’an passé. On sait que vous aviez souffert au niveau des pros. Cette année, on a le sentiment que vous avez tout de suite trouvé la bonne paire US ?
C’est vrai que l’année dernière, on a souffert avec nos Américains, sauf sur la fin où on avait trouvé la bonne paire. Maintenant, on sait que c’est toujours une loterie avec les pros. Mais cette saison, ce n’est pas comme l’an passé. On s’entend super bien avec eux, ce qui n’était pas le cas lors de la précédente et j’espère qu’on va terminer la saison avec eux. En tout cas, si personne ne se blesse, je touche du bois.
Pouvez-vous nous parler d’eux? Sur quels critères ont-ils été choisis ?
Déjà, avec le retour de Yann, on n’avait pas besoin de poste cinq. À l’Amicale, il a prouvé sa valeur et montré qu’on pouvait lui faire confiance. On a donc préféré prendre des swingmen, qui sont capables de tout faire et qui évoluent aux postes trois et quatre. Avec eux, on joue différemment. Henry Pwono est très fort, il sait tout faire, il est super costaud à l’intérieur sans être lent à l’extérieur, il sait tirer, c’est un joueur complet. Quand il est arrivé, il semblait un peu raide, mais c’est à cause de ses muscles. On a vite vu qu’il n’y avait pas de problèmes. Et AJ (Burgett) peut sembler un peu nonchalant, mais il ne l’est pas du tout. En fait, il fait ses actions au bon moment. Il est même meilleur défenseur que Pwono, mais comme il n’est pas aussi costaud, ça ne se voit peut-être pas forcément.
Pendant le confinement, je me suis un peu laissé aller
Celui qu’on ne voit pas non plus beaucoup, c’est vous. C’est un choix ou une décision du coach ?
En fait, je ne suis tout simplement pas en forme. Pendant le confinement, je me suis un peu laissé aller et j’ai pris quelques kilos en trop. J’ai eu du mal à redémarrer. De semaine en semaine, je sens que ça va mieux, je perds du poids. Je pense que je vais davantage jouer quand je serai totalement en forme.
En plus, il s’agit de votre dernière saison ?
Normalement, je voulais terminer lors de la précédente, mais je ne pouvais pas partir sur un arrêt de la saison. Avec ma copine, on s’est dit que j’allais en faire encore une dernière. Je m’attendais à moins jouer que par le passé, mais pas au point de n’avoir que trois et cinq minutes de temps de jeu sur les deux premiers matches. Je dois dire que je l’avais en travers de la gorge. Mon ego a été touché et je peux vous dire que vous me voyez tous les jours au fitness. Je veux bien ne pas jouer pour des raisons tactiques, mais pas à cause de mes kilos. D’ailleurs, depuis que je suis plus en forme, j’ai davantage joué. Donc, je pense que ça venait bien de ça, même si on ne me l’a pas dit expressément.
Si vous souhaitez dire stop, c’est également parce que vous avez le sentiment que la relève est assurée ?
Oui, la relève est assurée à Etzella même si je ne joue pas, on a une formation qui vise le titre. Je me suis dit aussi qu’à un certain moment, il faut arrêter. Je veux passer plus de temps avec ma famille, me concentrer sur d’autres trucs que le basket. Ça demande des sacrifices, cela fait bien longtemps que je ne peux pas partir en week-end, en vacances. Que je ne peux pas aller voir ma belle-famille en Suède parce que j’ai un match. Maintenant, à 35 ans, je pense que je peux arrêter, même si ce ne sera pas facile.
Vous allez arrêter le basket ?
Je vais sûrement continuer à jouer avec mes frères en équipe B de Schieren. On va bien s’amuser.
En attendant, il y a une saison à jouer. Avec un Philippe Gutenkauf qui n’en finit plus de confirmer ?
C’est le patron sur le terrain. Il a gagné en maturité, il a une justesse de jeu incroyable, il accélère de plus en plus, est de plus en plus constant. Maintenant, il peut encore progresser dans la direction de l’équipe, il doit accélérer avec elle et faire en sorte que l’équipe le suive.
Autre raison de l’excellent début de saison d’Etzella, on a retrouvé un Gilles Polfer très fort ?
Il est super motivé, il est toujours présent à l’entraînement, ce qui n’a pas toujours été le cas par le passé et il shoote vraiment très bien. Et samedi, on avait du mal à défendre sur Miles Jackson-Cartwright et c’est Gilles qui l’a pris en défense sur la fin, alors que moi j’étais sur Clancy Rugg. Je pense vraiment qu’il va faire une super saison.
Faire en sorte que le banc ne se transforme pas en cadeau empoisonné
Pour aller loin, il faut un banc. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est l’une des grandes forces d’Etzella. Mais est-ce que ça peut devenir un problème ?
C’est sûr que ce n’est pas évident, car on a un banc énorme. C’est chaud parce que tout le monde ne peut pas jouer. D’une certaine manière, c’est du luxe, mais il faut faire en sorte que ça ne se transforme pas en cadeau empoisonné.
Sam Wolter est parti à l’université, mais vous avez des jeunes comme Eric Zenners et Ruben Gentil da Cunha. Comment vivent-ils la situation ?
Forcément, c’est compliqué pour eux, mais ils le savaient à l’avance. Mais ils sont très positifs, les deux sont des gars super qui prennent la situation comme elle est et ne se prennent pas la tête. Eric est barré par Yann et Ruben a devant lui une armada de joueurs extérieurs. Le coach essaie toutefois de toujours récompenser les joueurs d’une manière ou d’une autre. Face au Basket Esch, Eric n’a pas beaucoup joué, mais il est entré à des moments cruciaux.
On a le sentiment que ça tourne vraiment bien à Etzella. Pensez-vous que vous avez encore une belle marge de progression ?
Tout à fait! On n’a pas encore trouvé nos automatismes avec les Américains. Ça va venir petit à petit, on ne les trouve pas encore très bien à l’intérieur et eux peinent parfois à nous servir à l’extérieur. On peut vraiment s’améliorer sur ce plan.
Un dernier mot par rapport à la situation sanitaire ?
J’ai une vraie crainte que la saison n’aille pas au bout. Quand on voit ce qui se passe chez nos voisins, si ça continue, on va sûrement y passer aussi…
Entretien avec Romain Haas