Leandro Barreiro a inscrit contre le RB Leipzig son premier but en Bundesliga. Il est synonyme de belle victoire contre un cador.
Leandro Barreiro a inscrit samedi son premier but en Bundesliga. Pas à la sauvette, non : contre le dernier demi-finaliste de la Ligue des champions et actuel 2 du championnat d’Allemagne, le Red Bull Leipzig, pour un succès crucial qui permet, aujourd’hui, de dire que Mayence n’est pas mort. Après avoir mené 0-2 mais avoir plié à Munich contre le Bayern (5-2) en tout début d’année, après avoir arraché dans la douleur le point du nul à Dortmund (1-1), après avoir perdu logiquement deux fois 0-2 contre deux postulants à l’Europa League en fin de saison (l’Eintracht Francfort et Wolfsburg), Mayence a prouvé, avec cœur et autorité, contre l’une des seules équipes capables d’empêcher un neuvième titre consécutif du Bayern, qu’il peut encore sauver sa peau dans l’élite allemande. Et c’est en partie à un petit Luxembourgeois venu d’Erpeldange qu’il le doit.
«J’avais les larmes aux yeux quand il a marqué»
Bien évidemment, dimanche, au lendemain de l’exploit, il n’y en avait presque que pour deux hommes. Niakhaté et son doublé de la première période, sur deux phases arrêtées et à chaque fois en embuscade, à bout portant, et Da Costa, la recrue-phénomène, auteure d’une folle chevauchée pour offrir le 3-2 à «Léo» à la 50 minute, après un grand pont sur Halstenberg et malgré un tacle d’Upamecano.
Tant les médias que les réseaux ont saturé d’éloges pour les deux hommes (surtout l’ancien ailier de Francfort, arrivé la veille), mais au milieu de ces compliments à sens unique, le Roude Leiw s’est trouvé un amoureux, un internaute égaré par l’émotion : «J’avais les larmes aux yeux quand Barreiro a marqué son but. Il fait 3-2 et est le meilleur joueur du milieu de terrain de Mayence depuis des semaines. Il le mérite tellement», s’est lâché Christopher Hinzmann sur le Facebook du club.
Enfin un peu de reconnaissance pour un garçon qui avait fêté ses 21 ans trois semaines plus tôt à l’Allianz Arena sur une grosse désillusion contre le champion d’Europe bavarois. Jusque-là, seul Danny Da Costa, justement, avait pensé à lui, dans sa réaction d’après-match : « Leo prend l’axe (NDLR : sur le but) et il le fait très bien. Dire que je ne l’ai connu qu’hier. J’ai découvert un chic type et je suis extrêmement heureux pour lui. Il a livré une performance énergique. »
Tout le Grand-Duché l’est aussi, heureux. Le FC Erpeldange, forcément, a immédiatement mis l’information en ligne, à l’issue de ce qui était déjà le 33 match de Bundesliga du petit récupérateur, qui n’est plus qu’à deux longueurs de Nico Braun, qui en avait disputé 35 en deux saisons (1971-1973) avec Schalke 04. La sélection, elle, se découvre le patron du moment, celui en tout cas qu’on est en droit d’attendre fin mars, pour le début des éliminatoires de l’Euro. Seul joueur à évoluer dans l’un des cinq grands championnats, il est aussi de très loin le plus régulier, puisqu’il ne sort plus du tout du onze de base de Mayence, en ce début d’année, qui lui a offert cinq titularisations de rang. En quatorze apparitions cette année, il a déjà plus joué que lors de toute la saison précédente : 1 058 minutes contre 958 en 2019/2020. Seule une grosse dizaine de joueurs de 21 ans ou moins ont plus été utilisés que lui en Bundesliga cette saison.
Au nez et à la barbe de Sabitzer et Gulasci
Même si Mayence galère, «Leo» a passé un cap et ce but vient le confirmer. Hyperactif dans l’entrejeu (il tape même un sprint vertigineux de 10 mètres à la 11 minute, contre Leipzig, pour empêcher Sorloth, seul dans la surface, d’ouvrir le score), il continue de trouver la force de se porter vers l’avant. Un récupérateur qui se retrouve à couper au premier poteau, pour dévier tout en finesse un centre tendu au nez et à la barbe de Sabitzer et Gulasci, ne peut pas passer inaperçu. Les images de la célébration de son but, qui l’a vu frapper le sol de rage, trois fois de suite, ont d’ailleurs fait la clôture du Sportstudio, l’émission phare de la ZDF.
Forcément, Barreiro commencera à être attendu. Jusqu’à fin février, des matches importants attendent Mayence s’il veut pouvoir s’extirper de la zone rouge. À un déplacement à Stuttgart succéderont les réceptions à faire fructifier de l’Union Berlin et d’Augsbourg, mais aussi deux déplacements bouillants à Leverkusen et Mönchengladbach. Pour un garçon qui commence à bien s’installer à ce niveau, c’est sur ces deux dernières rencontres qu’on commencera à guetter son niveau de performance. Maintenant qu’il a des ailes…
Julien Mollereau