Lâché par ses dirigeants, critiqué pour son jeu terne et pragmatique malgré deux Liga remportées (2018, 2019), l’entraîneur Ernesto Valverde n’a jamais réussi à se faire accepter au FC Barcelone, et a été remercié lundi, remplacé par l’ex-technicien du Betis Séville « Quique » Setien.
La situation ne pouvait plus durer: désavoué par les fans et en interne, Valverde, déjà sur la sellette au creux de l’automne, a payé cher la défaite du Barça en demi-finale de la Supercoupe d’Espagne contre l’Atlético Madrid (3-2) jeudi à Jeddah (Arabie Saoudite), son dernier match passé sur le banc catalan. Le club et le technicien « sont parvenus à un accord pour mettre un terme au contrat qui les unissait », a indiqué le Barça lundi en soirée, en ajoutant dans un communiqué séparé avoir « trouvé un accord » avec Quique Setien « jusqu’au 30 juin 2022 ». Les dirigeants blaugranas, réunis toute l’après-midi ce lundi au Camp Nou pour trancher l’avenir de Valverde, ont décidé de confier les clés de l’équipe à cet ex-milieu de terrain de l’Atlético Madrid (3 sélections en équipe d’Espagne en 1985-1986) qui a notamment entraîné Las Palmas et le Betis Seville. Il signera son contrat mardi et sera présenté à la presse à 13h30 au Camp Nou. Il sera sur le banc dimanche au Camp Nou pour la réception de Grenade, son premier match au Barça.
Avec Setien, le Barça va-t-il enfin se réveiller de cette semaine cauchemardesque? Eliminé en Supercoupe, privé de son attaquant-star Luis Suarez pour quatre mois (opéré du genou droit), le club blaugrana doit maintenant affronter un changement de coach, après la désillusion Valverde. Qu’est-ce qui a mal tourné entre le « Txingurri » (fourmi, en langue basque) et le Barça, pour que le club catalan décide de licencier un entraîneur en pleine saison pour la première fois depuis janvier 2003 et le limogeage de Louis Van Gaal ? « Sa philosophie de jeu et son fonctionnement sont similaires à ceux du Barça », avait pourtant commenté en 2017 le président du Barça, Josep Maria Bartomeu, au sujet de Valverde lors de sa présentation. Les raisons de ce divorce sont multiples. D’abord, Valverde a payé les deux déconvenues majeures en Ligue des champions, les remontadas contre la Roma en quart de finale en 2018, et Liverpool en demi-finale en 2019. Ensuite, son jeu « pragmatique », loin du « tiki-taka » des glorieuses années Guardiola, n’a pas convaincu, et son manque de résultats sur le plan européen (malgré deux Liga remportées en 2018 et 2019) fait tache, à côté des 9 titres sur 13 possibles glanés en trois saisons par son prédecesseur Luis Enrique.
Manque de Chantilly
« Les petits ponts, les feintes et les passements de jambe, c’est un peu la Chantilly du football. Ce n’est pas une finalité, juste des moyens de parvenir à ce qui est pour moi le véritable plaisir de ce jeu: la victoire », expliquait Valverde dans un entretien au magazine So Foot, en 2013. Malgré les bons résultats obtenus cette saison (leader de Liga ex-aequo avec le Real Madrid), un changement devait intervenir pour rendre au plus vite son « ADN » au Barça. Ce sera la mission de « Quique » Setien, disciple de Louis van Gaal et technicien reconnu en Espagne pour son sens du beau jeu, qui a notamment damé le pion à l’Argentin Mauricio Pocchetino pour le poste, décliné par la légende Xavi. « Il existe un fil qui relie Guardiola à Setien », avait confié Marc Bartra, défenseur passé par le Barça et le Bétis, en septembre 2018 au journal El Pais.
« Dans ce Bétis (de Setien), j’ai retrouvé l’entraînement que je suivais avec Guardiola et Luis Enrique », avait-il ajouté. Malgré cet amour réciproque, « Quique » Setien, dernier entraîneur à avoir gagné au Camp Nou (4-3 le 11 novembre 2018 avec le Betis), n’échappera à la nécessité de résultats immédiats, malgré les absences en attaque de Suarez jusqu’à mi-mai (opération du ménisque du genou droit) et d’Ousmane Dembélé jusqu’à fin février (cuisse droite). Cela commencera dès le 25 février, où Setien plongera dans le grand bain avec, en guise de premier match de Ligue des champions, un 8e de finale aller décisif contre Naples, après les désillusions européennes de Valverde… et, déjà, un clasico retour des plus brûlants contre le Real Madrid, le 1er mars.
AFP