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Bakou 2015/Karaté – Warling, du rêve au cauchemar


La karatéka luxembourgeoise, surprise d'entrée par l'Azerbaïdjanaise Gasimova, n'a jamais récupéré de sa défaite. Et termine dernière de sa poule. Cruelle désillusion. (Photo : Julien Garroy)

Alors qu’elle espérait une médaille, Jenny Warling est tombée de haut et n’est pas sortie des poules.

La karatéka luxembourgeoise, surprise d’entrée par l’Azerbaïdjanaise Gasimova, n’a jamais récupéré de sa défaite. Et termine dernière de sa poule. Cruelle désillusion.

C’est ce qui s’appelle tomber dans un piège. Pour les grands débuts du karaté dans une compétition multidisciplinaire, on a décidé d’innover. Terminé le système du ko punch, qui fait que si on perd un match, on est dehors. Et au contraire, bonjour les poules. Les huit meilleures karatékas européennes se sont donc retrouvées, samedi matin, sur les tatamis du Crystal Hall de Bakou, là-même où s’était déroulé en mai 2012, le concours Eurovision de la chanson.

C’est là, en bord de mer, à deux pas de la place du Drapeau-National où flotte l’un des plus grands drapeaux du monde (70 m de long, 35 de large, 350 kilos et juché sur un mat de 162 m de haut), qu’allaient donc s’effectuer les premiers pas «olympiques» du karaté.

Jenny Warling avait dans sa poule l’Azerbaïdjanaise Ilaha Gasimova, la Croate Jelena Kovacevic et la Turque Tuba Yakan. Sur le papier, l’Azerbaïdjanaise était la moins dangereuse des trois adversaires. Malheureusement, ce n’était que sur le papier. En effet, dès les premières secondes, la favorite des supporters locaux va littéralement agresser la Luxembourgeoise, qui encaisse immédiatement un coup de poing.

Menée 0-1, elle va par la suite tenter de se reprendre. Mais les attaques de la protégée de Lukas Grezella ne vont pas trouver grâce aux yeux des juges.

Venus spécialement pour assister à cet événement, les parents de Jenny ainsi que Misch Feidt, son premier entraîneur, assistent, impuissants, au calvaire de la jeune fille de 21 ans : «Ils ne donnent pas de point», se fâche l’emblématique mentor de Tessy Scholtes. «Allez Jenny», hurle Meisi Warling pour encourager sa fille. Menée 0-3 à 30 secondes de la fin et motivée par les «concentre-toi Jenny» de Misch Feidt, la médaillée de bronze aux derniers championnats d’Europe va réclamer un arbitrage vidéo sur une action dont elle et son coach estiment qu’elle mérite un point.

«J’étais vraiment stressée»

Mais après visionnage, c’est un carton «NO» qui est brandi : «Pour moi, j’avais marqué. Je l’ai touchée. Après, peut-être que d’autres critères rentrent en ligne de compte.» Quelques instants plus tard, un dernier poing arrive à destination pour clore la marque, sévère, en faveur de l’Azerbaïdjanaise, victorieuse 0-4. Dans le camp Warling, c’est la consternation. La sidération. Misch Feidt a même du mal à retenir ses larmes.

Visiblement marquée, le regard sombre et le visage fermé, Jenny Warling vient peut-être de se faire voler. Mais elle n’est pas rentrée comme il le fallait dans le match. C’est ce qu’elle reconnaîtra d’ailleurs plus tard, à la fin de sa compétition : «Dans la salle d’échauffement, j’étais très bien. Mais quand je suis entrée dans la salle de compétition, j’étais vraiment stressée. J’étais nerveuse, si bien que je me suis trop précipitée. J’aurais dû davantage attendre.»

Dans une poule à quatre, il était clair que le moindre faux-pas se paierait cash. Et c’est malheureusement ce qui s’est passé. Au deuxième combat, face à la Croate, la Luxembourgeoise est encore menée. Mais elle trouve les ressources pour égaliser à 20 secondes de la fin et décrocher son premier point face à une adversaire qui avait déjà fait match nul contre la Turque.

Après les deux premiers combats, la situation est claire : l’Azerbaïdjanaise est qualifiée avec 4 points, la Croate en a 2, alors que Jenny et la Turque en ont 1. Jenny Warling n’a, dès lors, plus son sort entre ses poings. Et malheureusement, l’Azerbaïdjanaise, déjà qualifiée, va se faire battre par la Croate, qui assure du coup sa place dans le dernier carré. La dernière apparition de Jenny Warling compte pour du beurre : «Le combat contre la Turque (NDLR : perdu 0-5) était inintéressant. Mentalement, ce n’était pas évident à gérer sachant que c’était fini.»

Jenny Warling, qui termine dernière de sa poule, veut tout de même rester positive : «Bien sûr que, sur le moment, je suis triste et déçue. Mais je me dis que c’était déjà super d’être ici. C’est quelque chose d’exceptionnel, pour moi, de me retrouver avec les meilleures Européennes. Et évidemment que ça donne envie de voir le karaté devenir olympique.»

La combattante luxembourgeoise, qui avait fait d’Emily Thouy la favorite, ne s’y est pas trompée : la Française va punir l’Azerbaïdjanaise (6-1), finalement troisième, en demi-finale, avant de maîtriser son sujet en finale, contre la Croate (2-1). Jenny Warling, quant à elle, a désormais le regard tourné vers l’avenir. Elle et son coach se sont fixé un grand rendez-vous : «Les championnats du monde de Linz, fin octobre. Elle aura 22 ans, presque 23 et c’est là qu’elle devra être au top.»

De notre envoyé spécial à Bakou Romain Haas

Son parcours

Warling – Gasimova (Aze) 0-4

Warling – Kovasevic (Cro) 1-1

Warling – Tuban (Tur) 0-5

Classement à l’issue des poules : 1. Gasimova; 2. Kovacevic; 3. Tuban; 4. Warling.

Podium : 1. Emily Thouy (Fra); 2. Jelena Kovacevic (Cro); 3. Ilaha Gasimova (Aze)…