REPRISE EN BGL LIGUE (J-7) La Jeunesse n’est plus montée sur un podium de BGL Ligue depuis 2013. Jeff Strasser, coach à succès, débarque pour lui rendre du lustre et de la substance.
La Jeunesse Esch a confié les clefs du camion à un homme qui sait «driver» une équipe, mais aussi mettre en forme les petits à-côtés qui permettent d’optimiser les performances et de s’inscrire sur la durée. Et au moment de s’élancer à la tête du club le plus titré du pays, Jeff Strasser en a, des choses à dire.
C’est le début d’un très, très long travail pour ce club en perte de vitesse ces dernières années?
Jeff Strasser : Moi, j’ai été engagé comme coach et pour que l’équipe obtienne des résultats sportifs. Après, oui, il y a beaucoup de choses à mettre en place. Mais j’aimerais qu’on juge tout d’abord le boulot sur les résultats, même si effectivement, il y a un gros travail structurel et organisationnel à mener. Et il faut le faire pour optimiser la performance.
Mais chacun a sa façon de bosser, d’un club à l’autre. Alors prenons le temps de faire connaissance, de ne pas brusquer les choses. Tout, d’ailleurs, n’est pas à changer. Seulement certaines choses. Mais attendons d’avoir joué trois ou quatre matches avant de tirer des premiers bilans.
Vous avez été engagé tardivement. Vous qui aimez faire les choses bien, cela a-t-il perturbé votre préparation?
Cela fait cinq semaines qu’on a repris avec un effectif, donc je dois analyser très rapidement. On a dû réaliser des transferts en peu de temps, faire la planification… Pas facile parce que cela se prépare longtemps à l’avance. Cela aurait été mieux si on avait pu faire tout ça plus tôt et avoir l’équipe au complet plus en amont. On a encore fait un renfort hier (NDLR : jeudi) avec Amancio Fortes. Cela fait beaucoup de nouveaux à intégrer, mais j’ai quand même vu des choses intéressantes en préparation.
Avez-vous conscience que pour beaucoup de gens, la plus grosse recrue de la Jeunesse cet été, c’est vous?
Qui dit ça? Moi, ça ne m’intéresse pas parce que quand on ne fait pas l’effort de rechercher des informations sur nos recrues, on ne peut dire que des choses injustifiées. Non, les gens ne connaissent pas nos recrues, mais il faudrait se donner la peine de fouiller, de voir leur niveau, leurs performances, là d’où ils viennent. Les gens font ce qu’ils veulent, mais j’estime que ce sont des jugements hâtifs.
Cela n’exclut pas un dernier renfort en provenance de Grèce
Les gens estiment surtout que ce dont la Jeunesse avait le plus besoin, c’était d’un coach capable d’avoir une vue d’ensemble et capable de créer un mouvement permettant de remettre tout le club en marche.
Alors à moi de prouver que je suis le bon bonhomme. Mais il reste beaucoup à faire.
On a l’impression que vous avez pris pas mal de gabarits dans votre recrutement.
Simplement parce que le constat qu’on a fait, c’est que nous n’avions qu’un seul défenseur central. Alors forcément, quand c’est ce qu’on recherche, on ne tombe pas sur des garçons qui mesurent 1,20 m. Mais on en a aussi certains qui sont là pour amener de la technique, de la vitesse. Je n’ai pas donné de directives spécifiques pour recruter des costauds. On aurait pu aussi en prendre d’autres. Et puis il fallait voir le prix aussi.
Maintenant ce qui est embêtant, et ce n’est pas une critique, mais un constat, c’est qu’on a raté un marché très important, qui se concluait dix jours seulement après ma signature : le marché national. C’est quelque chose que tu prévois six mois en amont, ton marché de premières licences. Là, c’est un peu gênant.
Vous avez perdu vos Grecs aussi. Le plus gênant étant le départ de ce métronome qu’était Xenitidis…
La direction grecque m’a indiqué qu’ils ne voulaient pas rester. C’est qu’il y a eu un changement dans le championnat grec, qui permet aux U23 et réserves des clubs pros de jouer désormais à un niveau plus élevé, plus attractif sportivement que peut l’être la BGL Ligue, puisqu’ils peuvent désormais postuler à la D2. Cela change la donne. Cela n’exclut pas un dernier renfort en provenance de Grèce.
La question vous a déjà été posée à la signature, mais maintenant que la reprise approche : coacher la Jeunesse alors qu’on a longtemps dirigé le Fola, il y a des chances que cela vous fasse drôle?
Je me suis déjà exprimé là-dessus, oui, et je préfère parler du présent et du futur. C’est surtout vous, les journalistes, qui en parlez. Ce qui a été réalisé avec le Fola, tout autant que dans ma carrière de joueur, appartient au passé. Aujourd’hui, quand je vois les relations que j’ai avec les supporters de la Jeunesse, il n’y a que du positif. Et je garde de très bons rapports avec les gens du Fola. Alors oui, il y aura peut-être plus de sentiments le jour du derby, et certains inconditionnels ont peut-être du mal à accepter qu’on puisse aller de A à B ou de B à A, mais bon, ça ne m’intéresse pas trop.
Entretien avec Julien Mollereau