Le club le plus titré du pays est aujourd’hui unanimement désigné par les suiveurs de DN comme un relégable en puissance. Ce serait un cataclysme invraisemblable.
«Désolé, le comité a décidé que nous ne donnerions pas d’interviews pour le moment. Je vais essayer de me renseigner et je reviens vers vous.» Le malheureux Marcus Weiss, entraîneur de 34 ans recruté cet été contre toute attente du côté de Mertert/Wasserbillig avec un CV qui tranche furieusement avec ses prédécesseurs au poste (dans le désordre Carlo Weis, Sébastien Grandjean, Noël Tosi, Marc Thomé, Dan Theis, Nicolas Huysman…) accepte quand même d’aller au casse-pipe.
Au moins pour la forme puisque non, il n’aura pas le droit de donner cette interview d’avant-saison, sorte de passage obligé avant chaque reprise, histoire de faire un bilan humain avant de s’élancer. Enfin, pas le droit… C’est ce que l’on spécule : nous n’avons plus eu de nouvelles.
La Jeunesse Esch se referme sur elle-même. C’est paradoxal puisque le 18 juillet dernier, Jean Cazzaro, après plus de 15 ans de règne, cédait la main à un investisseur étranger, le Grec Manthos Poulinakis. C’était il y a un mois pile et les maigres espoirs nés de cette passation de pouvoirs pour le moins surréaliste, se sont heurtés à une terrible réalité : tout semble s’effriter de toute part.
Réalité économique de crise
Les Grecs n’ont pas encore amené les renforts professionnels annoncés et des bruits de couloirs disent qu’ils ont toutes les peines du monde à convaincre des joueurs de venir à la Frontière. C’est pourtant urgent. Les résultats (parfois très trompeurs) et surtout la manière dans les matches amicaux laissent craindre le pire.
Il faut dire que quelques semaines auparavant, alors que la perspective de vendre n’existait même pas encore, Jean Cazzaro avait sifflé la fin de la récréation et le retour à une réalité économique de crise. Départs à tour de bras des piliers du vestiaire, non-reconduction de l’entraîneur Noël Tosi, remerciement du directeur sportif Pascal Molinari (de toute façon pas enclin à rester). Mais la Jeunesse s’est même collé elle-même une «affaire» au train en éjectant Arsène Menèssou de son groupe de manière un peu tordue.
Dans le sens des arrivées, recrutements a minima de jeunes joueurs forcément sans expérience, écrémage quantitatif d’un groupe désormais articulé autour des seuls anciens de la formation locale, les Deidda, Soares ou autre Todorovic… On n’a pas le droit de critiquer plus que ça la redéfinition de fond en comble de la politique sportive de ce club recordman des titres de champion (28). Mais on a le droit de s’inquiéter de ses effets.
Un effectif insuffisant
«La Jeunesse actuelle ne joue pas le maintien : elle sera d’office dans la charrette», avait lâché un coach il y a un petit mois, en pleine période de préparation. On parle bien de cette vénérable institution qui fête cette année ses 70 ans de présence ininterrompue parmi l’élite du pays, un cas bien évidemment unique ?
La question, plus que «y a-t-il un vrai risque de voir la Jeunesse descendre en PH en 2021», serait plutôt «qu’est-ce qui pourrait nous faire croire que la Jeunesse ne court pas ce risque ?». Malheureusement, il n’existe pas beaucoup d’indices réconfortants. La colonne vertébrale de cette équipe est réduite à sa plus simple expression et la Vieille Dame n’a même pas l’avantage de disposer, à défaut, d’un effectif pléthorique.
Voyez plutôt : Marcus Weiss jouit aujourd’hui d’un effectif annoncé de… 21 joueurs dont trois gardiens. C’est nettement insuffisant. Et au vu de la course à l’armement qui a agité l’ensemble de la DN durant le confinement et ces longues semaines de préparation durant laquelle la Jeunesse a été la seule à rester muette, il faut se rendre à l’évidence, le danger n’est pas énorme, il est gigantesque.
Neuvième en 2007 mais avec 14 points d’avance sur le premier relégable, huitième en 2011 avec 11 points d’avance sur la zone rouge, huitième en 2020 avec 4 points d’avance sur Rodange au moment où le Covid l’a peut-être sauvée, la Jeunesse a le droit de trembler. Elle a tout fait pour se retrouver dans cette situation désespérante. Et désespérée ? Et même des renforts de dernière minute n’y changeraient pas grand-chose.
Julien Mollereau
Gardiens : Lucas Fox (Lux/20 ans), Leonardo Lucas (Lux/16 ans), Jailson Moreira (CV/36 ans).
Défenseurs : David Mendes (Lux/19 ans), Rick Brito (Lux/19 ans), Clayton Moreira de Sousa (Lux/32 ans), Alessandro Fiorani (Lux/31 ans), Emmanuel Lapierre (Fra/27 ans), Dylan Meireles (Lux/22 ans), Joao Ribeiro (Lux/18 ans).
Milieux : Milos Todorovic (Lux/25 ans), Dennis Besch (Lux/21 ans), David Soares (Lux/25 ans), Andrea Deidda (Lux/26 ans), Alexis Boury (Fra/18 ans), Dany De Sousa (Lux/27 ans), Cédric Soares (Lux/24 ans), Aldin Dervisevic (Lux/31 ans).
Attaquants : Almir Klica (Mtn/21 ans), Gary Bernard (Lux/19 ans), Frederick Kyereh (All/26 ans).
Arrivées : Marcus Weiss (entraîneur), Aldin Dervisevic (Hostert), Jailson Moreira et Gary Bernard (Canach), Dylan Meireles (RFCU), Dennis Besch (Mertert/Wasserbillig).
Départs : Vincent Peugnet (FC Metz/Fra), Kevin Sommer (Progrès), Luca Ivesic (Rumelange), Mehmet Arslan (Marseille Consolat), Johannes Steinbach (Rosport), Luca Duriatti (Pétange), Halin Meddour, Mickaël Faty, Arsène Menessou, Martin Boakye, Valentin Kouamé et Yannick Makota (destination inconnue).