Le Fola a tourné la page Jeff Strasser. Et après huit années de qualifications européennes, Sébastien Grandjean aspire au même résultat en transcendant la manière.
Il faut remonter à mai 2012 pour trouver trace d’un Fola Esch qui ne termine pas au moins sur le podium de la BGL Ligue. La force de l’habitude l’aidera-t-il à surmonter cet afflux sans précédent de postulants à l’Europe et à rester européen une année de plus ? Non seulement son nouveau coach, Sébastien Grandjean, le croit, mais il aspire en plus à développer un jeu encore plus attrayant. Explications.
Le Fola a-t-il un titre à défendre cette saison ?
Ben… non. Les dirigeants et les joueurs sont contents de cette première place, de jouer la Coupe d’Europe, mais personne n’a fait la fête, personne n’a reçu de médaille ou de trophée, il n’y a pas eu de réception, rien !
Pour autant, cela fait huit ans d’affilée que ce club joue l’Europe. Dans ce nouveau contexte ultra-concurrentiel, est-ce une garantie ?
Il y a une tradition à poursuivre, oui. Mais c’est un nouveau championnat dans un format inédit, avec deux montants qui ont les dents longues, pour ne pas dire extrêmement longues. Ce qui est rare. Avec, en plus, des clubs comme le RFCU et le Titus qui veulent s’installer, on en arriverait presque à huit clubs qui veulent être européens. Mais il n’y a que quatre places dans le top 4. Il y aura des déçus et une très grosse bagarre pour les places 2, 3 et 4. Moins pour la première à mon avis. Alors l’expérience du Fola, ce ne sera pas un avantage en termes de points, mais plutôt dans l’organisation et la sérénité. Cela amène toujours un plus quand il faut gérer les moments de tension au milieu d’une saison et il y a toujours un moment de tension.
Après avoir longtemps vécu sur le rendement de Samir Hadji en pointe, le Fola avait trouvé en Moussa Seydi un substitut plus qu’acceptable. Le voilà parti. Jules Diallo peut-il prendre immédiatement le relais ?
C’est évident qu’il nous faudra une bonne attaque pour atteindre nos objectifs et la nôtre, aujourd’hui, est plus variée avec des profils différents et très complémentaires. On gère déjà Stefano (Bensi) pour qu’il nous fasse la saison la plus complète possible, sans blessure. Je sens aussi un Gauthier Caron très serein dans sa tête et confiant comme il l’a rarement été. Pour revenir à Diallo, il est talentueux et très motivé. Hadji est en train de passer un cap. Et si Correia à être réceptif comme ça, il pourrait être une vraie révélation. Bref, on a du monde.
Ce qui a beaucoup fait la force du Fola, ces dernières saisons, c’est aussi son bloc défensif.
Jeff Strasser et moi, on a des personnalités très différentes et chacun de nous a sa philosophie. Mais j’ai toujours prôné un jeu ambitieux et la créativité. J’aime attaquer alors ça a été mon message aux joueurs : restons dans la continuité parce que ces dernières années, ça a très bien travaillé et on a inculqué à ces garçons de superbes valeurs. Je suis admiratif. Mais on va positionner le bloc équipe plus haut et installer le pressing aussi un peu plus haut. Cela forcera les joueurs à une remise en cause. Et on verra où cela nous mènera. J’espère des résultats équivalents. Mais en tout cas, il y a la qualité pour jouer différemment. On le fera avec humilité, mais il y a un vrai changement en route.
Le Fola, malgré l’excellence de ses résultats et parfois aussi de la manière, n’a jamais pu attirer plus de public. Maintenant que la tribune a été rafraîchie, vous avez de l’espoir ?
Déjà, en proposant un football positif et tourné vers l’avant, cela pourrait aider. Et en continuant ce projet du club visant à installer des joueurs formés dans l’école de foot. Ils sont une dizaine à l’heure actuelle, cela donne une vraie identité à cette équipe. Et quand il y a une identité, généralement, le public vient. Même si je n’aime pas ce mot, ce n’est pas une équipe de mercenaires.
Et vous, qui revenez vraiment aux affaires après deux courts dépannages à la Jeunesse, en souvenir du bon vieux temps, que jouez-vous ?
Moi ? Mais rien du tout. J’ai un boulot, je ne joue pas ma carrière, ni rien. Je me suis arrêté d’entraîner trois ans pour des raisons qui me sont propres, mais ce challenge m’a rendu la flamme. En fait, je suis motivé comme je l’ai rarement été. On va bien voir si je relève le défi correctement.
Vous commencez par un derby qui risque d’être violent émotionnellement, surtout s’il se confirme que la Jeunesse a du mal à rentrer dans son sujet cet été.
(Il rit) J’étais sûr qu’on commencerait directement par un derby avant même que le calendrier ne paraisse. Mais je ne sais pas où en est la Jeunesse : l’Europe me bouffe tout mon temps. Mais un derby reste un derby et même si on sera favoris, je n’oublie pas que nous étions venus nous imposer 2-5 au Galgenberg avec la Jeunesse, en fin de saison 2018/2019. La fierté peut transcender des joueurs, alors méfiance.
Entretien avec Julien Mollereau