Dakar 2015 – La traditionnelle grand-messe annuelle du rallye-raid vient à peine de s’élancer. Et comme c’est devenu une mauvaise habitude, les pilotes grand-ducaux brillent par leur absence.
Cette photo de Carlo Arendt, en piste à l’occasion du Dakar de l’an 2000, appartient désormais au passé. (Photos : DR)
Chaque année, des pilotes venus du monde entier participent à l’un des plus grands rendez-vous du calendrier automobile international : le Dakar. Des Américains, des Japonais, des Qatariens, des Français bien sûr mais aussi des Espagnols, des Allemands, des Italiens… mais pas de Luxembourgeois.
C’est simple, de mémoire de suiveur du Dakar, on ne note que deux participations à ce qui était à l’époque «une aventure». C’était en l’an 2000, avec les participations de Chrëscht Beneké et de Carlo Arendt. Deux passionnés de moto qui sont les seuls officiellement à avoir participé au Dakar : « Mais je crois qu’il y a également eu deux pilotes en auto qui ont réuni le budget, ont participé et ont même terminé. Mais qui n’ont pas fait de pub autour de cela », confie Carlo Arendt, qui avait dû malheureusement abandonner : « À trois ou quatre jours de l’arrivée, je me sentais très bien, peut-être un peu trop. J’étais très rapide et classé dans les vingt premiers de l’étape quand j’ai chuté. J’ai fait un joli plongeon, heureusement la nuque n’était pas touchée mais c’est le plateau tibial de haut en bas qui a pris. Pour moi, le Dakar était fini et ont suivi trois mois en chaise roulante », confie celui qui s’occupe désormais de New spirit mais qui n’a jamais cessé de naviguer dans le sport automobile : « Après ma convalescence, j’ai suivi une formation pour devenir copilote. J’ai participé au Rallye Optic 2000 la même année que Johnny avec René Metge. Et j’ai d’ailleurs une photo de Johnny et moi en train de trinquer avec un gobelet en plastique. Mais je me suis fait tellement peur à droite que j’ai racheté une voiture, une Toyota qui n’avait que 9 000 km à un pote qui avait fait le Dakar avec. Je l’ai envoyée avec Cargolux aux Émirats arabes unis pour participer à l’UAE Desert Challenge. » Par la suite, il participera à pas mal d’autres épreuves et sponsorisera même David Rincon, un Espagnol qui travaille au Luxembourg et qui décrira le nouveau Dakar comme : « Impitoyable. »
> Des raisons culturelles, sportives et financières
Chrëscht Beneké, aujourd’hui journaliste à La Revue, a été le seul à voir l’arrivée, à la 80e place. Et c’est avec un double regard d’ex-motard et d’analyste qu’il explique l’absence de pilotes luxembourgeois au Dakar. Des raisons qui sont à la fois culturelles, sportives et financières.
Culturelles, parce que ce n’est pas dans les gènes des Luxembourgeois : « Au Luxembourg, il n’y a presque pas d’endroit pour faire du tout-terrain. Pour la moto, une très bonne école est l’enduro mais ils sont très peu à en pratiquer au Grand-Duché », constate Beneké. « À l’époque, les gens se déplaçaient à Ettelbruck pour aller voir des championnats du monde. Mais cela fait trente ans qu’il n’y a plus rien », regrette quant à lui Carlo Arendt.
Sportives, car on ne s’improvise pas non plus pilote du jour au lendemain. Même si on en a les moyens : « L’argent n’est pas tout. Il faut des ressources humaines, il faut s’y connaître en mécanique et savoir se débrouiller. Ce n’est pas en faisant deux stages qu’on apprend cela », précise encore Chrëscht Beneké. Financières, bien sûr : « À l’époque, il fallait 30 000 à 40 000 euros pour participer à moto et 100 000 en voiture. Maintenant, les budgets ont doublé. » Et la chasse au sponsor est déjà un sport en soit : « Il faut compter 12 mois pour rassembler l’argent. À l’époque, on avait fait pas mal de publicité, nos motos étaient présentes à l’Euro Racing Show, on était à RTL », se remémore encore Carlo Arendt.
Et les éventuels partenaires se font logiquement tirer l’oreille : « Les sponsors préfèrent vous voir au Luxembourg plutôt qu’à l’autre bout du monde. C’est incompréhensible mais ils préfèrent que vous soyez champion de votre quartier plutôt que vous participiez à des grandes épreuves internationales qui n’ont que peu de visibilité dans le pays », lance encore Chrëscht Beneké.
Autant de raisons qui expliquent qu’à l’heure actuelle, le duo Arendt-Beneké n’a pas de successeur. À moins qu’Arellano…
De notre journaliste Romain Haas