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Aurélien Joachim, serial-buteur?


Alors qu'il vient d'inscrire son 13e but but en sélection, la Nations League pourrait porter Joachim pas loin des 20... (Photo : Luis Mongorrhina)

Aurélien Joachim,  buteur contre la Géorgie, espère avoir tourné la page d’une saison galère, une de plus. Et se payer une fin d’année 2018 en or.

On parlera sûrement encore d’Aurélien Joachim dans une cinquantaine d’années. Les enfants d’aujourd’hui défendront leur héros contre ceux qui, comme maintenant, tentent de minimiser la portée des statistiques des anciens. Lorsque nous écrivions, en novembre 2015, que Joachim n’était plus qu’à deux unités de devenir le recordman de buts en sélection alors qu’il n’en était qu’à sept, il y eut en effet une levée de boucliers de certains anciens. Qui expédièrent des lettres ou téléphonèrent ou attendirent de croiser qui de droit pour affirmer, avec autorité que, selon eux, il manquait quand même à Joachim l’équivalent de neuf pions pour rejoindre Léon Mart et ses 16 buts! Selon les critères de leur époque, c’est vrai. Dans ce siècle, c’est faux, puisque, aujourd’hui, Joachim ne ferraille pas avec des sélections B, lui. Et que si l’on prend en compte uniquement les matches «A», alors l’ancien Differdangeois et Dudelangeois est déjà quatre unités au-dessus de Léon Mart et Gusty Kemp.

Au rythme où vont les choses, pour Joachim, il sera peut-être même question de passer la barre des 20 buts et de réconcilier les anciens avec leur comptabilité bien à eux… d’ici à la fin de l’année. Si l’on évoque la vingtaine de pions pour leur avant-centre avant la fin 2018, ce sera en outre une très bonne nouvelle pour la sélection : cela voudra dire, qualification ou pas, qu’elle n’était pas loin de la vérité sur sa campagne de Nations League.

Cela pourrait aussi signifier, d’ailleurs, que Joachim a effectué un choix de club pertinent pour sa fin de carrière professionnelle et qu’il en profite à plein. Au sortir du Lierse, libre comme l’air, l’attaquant de pointe aurait, selon son entourage, l’embarras du choix. Trois clubs de D2 belge (et de l’intérêt de deux écuries de D1), un de Chypre, deux d’Afrique du Sud et même un de… Corée du Sud, qui tient à rester extrêmement discret. C’est une base de travail intéressante pour un garçon de 31 ans qui aimerait un dernier contrat longue durée et un projet enfin viable, qui ne le conduise pas dans une impasse sportive ou vers une faillite, comme cela a systématiquement été le cas à chaque étape de sa carrière jusque-là.

Deux fois plus de buts que Roby Langers

Physiquement, Joachim a encore cette marge. Il l’a prouvé contre la Géorgie. Après 90 minutes de galère contre le Sénégal, dans une équipe qui n’a fait que balancer et le laisser seul en pointe alors qu’il ne joue plus vraiment depuis trois mois, il a enchaîné une heure très compliquée face aux Géorgiens avant de faire parler sa puissance et son sens du but. Survivre à ça et même s’en sortir par le haut est une preuve cinglante pour tous les observateurs qui connaissent les conditions dans lesquelles l’avant-centre a dû s’entraîner tout le début d’année. Et alors que d’aucun jugent sûrement à raison que Joachim prendrait bien plus ses aises avec les Roud Léiwen en 9 ½, dans le rôle actuellement dévolu à… Dave Turpel, on jurerait que le meilleur peut encore se trouver devant lui. Et en club et en sélection.

Dans cinquante ans donc, quand Aurélien Joachim sera à la retraite depuis belle lurette, il n’est pas exclu qu’un de ses successeurs sous le maillot luxembourgeois fasse mieux, au niveau des statistiques. Il conviendra alors, si l’on veut comparer, de juger dans quelles circonstances.

Certains penseurs-décisionnaires qui pourraient bien, à terme, flinguer le football qu’on aime, celui qui mélange sans distinction de taille et de mérites les petites nations et les plus grandes, aimeraient sûrement généraliser les compétitions du type de la Nations League qui nous est promise d’ici trois mois (et qui pourrait faire du bien aux chiffres de Joachim). Les grands avec les grands, les petits avec les petits. C’est avoir l’assurance de voir émerger des buteurs luxembourgeois un jour plus prolifiques que Joachim. Seront-ils plus forts ? C’est loin d’être sûr. Joachim, c’est deux fois plus de buts que Roby Langers en autant de sélections. C’est des buts contre la Grèce, la Bulgarie, la Russie et, même s’il ne compte pas officiellement, la Belgique. C’est un vrai niveau international et un garçon qui l’a, le niveau. Il en est à treize. Et dans six mois?

Julien Mollereau