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[Athlétisme] Mathias, une dernière ligne droite de feu!


Charline Mathias donne tout ce qu’elle a pour passer sur le fil l’Italienne Coiro et s’offrir une troisième place, synonyme de demi-finale.  (Photo : lukasz szelag)

À la faveur d’un superbe effort dans les 100 derniers mètres, Charline Mathias a validé son billet pour les demi-finales du 800 m, qui se tiennent ce matin.

Son poing rageur lancé vers le ciel romain, hier sur le coup de midi, en dit long sur sa satisfaction : Charline Mathias est en demi-finale des championnats d’Europe. Une superbe performance que la spécialiste du 800 m doit à une dernière ligne droite magnifique. Encore en retard à l’entame des cent derniers mètres, elle produit un effort de toute beauté. On la verra tirer fort sur les bras et grignoter petit à petit son retard sur ses adversaires et notamment l’Italienne Eloisa Coiro, qu’elle viendra sauter juste avant la ligne. Troisième en 2’02″65, les trois premières étant qualifiées sans se soucier des quatre qui passent au temps : mission accomplie!

Pour Charline Mathias, on peut presque parler d’une énième résurrection. En effet, il s’en est passé des années de galère depuis que la jeune fille talentueuse décrochait son billet pour les JO de Rio en 2016 ou frôlait les deux minutes à l’occasion de son record national en 2018 (2’00″35). Malheureusement, on ne compte plus les pépins de santé qui se sont abattus sur les épaules de la protégée de Camille Schmit. Les années blanches à cause de blessures. Mais depuis un an, on dirait que le corps de la jeune femme désormais âgée de 32 ans la laisse enfin tranquille. Il y a un an, aux Jeux européens en Pologne, elle expliquait que son principal objectif était «d’enchaîner les courses». Histoire de réapprendre à son corps à enchaîner les efforts. Le préparer à être performant.

Car elle sait que quand c’est le cas, la performance vient d’elle-même. Et on a pu le constater lors d’une saison hivernale qu’elle a conclue avec un sublime record national explosé de deux secondes à l’occasion des championnats nationaux. Et quand, à ce moment, elle explique que son objectif, c’est Paris, il y a forcément des sceptiques…

Seulement, dès ses premières sorties estivales, notamment une en 2’00″96, le 11 mai à Karlsruhe, son deuxième meilleur chrono en carrière, elle prouve qu’elle est sur la même lancée qu’à la fin de l’hiver. Elle multiplie les courses en moins de 2’02″ et grimpe progressivement au ranking. Ce qui lui permet d’envisager sereinement une qualification pour les championnats d’Europe. Et même s’il a fallu attendre le tout dernier classement pour qu’elle en soit assurée, Charline Mathias avait bien gagné sa place à Rome, six ans après avoir atteint les demi-finales continentales, du côté de Berlin.

«J’y ai cru jusqu’à la fin»

Pour réussir à nouveau le même résultat, à savoir s’inviter parmi les 16 meilleures Européennes, elle savait qu’elle devait prendre l’une des trois premières places de sa série. Sachant que, sur le papier, une semblait réservée à la Britannique Keely Hodgkinson, qui n’est autre que la meilleure performeuse mondiale de la saison et la tenante du titre. Comme prévu, la Britannique, également vice-championne du monde, s’est imposée à l’issue d’une course qu’elle a menée à sa guise, accélérant quand elle le souhaitait pour l’emporter tranquillement en 2’02″46.

Derrière, elles étaient trois pour quatre places. Dont Charline Mathias. Très satisfaite de la tournure des événements : «Je suis vraiment très contente d’être parmi les trois qualifiées. On était dans la série la plus lente, très tactique. Et dans les 250 derniers mètres, ça envoyait vraiment.» Et de raconter sa dernière ligne droite : «Aux 600 m, j’ai effectivement un peu de distance à rattraper sur mes adversaires. Mais j’y ai cru jusqu’à la fin. J’étais prête pour n’importe quel type de course. Comme j’ai été constante dans mes chronos, je sais que je suis en forme. Le plus important, c’était de ne pas être trop à la traîne et d’être prête une fois que ça partait.»

Dès ce matin, à 10 h, soit moins de 24 heures après les séries, elle sera donc engagée dans les demi-finales : «Ce n’est pas l’idéal. Je ne comprends pas pourquoi les demies sont si tôt. Mais c’est la même chose pour tout le monde. Je vais aborder la course comme les séries. Aujourd’hui, c’était une étape. Demain, c’en sera une autre.» Pour passer en finale, il faudra soit prendre l’une des trois premières places, soit réaliser l’un des deux meilleurs chronos.

800 m (2e série) : 1. Keely Hodgkinson (Gbr) 2’02″46 (Q); 2. Anaïs Bourgoin (Fra) 2’02″55 (Q); 3. Charline Mathias (LUX) 2’02« 65 (Q); 4. Eloisa Coiro (Ita) 2’02″86…

Ce matin : demi-finale