RESTART MEETING, CE WEEK-END À DIEKIRCH Après deux années minées par les blessures, Charline Mathias est enfin de retour. Il lui reste six semaines pour aller chercher une qualif olympique.
Cela fait des mois que Charline Mathias n’était plus réapparue sur une piste d’athlétisme. Et pour cause : «En 2019, pendant ma préparation estivale, j’avais beaucoup de douleurs. J’ai quand même participé aux JPEE au Monténégro ainsi qu’aux Interclubs. Mais par la suite, on m’a diagnostiqué une fracture de fatigue sévère au niveau du sacrum.» En clair, ses jambes et son dos ne pouvaient plus supporter la moindre pression.
S’en suit une longue période d’inactivité. Un véritable calvaire : «Je ne devais pas faire de sport du tout pendant quatre mois. Et pendant deux ou trois mois, la consigne était de marcher le moins possible. De rester allongée le plus longtemps possible.» Pas de possibilité, non plus, pour elle, de pratiquer des disciplines alternatives comme aller à la piscine par exemple.
Elle ne recommencera à courir qu’en novembre 2019. Sagement, elle décide de ne pas faire de saison hivernale pour tout miser sur l’été avec, en point d’orgue, les JO de Tokyo. En février 2020, elle part faire un stage en Afrique du Sud. Si globalement, tout se passe bien là-bas («Je recommençais à faire de bonnes séances. À avoir de bonnes sensations»), elle commence à se ressentir d’une tendinite. Elle ne s’inquiète pas plus que cela : «Je me suis dit que j’allais pouvoir la soigner comme cela.» Malheureusement, dès qu’elle a recommencé à chausser les pointes, c’est allé de mal en pis : «J’avais même des problèmes pour simplement poser le talon. En plus c’est intervenu en plein pendant le corona, si bien que le suivi médical a été compliqué.» Charline Mathias et son équipe essaieront plusieurs traitements, sans succès. Et ce n’est qu’à la fin de l’été 2020 qu’ils vont en trouver un qui fonctionne. Il faudra encore laisser passer plusieurs mois avant que ses pépins au pied soient derrière elle.
La bonne nouvelle, c’est que, contrairement à ce qui s’était passé avec sa fracture de fatigue au sacrum, elle avait le droit, cette fois, à des disciplines alternatives : «J’ai pu aller à la piscine quand elle a rouvert. Faire de la musculation.» Une période toutefois pas facile : «C’était très prenant tant physiquement que psychologiquement.»
En fait, tout est question de dosage : «Il faut savoir faire la balance entre les douleurs du quotidien et celles qu’on ne peut pas éviter ni ignorer.»
Mais Charline Mathias est une battante. La jeune femme ne lâche rien. Après avoir recommencé à courir, elle songe, un temps, à faire une saison hivernale. Mais au vu de la situation et de la rareté des compétitions, elle a décidé de privilégier l’outdoor. C’est ainsi que dimanche dernier, elle s’est alignée sur le 400 m mixte du meeting de Dudelange : «Avec mon entraîneur (NDLR : Camille Schmit) on a choisi de participer à un 400 m. D’une part, cela me mettait moins de pression par rapport à un 800 m. Et d’autre part, cela nous permettait d’avoir un point de repère pour la suite.» Elle termine première féminine de cette course, avec un chrono de 56”02. «J’étais curieuse d’avoir à nouveau ces sensations de nervosité avant une course. On s’attendait à 55” haut ou 56” bas, j’étais exactement dans les temps. Rien que cela, c’est déjà très positif.»
Sur 800 m en Italie, dès mercredi
Un premier test réussi. Puis un deuxième à venir, cette fois à Diekirch, à l’occasion du Restart meeting, ce dimanche, toujours sur 400 m : «L’idée est toujours d’aller plus vite que la fois précédente.»
Ensuite, on va rapidement aborder les choses sérieuses avec une première sortie sur sa distance de prédilection, le 800 m, mercredi en Italie : «Pour le moment, ça se passe bien à l’entraînement. Le principal, c’est de retrouver du plaisir et des sensations. Je ne veux pas me fixer un objectif précis. J’espère faire un chrono acceptable.»
Mais elle espère surtout être capable de montrer rapidement en puissance. En effet, la compétitrice qu’elle est ne perd pas de vue son gros objectif : Tokyo! «Bien sûr que j’y pense. Je sors de deux années très difficiles et les objectifs, même s’ils sont élevés, ça t’aide à avancer. C’est ça qui te motive.»
Pour vivre l’ivresse olympique une nouvelle fois après Rio, elle a deux possibilités : soit courir en 1’59”50 (son record est de 2’00”35), soit de se qualifier au World Ranking. Dans ces conditions, les cinq meilleures courses sont prises en compte et sont davantage valorisées suivant le niveau de l’épreuve. Le grand défi pour elle, est désormais de s’aligner au départ de compétitions : «C’est très compliqué. D’une part, toutes les réunions n’ont pas toujours lieu. Si elles se tiennent, c’est avec un nombre d’épreuves et de participants restreint. En plus, mon meilleur chrono remonte à trois ans, ce qui n’est pas non plus à mon avantage», résume-t-elle. On l’aura compris, le but, mercredi, est de faire son retour sur la scène internationale avec un bon chrono. Qui lui permettrait de s’ouvrir la porte d’un maximum de compétitions. Pour rappel, la période de qualification s’arrête le 29 juin.
Évidemment, la tâche s’annonce immense. Mais Charline Mathias y croit : «Pour moi, c’est une saison où j’ai tout à gagner. Le report des Jeux, ça a été une chance pour moi car je n’aurais pas pu y participer l’année dernière. Maintenant, j’ai une deuxième chance. Je mets tout en place pour avoir une chance d’aller à Tokyo. Si j’ai une bonne préparation et le bon état d’esprit, il n’y a pas de raison que ça ne fonctionne pas.» La première bonne nouvelle, c’est que Charline Mathias est redevenue une athlète. Elle a désormais six semaines pour aller chercher son rêve. C’est tout le mal qu’on peut lui souhaiter !
Romain Haas
Le programme
Samedi (14 h-19 h) : 400 m haies, 100 m, 800 m, 10 000 m, triple saut (D), longueur (M), hauteur (D), poids.
Dimanche (14 h-18 h 15) : 100 m haies, 110 m haies, 200 m, 400 m, 3 000 m, triple saut (M), javelot, longueur (D), hauteur (M).