Les superbes championnats d’Europe romains se poursuivent pour le Luxembourg. Ce lundi matin, Charline Mathias s’est en effet hissée de belle manière en demi-finale du 800 m.
On savait que cette édition des championnats d’Europe serait historique pour le Grand-Duché. Par le seul nombre d’athlètes, le Luxembourg allait forcément réaliser quelque chose qu’il n’avait jamais fait. Mais désormais, le pays ne se satisfait plus de sa seule présence à l’un des plus gros événements au monde. Non! Maintenant, les athlètes luxembourgeois sont bien décidés à être acteurs. Et à ne pas simplement se contenter de côtoyer certains des meilleurs mondiaux.
Et depuis le début de ces championnats d’Europe, vendredi, la plupart se montrent très largement à leur avantage. Ça a commencé par Vera Hoffmann qui, même si elle ne se qualifie pas pour la finale du 1500 m n’en a pas moins réalisé une performance très solide qui lui a permis de terminer bien mieux classée que son ranking initial. Dans la foulée, Bob Bertemes faisait trembler ses supporters mais validait son billet pour la finale à la faveur d’un troisième et dernier essai concluant. Les prémices d’une très belle sixième place le lendemain… À huit petits centimètres d’une médaille de bronze. Le même jour, Ruben Querinjean, bien que qualifié in extremis en avant-dernière position pour ces championnats d’Europe, réussissait une série du 3 000 m steeple très solide, étant même en position de se qualifier à moins de 200 m de la ligne. Avant de se faire dépasser par des adversaires bien plus expérimentés que le Malmédien qui, il faut le rappeler, ne disputait que son troisième 3 000 m steeple en carrière.
Et bien sûr, dimanche, tout le Luxembourg était suspendu à la performance de son chef de file, Patrizia van der Weken. Après une demi-finale remportée de manière autoritaire avec un nouveau record national à la clef amélioré de deux centièmes (11″00), elle était venue mourir au pied du podium pour un malheureux centième. Bref, une édition historique.
Une dernière ligne droite de feu
Mais pour que la fête soit complète, il restait encore une dernière cartouche grand-ducale : Charline Mathias. Véritable Phoenix, à 32 ans, la spécialiste du 800 m a retrouvé son meilleur niveau. Celui qui lui avait permis de s’inviter aux Jeux de Rio en 2016. Et de battre son record national deux ans plus tard. Après un hiver conclu de manière tonitruante, la protégée de Camille Schmit avait très bien attaqué l’été. Il faut dire qu’il lui restait peu de temps pour se qualifier pour Rome. Finalement, à la faveur de quatre courses solides en moins de 2’02 », elle s’est qualifiée pour les championnats d’Europe. Avec pour premier objectif de faire aussi bien qu’à Berlin, en 2018, quand elle avait atteint les demi-finales.
Pour ce faire, elle devait soit prendre l’une des trois premières places, soit réaliser l’un des quatre meilleurs temps de l’ensemble des quatre séries. Engagée dans la deuxième série, où figurait notamment une certaine Keely Hodkinson, championne d’Europe, vice-championne du monde et meilleure performeuse mondiale de l’année, la Luxembourgeoise est restée dans le bon tempo jusqu’à l’entame de la dernière ligne droite. Si la Britannique maîtrisait sa course de bout en bout (vainqueur en 2’02″46), derrière, elles étaient trois pour deux places. Et alors qu’elle partait avec un certain retard à l’entame des 100 derniers mètres, on a vu Charline Mathias tirer sur les bras comme jamais et petit à petit revenir sur les talons de l’Italienne Eloisa Coiro et la sauter juste avant la ligne. Troisième et donc qualifiée en 2’02″65, la Luxembourgeoise a lancé un poing rageur dans le ciel. Mission accomplie.
Charline Mathias, qui avait terminé 12e à Berlin, rêve maintenant de faire mieux. Voire, pourquoi pas, d’aller chercher une place en finale. La jeune femme de 32 ans n’a jamais semblé aussi en forme depuis une éternité. Et au vu de ce qu’elle montre, elle peut vraiment croire en sa chance. Elle qui a annoncé depuis belle lurette que son objectif était clair : «Paris!»
R. H.