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[Athlétisme] Le bout du tunnel pour Querinjean?


Ruben Querinjean sait qu’il a une grande marge de progression sur le 3 000 m steeple. 

IFAM, CE WEEK-END À BRUXELLES Après deux ans de galères, Ruben Querinjean est de retour au premier plan. Il vise désormais les Europe à Rome. Et peut même rêver de Paris !

Fin décembre 2021, Ruben Querinjean, jeune athlète belgo-luxembourgeois qui a opté pour la nationalité sportive grand-ducale, surprend son monde en allant chercher une médaille de bronze aux championnats d’Europe U23 de cross à Dublin, quelques mois après les Europe U23 de Tallinn où il s’était aligné sur le 1 500 m. Alors qu’il aurait préféré tenter le 3 000 m steeple. Le choix de la raison : «À cause des chocs avec les barrières, je m’étais fait une fracture de fatigue. Si bien qu’on m’avait conseillé de privilégier le 1 500 m.»

Doué en diable, le garçon touche-à-tout est aussi à l’aise dans les sentiers boueux – il a remporté plusieurs titres de champion de Belgique en cross – que sur le tartan. En août 2022, il s’était d’ailleurs emparé du très vieux record national de Justin Gloden sur 3 000 m (marque désormais détenue par Charel Grethen).

Mais depuis, il avait un peu disparu. Et pour cause, il a enchaîné les problèmes de santé : «Le 29 novembre 2022, je me fais une déchirure au niveau du quadriceps. J’étais en forme. Et donc fragile. J’ai raté les championnats d’Europe de cross U23.»

Et ça n’est pas fini : «En janvier, la déchirure, pas bien cicatrisée, s’ouvre à nouveau. En mars, je reçois le feu vert. Je pars en camp d’entraînement à Flagstaff. Le deuxième jour, élongation. J’étais à l’autre bout du monde. Et vraiment au fond du trou.»

Et ça continue : à son retour, il a un peu mal au niveau du sacrum. Des examens révèlent un œdème osseux et un début de fracture de fatigue : «C’est dû à l’élongation. Ma jambe amortissait moins les chocs et ça remontait dans le dos. On a pris notre temps. On n’a pas fait de saison estivale. On y est allés tranquille.»

En août, il repart pour un stage en altitude. Tout se passe bien. Est-ce enfin la fin de sa traversée du désert ? Non ! «Je sentais une douleur forte au tibia. En octobre, je passe une IRM : fracture de fatigue !»

Face à ces blessures à répétition, le Malmédien passe une batterie de tests. Qui ne révèlent rien d’anormal. Et tout bascule début novembre : «Ma team part en stage en altitude et je n’y vais pas. Et au lieu de m’acharner, j’ai décidé de me reposer. Alors que ce n’est pas du tout mon genre.»

Bien décidé à sortir de cette spirale « plus on est blessé, plus on est fragile, plus on est blessé…« , il fait un choix radical : «Ma fracture au tibia faisait 9 cm. C’est hyper rare. Généralement, c’est plutôt 1 mm. Je me suis dit que le problème était peut-être biomécanique. J’avais lu que les chaussures à plaque de carbone pouvaient en être la cause. Alors, j’ai décidé de revenir à des chaussures avec des plaques en plastique.» Il fait également attention à son alimentation : «Grâce à un nutritionniste, j’ai compris que je ne mangeais pas assez de calories. Maintenant, j’ai un vrai plan.»

Hormis une contracture qui l’a obligé à couper une dizaine de jours en début d’année, puis une bactérie qui l’empêchait de grimper les côtes en mars, son corps le laisse enfin à peu près tranquille. Il effectue sa rentrée à la CrossCup de Hanut, où il prend la sixième place, malgré «des sensations horribles, ce n’est pas du tout moi qui ai géré la course.»

Il repart ensuite pour un gros stage de six semaines à Font-Romeu. Qui se passe à merveille : «Du début à la fin.» Et là, il sent qu’il y a du potentiel.

Confirmé par sa première sortie, début mai à Pliezhausen, où il établit un premier record national sur la distance hybride du 2 000 m steeple (527« 74). Deux semaines plus tard, il est à Rehlingen, où il se classe 7e en pulvérisant le vieux record national de Francis Hoeser (840« 3 en 1984) avec un temps de 825« 81.

Une superbe perf. Un brin frustrante. En effet, les minima pour se qualifier pour les championnats d’Europe de Rome sont fixés à… 825« 00 : «On a été très lents au début et on a terminé les 800 derniers mètres à une allure de 810« . On aurait facilement pu gagner une seconde lors des kilomètres précédents.»

Une énorme marge de progression

Et clairement, il y a moyen de faire mieux. Beaucoup mieux : «Mes passages de haies sont « cata« , la rivière, n’en parlons pas. Je ne suis pas du tout à l’aise. Du coup, je mets le pied sur la haie, ça me ralentit. Je dois réaccélérer et ça fatigue un peu plus. En plus, je ne suis pas très bon tactiquement.» N’en jetez plus.

C’est avec toutes ces données qu’il se prépare pour dimanche, à Bruxelles, meeting bronze. Il s’agira de sa toute dernière opportunité de réaliser le temps. Ou de faire un assez bon chrono pour intégrer les 34 qui iront à Rome.

À l’heure actuelle, Ruben Querinjean n’apparaît pas dans le classement puisqu’il faut trois courses. Et il n’en a que deux, dont un 2 000 m steeple qui compte bien moins qu’un 3 000 m steeple.

Pour mettre le maximum de chances de son côté, l’étudiant en dernière année en kiné de 22 ans a décidé de mettre un peu de côté ses études. Pour se consacrer à fond à l’athlé. Et même s’il se refuse à y penser ouvertement, il a également désormais dans un coin de la tête un certain rendez-vous parisien.

En effet, les minima sont fixés à 815« 00 et si on regarde l’actuel 36e et dernier qualifié, il a trois courses en 826« , 837«  et 839« . Des chronos que le Luxembourgeois est tout à fait en mesure de réaliser.

Il a encore un mois pour multiplier les bonnes perfs et prendre de gros points, notamment aux championnats du Luxembourg. Histoire d’être la surprise du chef d’un contingent grand-ducal olympique qui pourrait se monter à six athlètes !