Charline Mathias a connu des galères en 2016, mais elle savoure son retour au premier plan cet hiver, avant les championnats d’Europe en salle, à Belgrade.
L’athlète du CSL revient sur une saison complètement folle, ponctuée d’une qualification pour son tout premier championnat d’Europe sur le 800m.
Après votre victoire lors du cross au Bambesch mi-décembre, vous nous confiez qu’une saison en salle ne serait pas d’actualité. Finalement, trois mois après, vous vous retrouvez au départ du 800 m du championnat d’Europe indoor. Auriez-vous imaginé un tel scénario ?
Charline Mathias : Quand j’ai commencé mes entraînements, on avait dit qu’on ne ferait pas de salle et que j’allais courir l’un ou l’autre cross. Ça se passait bien pendant les entraînements et depuis octobre je n’ai eu aucun souci de blessures. Et c’est clair que cela a été important. La décision est donc tombée et j’ai couru deux, trois courses. Maintenant, je constate que j’ai effectué une saison complète en salle. Je ne regrette évidemment pas du tout ce choix. Mais si quelqu’un m’avait dit il y a six mois que je serai à Belgrade, je ne l’aurais pas cru.
Quand est venu le déclic de faire une saison en salle ?
Mi-décembre, j’ai effectué les tests médico-sportifs et les résultats n’étaient pas loin de ceux réalisés il y a deux ans quand j’ai amélioré mes chronos. On s’est dit que ce serait une bonne idée de faire des compétitions. Je ne voulais pas me retrouver au mois de mai sans avoir couru après les JO de Rio. Maintenant, avec les chronos que j’ai réalisés cet hiver, ça me donne de la confiance. Je ferai peut-être plus doucement après Belgrade, mais au moins je pourrai attaquer cet été de manière optimiste.
Aviez-vous dans un coin de votre tête les normes qualificatives pour Belgrade ?
Je connaissais les normes ! Mais comme je l’ai déjà répété, je ne voulais pas courir après ça. Je les ai ratées à deux reprises, même si je sais que j’aurais pu les réaliser. Je suis rentrée dans mes courses en me disant de faire de mon mieux et non pour courir une norme.
L’année 2016 a été compliquée pour vous, ponctuée par des blessures. Ces championnats d’Europe constituent-ils une revanche ?
Le sport de haut niveau, ça se passe dans la tête et dans le corps. Une blessure est vite arrivée et, malheureusement pour moi, elles se sont accumulées l’année dernière et manque de chance c’était l’année des Jeux olympiques à Rio… On n’est jamais à l’abri d’une blessure et il faut faire avec. On s’entraîne tous les jours et quand tu atteints tes limites, ton corps peut dire stop à un moment donné. Évidemment qu’on apprend de ce genre de choses. En tout cas, ma motivation est toujours là malgré ces blessures. Avec mon coach, on fera de notre mieux pour que cela ne se reproduise plus. Ce qui est sûr, c’est qu’au vu des sacrifices, Belgrade est une belle récompense.
Après vos trois records nationaux sur le 800 m, le 1 500 m et le 3 000 m, on a l’impression, à vous entendre, que le meilleur est encore à venir !
Bien sûr ! Et j’espère pouvoir courir encore plus rapidement à Belgrade. Après, tout dépendra de la course. À Metz, c’était très rapide. Lors d’un championnat, les courses sont assez imprévisibles et il faudra que je fasse de mon mieux.
Ce seront vos premiers championnats d’Europe en salle. Y a-t-il une différence avec un championnat d’Europe en plein air ?
Ça ne change pas grand-chose et ça reste une grande compétition. Après, c’est sûr qu’il y a une série d’athlètes qui ne s’alignent pas en salle. Chacun fait son choix ! J’attaque cet Euro comme si c’était en été. Les filles les plus rapides courent en 2’00 et moi j’ai un chrono de 2’04. Tout est possible, mais il faudra voir comment les courses seront courues.
Quelle est la particularité de courir un 800 m en salle ?
Il y a plus de virages et c’est différent. La préparation est moins longue qu’en été où on a eu moins de temps pour se préparer. Personnellement, cet hiver, j’ai essentiellement travaillé mon endurance et non la vitesse. Les entraînements se passent différemment.
Qu’est-ce qui diffère entre vous et le gratin européen ?
Quatre-vingts pour cent des filles sont des athlètes professionnelles. Ce qui n’est pas le cas pour moi. Je suis actuellement à l’université, je travaille et je m’entraîne. Il faut avoir le temps de pouvoir récupérer et c’est une réflexion qu’il faudra avoir l’année prochaine pour améliorer les choses. Les professionnels peuvent effectuer des stages, ce qui n’était pas le cas pour moi puisque je n’en ai fait aucun cet hiver. Et là, on voit qu’il y a une grande différence !
Quels seront vos objectifs à Belgrade ?
Comme je l’ai dit, il y a quatre secondes d’écart entre les meilleures et moi. Cela ne semble peut-être pas beaucoup, mais il faudra réussir une belle course, soit en réalisant un chrono, soit en obtenant une belle place. Je vais profiter de ce championnat d’Europe en faisant de mon mieux. Je verrai bien ce qu’il se passera.
Entretien avec notre correspondant Matthieu Bebon