C’est ce soir (20 h 50), à Bellinzona, en Suisse, que Charel Grethen va achever sa plus belle saison en carrière.
On peut dire qu’il ne les aura pas volées. Les vacances qui se profilent pour Charel Grethen sont, en effet, on ne peut plus méritées. C’est simple, cela fait pratiquement cinq mois qu’il enchaîne les compétitions un peu partout dans le monde.
Après une saison indoor déjà prometteuse, terminée en queue de poisson par une élimination au premier tour des championnats d’Europe de Torun, Charel Grethen avait fait une pause pour bien préparer une saison estivale capitale. Qui devait le conduire à Tokyo. Rassuré sur sa condition physique alors qu’il a passé plus d’un an éloigné des tartans à cause d’un problème au tendon d’Achille qui s’est révélé finalement être un syndrome de Hagland, le miler luxembourgeois allait attaquer tambour battant, en pulvérisant, à Ostrava, son vieux record national du 1500 m. De 3’39“02, il allait l’abaisser à 3’36“75, un chrono plus en adéquation avec ses aspirations. C’était le 19 mai dernier. Depuis, il a enchaîné les courses, en Allemagne, en Espagne, en France, en Suisse et au Luxembourg, dans l’espoir d’améliorer encore ce temps et, pourquoi pas, de courir sous les 3’35“00, synonymes de qualification directe pour les JO de Tokyo.
Mais ces efforts seront vains et il n’ira pas plus vite. Malgré tout, sa constance dans la performance lui permet de décrocher une place pour le Japon. Arrivé sur la pointe des pieds, il réalisera une semaine presque parfaite : une qualification en demi-finale grâce à une course bien maîtrisée après avoir fait pas mal de chemin, avant une demi-finale incroyable. Conscient que sa seule chance réside dans le fait de s’économiser au maximum, il passera toute la course au premier couloir avant de placer une énorme accélération dans les 150 derniers mètres. Dans ce qui reste la plus belle course de sa vie, il termine 7e et pulvérise son record national pour le porter à un fantastique 3’32“86, avec, cerise sur le gâteau, une place en finale olympique. Lors de cette course, la troisième de très haut niveau en l’espace de cinq jours, Charel Grethen luttera jusqu’au bout et se classera 12e.
«Mentalement, j’ai besoin d’une coupure»
On aurait pu croire qu’il pourrait se reposer après ses incroyables Jeux olympiques mais ce n’est pas le genre du bonhomme : «Je suis en forme, il faut en profiter», expliquait-il. C’est ainsi que deux semaines après son retour en Europe, il est la tête d’affiche au meeting de Schifflange, sur 800 m avant d’ajouter une ligne de plus à son palmarès avec la participation à la Diamond League. À Bruxelles, il se classe 8e avec un nouveau temps canon : 3’34“59, tout simplement son deuxième meilleur chrono en carrière et, accessoirement, un temps qui lui aurait permis de valider directement son billet pour Tokyo.
Ce week-end, Charel Grethen a apporté de précieux points à son club du CSL, qui a dominé la Coupe du Prince, qui lui échappait depuis trois éditions mais il n’en a pas encore terminé de son interminable saison.
En effet, il lui reste un tout dernier rendez-vous. Ce mardi soir, à 20 h 50, il sera au départ d’un 1500 m très relevé lors du meeting international de Bellinzona, en Suisse. Et pas question pour Charel Grethen, d’y aller en dilettante : «Pour moi, c’est important de bien terminer cette saison. Il y a un très beau plateau avec deux pacemakers excellents. C’est bien de courir après un chrono mais c’est bien aussi de courir pour faire une place. C’est ce que je vise en Suisse.» Une fois ses 4 tours de pistes terminés, place à un peu de repos : «Même si physiquement, je me sens bien, c’est surtout mentalement que j’ai besoin d’une coupure.» Il va continuer à s’entraîner pendant encore quelques semaines avant de s’accorder quelques jours de vacances en octobre. Histoire de recharger les batteries. Et de revenir gonflé à bloc pour une année 2022 avec des rendez-vous internationaux à l’envi, à savoir les championnats du monde indoor à Belgrade, les championnats du monde outdoor à Eugene et d’Europe à Munich.
Romain Haas
Charel Grethen (Lux), Birgen Bethwell (Ken), Matthew Ramsden (Aus), Simon Denissel (Fra), Filip Sasinek (Rtc), Luke Mccann (Irl), Simas Bertasius (Lit), David Nikolli (Alb), Luca Noti (Sui), Pietro Arese (Ita), Hamisch Carson (Nzl), Jonas Raess (Sui), Julien Stalhandske (Sui), Guillaume Laurent (Sui), Eric Sowinski (USA/Pacemaker), Adam Czerwinski (Pol/Pacemaker).