Après Rio, Charel Grethen devrait bien être du voyage à Tokyo. Et ce n’est que justice.
Même si la nouvelle n’est pas encore complètement officielle, il ne fait désormais plus de doute que Charel Grethen vivra, à Tokyo, ses deuxièmes JO après avoir défendu les couleurs grand-ducales il y a cinq ans, à Rio, sur 800 m. En effet, la période de qualification s’est achevée mardi soir, dernier moment pour réaliser, qui, les minima (3’35″00), qui un bon chrono pour être pris en compte au niveau du ranking mondial.
C’est par ce biais que le Luxembourgeois validera, selon toute vraisemblance, son billet pour Tokyo. Et même si ce sera juste, ça devrait passer. En effet, en tenant compte du nombre limité à trois participants par nation, ils sont 37 à avoir réalisé les minima exigés (dont 9 Kényans). Si on ajoute une place délivrée à une nation en développement, en l’occurrence la Guinée équatoriale, il ne restait plus que 7 places à prendre.
Dans ce classement, appelé «Road to Tokyo», les cinq meilleures performances de chaque athlète sur une période donnée étaient prises en compte et transformées en points. Non seulement, le chrono importait mais également la place et le niveau de la compétition. Tout cela mis bout à bout donnait un classement. Et après les toutes dernières épreuves, Charel Grethen est qualifié en… 44e position.
Une véritable renaissance pour un homme qui a connu les pires galères. En effet, après les JO de Rio, il n’a fait que très peu d’apparitions en compétition. La faute à une blessure au tendon d’Achille qui s’est finalement avérée être une maladie de Haglund, une malformation de l’os du talon qui entraîne une inflammation du tendon d’Achille. Passé par la case opération, Charel Grethen est réapparu pour de bon à l’occasion des championnats de 10 km sur route à l’automne dernier, course remportée avec la manière.
Et quand la saison indoor a débuté, il a immédiatement frappé très fort, améliorant à l’envi son record national du 1 500 m pour l’abaisser à 3’38″65 lors d’une victoire pleine d’autorité au CMCM à la Coque, en février. Même s’il avait ensuite dû baisser pavillon dès les séries des championnats d’Europe, il avait prouvé qu’il était revenu à son meilleur niveau. Après quelques jours de repos bien mérité et quelques semaines d’entraînement acharné, confirmation à l’occasion de sa première sortie en outdoor. À Ostrava, le 19 mai, il explose son record national et termine cinquième d’une énorme course en 3’36″75. Même si on n’est pas aux 3’35″00 requis, ce temps lui permet de prendre de gros points dans un énorme événement.
À tel point qu’on se prenait, lui le premier, à rêver d’aller encore plus vite. Voire d’aller chercher cette fameuse marque : «Avec une bonne course et de bons lièvres, je peux aller encore plus vite», confiait-il. Quelques jours plus tard, à Rehlingen, il prend la deuxième place avec un chrono très proche (3’37″03). Le 3 juin, à Huelva, il échoue au pied du podium en 3’37″78. Malheureusement, les sorties suivantes seront moins bonnes avec une dernière place à Marseille, dans une épreuve où il a été piégé, en 3’42″41, un abandon à Nice. Samedi dernier, il décroche le titre national en 3’38″55 alors qu’il a couru pratiquement seul et mardi, à Lucerne, il achève sa période de qualification pour une deuxième place en 3’38″62.
Rendez-vous le 3 août!
Quand on consulte son «Road to Tokyo», on constate que les cinq meilleures perfs prises en compte l’ont toutes été cette année. On y retrouve ainsi le CMCM et Ostrava (2e en 3’39″49) en indoor, Ostrava, Rehlingen et Huelva en outdoor. Cela en dit long sur la régularité du miler luxembourgeois, auteur d’une saison exceptionnelle. Mais loin de fanfaronner pour autant : «Ça devrait être bon pour Tokyo mais je n’aurai la confirmation officielle que demain ou après-demain.» Quand on connaît le fonctionnement du site World Athletics avec la prise en compte des perfs quasiment en temps réel et quand on voit que sa course de mardi a bien été notée avec le bon temps, on peut en déduire que c’est le cas pour tous les athlètes. Et donc, que cette 44e place sur 45 va bien être validée officiellement par la fédération internationale.
Retrouver Charel Grethen sur le plus grand rendez-vous de la planète n’est donc finalement que justice et logique au vu de ses sorties tant hivernales qu’estivales. Le Luxembourgeois accompagnera son compatriote Bob Bertemes au Japon. Le simple fait d’être présent est déjà une réussite. Maintenant, le reste ne sera que du bonus. Grethen a d’ores et déjà prouvé qu’il savait être à l’aise avec une forte concurrence. S’il a un peu de chance au tirage, s’il tombe dans une bonne série, pourquoi ne pas rêver le voir passer un tour. Rendez-vous le 3 août prochain!
Romain Haas
Ses courses prises en compte pour «Road to Tokyo»
19/05/2021 Golden Spikes (Ostrava) 3’36″75 (RN), 5e : 1 241 pts
13/02/2021 CMCM (Coque) 3’38″65 (RN), 1er : 1 216 pts
3/02/2021 Czech indoor Gala (Ostrava) 3’39″49, 2e : 1 214 pts
23/05/2021 56e Pfingstsportfest (Rehlingen) 3’37″03, 2e : 1 197 pts
03/06/2021 Meeting iberoamericano (Huelva) 3’37″78, 4e : 1 176 pts
Performance moyenne : 1 208 pts (44e/45)