BILAN Charel Grethen a bouclé sa superbe saison par un succès international. Histoire de montrer qu’il termine en pleine bourre.
C’est Charel Grethen qui résume le mieux la situation : «Sur mes quatre dernières courses (NDLR : sur 1 500 m), je fais mes trois meilleurs temps. Ça montre que je ne ralentis pas le rythme même en fin de saison.» Effectivement, l’accumulation des courses ne semble pas avoir la moindre prise sur la performance de l’athlète du CSL, qui a couru pour la dernière fois de la saison mardi soir, du côté du Gala dei Castelli de Bellinzona, un meeting international silver label.
Cinq mois, presque jour pour jour après avoir attaqué la plus importante saison de sa carrière à Ostrava en pulvérisant son record national du 1500 m pour le porter à 3’36″75, le miler luxembourgeois a démontré qu’il avait clairement franchi un cap avec une course pleine de maîtrise en Suisse. Et, au passage, un nouveau temps canon. En effet, ses 3’35″48, nouveau record du meeting, constituent tout simplement son troisième meilleur chrono en carrière.
Si, jusqu’à ce qu’il arrive à Tokyo, des Jeux pour lesquels il s’était qualifié de justesse grâce à au World Ranking (43e sur 45!), il avait multiplié les bonnes prestations sans toutefois aller plus vite qu’à Ostrava, il a, par la suite, passé la vitesse supérieure. Après une série olympique très tactique mais parfaitement négociée de sa part, il avait sorti la course de sa vie en demi-finale. Résolument scotché au premier couloir, il avait tenu tête à certains des meilleurs mondiaux pour produire une accélération qui lui avait permis de se présenter dans le dernier virage tout près du Kényan Abel Kipsang. S’il s’est fait dépasser par plusieurs adversaires dans les derniers mètres, il s’était accroché et avait validé son billet pour la finale olympique avec un chrono complètement fou : 3’32″86 !
S’il ira moins vite en finale (3’36″80 tout de même), il ne baissera pas le rythme pour autant. C’est ainsi qu’à Bruxelles, lors de sa première apparition en Diamond League, la Ligue des champions de l’athlé, il prendra une belle 8e place en 3’34″59, son deuxième meilleur chrono en carrière, la preuve, si besoin était, que la forme était toujours là.
Si je suis en forme, le chrono vient de lui-même
Mais au-delà de la fatigue physique, c’est surtout l’usure mentale qui guette Charel Grethen, qui avait donc choisi le meeting helvète pour son ultime sortie. Et pour cette dernière, il avait annoncé la couleur : «Pendant toute la saison, j’ai couru pour faire des temps. Maintenant, je veux faire une place.»
Et comme le Luxembourgeois est du genre à faire ce qu’il dit, il a joint les actes aux paroles, mardi en réalisant une course de patron ! Une bonne entrée en matière, juste derrière les lièvres, une troisième place aux abords du dernier tour et une énorme accélération ligne droite opposée qui a laissé tous ses adversaires loin derrière, lui permettant de gérer ses dernières longueurs et de terminer en 3’35″48, record du meeting à la clef. La course parfaite : «J’ai tout de suite senti que mes jambes étaient bonnes. J’étais venu pour gagner et pour travailler ma tactique. Je suis resté derrière jusqu’aux 300 derniers mètres puis j’ai produit un bon effort dans les 250 derniers. J’étais très à l’aise et j’ai senti que, contrairement à Tokyo, je n’ai pas ralenti dans la dernière ligne droite. Au Japon, même si le niveau était plus élevé, j’ai craqué dans les 100 derniers mètres, mais là, je ne craque pas, je reste relax. J’ai contrôlé ! Et je fais mon troisième meilleur chrono !»
Un succès international qu’il savoure : «Gagner dans un tel meeting, quand on voit, par exemple les 100 m dames (NDLR : remporté par Shelly-Ann Fraser-Pryce en 10″78) et hommes (NDLR : gagné par André de Grasse en 10″06) avec des noms fantastiques, c’est complètement fou ! C’est pour cela que je me suis entraîné toute la saison. Le feeling est incroyable !»
Revenu au top après une absence de plus d’un an à cause d’un syndrome de Hagland, Charel Grethen a clairement changé de dimension : «Je sens que je peux vraiment faire la course comme je le veux.» Et après un peu de repos, il se projette d’ores et déjà sur la prochaine saison. Qu’il attend avec impatience : «C’est important pour moi de continuer comme j’ai terminé maintenant. Si je suis en forme, le chrono vient de lui-même. Il y a beaucoup de rendez-vous. Ce sera un grand défi.»
Romain Haas