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[Athlétisme] Fortunes diverses sur le tartan


Ça ne sent pas bon pour Charel Grethen…  (Photos : luis mangorrinha)

CHAMPIONNATS NATIONAUX A L’INS Au lendemain de Charline Mathias, auteur d’un grand numéro, Vera Hoffmann a fait un pas de plus vers Paris. Qui s’éloigne pour Charel Grethen.

… contrairement à Vera Hoffmann, qui semble bien partie pour voir Paris.
Charline Mathias a tout donné jusqu’au bout.

Il y avait foule, ce week-end du côté de l’INS. Il faut dire que les enjeux allaient bien au-delà des seuls championnats nationaux. Bien sûr, ils étaient nombreux à avoir Paris en tête. Et tous ont tout donné.

GRETHEN N’Y CROIT PLUS VRAIMENT

«C’est fini!» Voilà, en substance, le condensé des propos de Charel Grethen, plusieurs minutes après un 1 500 m qu’il a bouclé en 3’44« 47. À des années-lumière de 3’33« 50 demandés. Et même de son seul chrono sous les 3’40«  cette saison (3’37« 43). Malheureusement, ce n’est pas vraiment une surprise. Comme le reconnaît le finaliste olympique de Tokyo : «Cette course est à l’image de ma saison. Hormis à Liège, où j’ai cru que c’était reparti, je n’ai jamais eu les mêmes sensations que par le passé. Et malheureusement, aujourd’hui, c’était un peu la même histoire que les courses précédentes.»

Et d’ajouter, les larmes aux yeux : «Les dernières courses, je n’avais pas montré une forme olympique. Bien sûr, j’aurais voulu y aller. Mais ce n’était pas ma journée.» Alors qu’il était 45e sur 45 qualifiés avant le début du week-end, les résultats du samedi l’avaient fait chuter, d’après certains calculs, de deux places. Il doit désormais patienter jusqu’au 7 juillet prochain pour savoir s’il aura l’occasion ou non de valider un troisième billet olympique. Mais au vu de son expression, il n’y croit lui-même, pas beaucoup : «Les chances sont vraiment minimes.»

HOFFMANN, ÉMUE AUX LARMES

Quelques minutes après les larmes de détresse de Charel Grethen, qui voyait très certainement son rêve olympique s’envoler, c’étaient des larmes d’émotions qui s’échappaient du visage épuisé mais rayonnant de Vera Hoffmann. Malgré une course anodine pour elle, avec un chrono de 4’11« 90, l’essentiel était ailleurs : «D’après les calculs de Bob (NDLR : Bertemes, son compagnon et entraîneur), ça doit passer. Émotionnellement, c’était vraiment très dur. Cela fait des semaines que j’ai le 30 juin en tête. Et voir tout le monde avec le t-shirt qui me soutient, c’est beaucoup. Je ne peux pas demander mieux.» En effet, Vera Hoffmann a rapidement retrouvé des dizaines de supporters qui arboraient tous un t-shirt : «Vera’s Olympic Dream.» Il faut dire que, contrairement à la position de Charel Grethen, celle de la mileuse luxembourgeoise était bien meilleure, puisqu’elle pointait au 43e rang. Alors qu’on trouve dans la liste des filles qui sont déjà à la retraite ou d’autres qui n’ont pas participé à leurs championnats nationaux respectifs. Fin du suspense mardi normalement.

MATHIAS SE DONNE LES MOYENS D’Y CROIRE

La veille, c’était au tour de Charline Mathias de jouer son va-tout pour la qualification olympique. Classée 47e sur 48 alors qu’il est probable que les places 46 à 48 seront réservées pour des places d’universalité, la spécialiste du 800 m savait qu’elle ne devait pas se rater. Très régulière depuis le début de la saison, la participante aux JO de Rio en 2016 devait à nouveau courir très vite pour avoir une chance de décrocher une place pour Paris.

Pour ce faire, elle avait décidé de mettre un maximum de chances de son côté en faisant appel à un lièvre… Mais la tâche fut très compliquée. Si bien qu’à cinq jours de la course, elle n’avait personne. Finalement elle trouve une Sud-Africaine inexpérimentée qui, au contraire de la mettre sur de bons rails, va plutôt la ralentir. Mais Charline Mathias, seule pendant tout le dernier tour, n’a rien lâché. Dans la dernière ligne droite, elle serre les dents, elle serre les poings avant de franchir la ligne d’arrivée en 2’00« 68, son nouveau season best : «Décidément, il me manque toujours un petit quelque chose pour aller chercher mon record (NDLR : 2’00″35 en 2018). Mais là, malgré le rythme qui n’était pas assez rapide au premier tour, je réussis à faire mon record de la saison. C’est très bien. Ça montre une nouvelle fois que je suis en forme. Je n’ai aucun regret. J’ai tout donné. Maintenant, on va attendre. De toute façon, je ne peux plus rien y changer maintenant.»

VAN DER WEKEN ET BERTEMES FONT LE JOB

Outre Charline Mathias, les deux qualifiés pour les JO étaient également en action. Sur 100 m, Patrizia Van der Weken, à qui son coach Arnaud Starck avait pourtant demandé d’y aller doucement, a claqué en toute détente un énorme 11« 09 dès les séries. En finale, elle s’impose en 11« 08 avant de venir mourir tout près de son record national sur le 200 m en toute fin de programme (23« 23 contre 23« 19 l’an passé en Pologne). De son côté, Bob Bertemes est sorti victorieux de ses derniers championnats nationaux. Tant au poids (20,66 m) qu’au disque (60,36 m) : «Je suis content de la manière dont le concours s’est déroulé. Pour une fois, je rentre bien dedans dès le premier essai (NDLR : 20,55 m). Ensuite, tous les essais étaient réguliers. Ce ne sont que de petits trucs à régler pour aller attraper un bon essai.»

GRAILET TIRE SA RÉVÉRENCE

François Grailet dit stop. Photo : luis mangorrinha

La nouvelle est peut-être passée un peu inaperçue au vu des enjeux du week-end. Mais une page d’histoire s’est tournée, hier, en début de session. En effet, c’était la dernière apparition de François Grailet : «Le coup de grâce, c’est la non- qualification pour Rome pour un point. J’ai subi une fracture de fatigue en avril et je n’ai jamais réussi à m’en remettre. À faire une seule bonne course. Une seule et j’étais sûr d’aller à Rome. Et après, ça pouvait faire boule de neige. En n’allant pas à Rome, je n’avais aucune chance d’aller aux Jeux. Du coup, à quoi bon continuer», résume le hurdleur, futur marié qui effectuera son année de spécialisation en médecine au Luxembourg.

Vera Hoffmann, entourée de tous ses fans. Photo : rh