Le sauteur en hauteur luxembourgeois aime se fixer des challenges dans son sport… mais pas seulement !
Charel Gaspar sait ce qu’il peut faire. Et ce qu’il ne peut pas faire. Au contraire de plusieurs de ses compatriotes, qui la visent clairement, le sauteur en hauteur sait pertinemment qu’il ne lui sera pas possible d’envisager une qualification pour les championnats d’Europe de Torun (5-7 mars), ce samedi, lors du CMCM : «La norme est fixée à 2,28 m, c’est un autre monde pour moi», confie l’athlète de 29 ans, dont le record personnel est à 2,13 m.
Mais cela ne l’empêche pas de se fixer des buts élevés : «L’objectif est de passer 2,18 m, un jour pour battre le record de Raymond Conzemius. Je suis encore à 5 cm, ce n’est pas facile mais il faut y aller step by step», sourit-il. Après une année 2020 gâchée par un gros problème au dos, qui l’a empêché de pratiquer l’athlétisme entre février et octobre, Charel Gaspar, désormais installé à Innsbruck, a pu sauter à deux reprises, lors de petites compétitions locales, où il s’est imposé avec 2,07 m puis 2 m.
Samedi, il va disputer une épreuve d’un tout autre niveau, avec des adversaires bien plus forts que lui sur le papier : «Ce sont des mecs qui ont un record largement supérieur au mien. Mais c’est une bonne chose d’avoir une forte concurrence. Je préfère avoir des adversaires, même s’ils sautent beaucoup plus haut que moi.» Avec pour but de réaliser son meilleur saut de l’hiver. Voire un peu mieux.
Il se réjouit également de revenir au Luxembourg puisqu’il pourra enfin avoir un feedback direct de son coach, Kevin Rutaré : «On essaie de travailler à distance, je filme des exercices, lui regarde la vidéo et me donne son sentiment mais ça ne remplace pas le feedback direct après mes sauts», analyse-t-il.
Ce CMCM sera malheureusement sa dernière compétition de l’hiver. En effet, même si ses performances lui auraient permis de participer aux championnats d’Autriche, les organisateurs ont décidé d’interdire la compétition aux étrangers. Il devra donc se tourner vers une saison estivale, qui reste à planifier : «Je suis déjà content d’avoir eu la chance de participer à trois meetings.»
Saut à skis, skeleton… et alpinisme !
Il pourra ensuite retourner à Innsbruck, ville célèbre notamment pour son tremplin de saut à skis : «Je voulais assister à la Tournée des Quatre Tremplins mais malheureusement, les spectateurs n’étaient pas autorisés cette année. De chez moi, on voit le tremplin, qui doit être situé à 1 km à vol d’oiseau mais les sauteurs étaient vraiment trop petits, je ne voyais pas leur atterrissage et donc j’ai regardé la compétition à la télé.» Amateur de sensations fortes, Charel Gaspar se verrait bien essayer cette pratique. Mais il ne s’estime pas taillé pour : «Ça me plairait beaucoup d’essayer. Mais il faut être très explosif et je pense que je ne le suis pas assez. Maintenant, je peux toujours essayer une fois comme cela. À Innsbruck on peut même le faire en été.»
Il a déjà à son actif un baptême dans une autre discipline très particulière : le skeleton : «Pour mon anniversaire, ma copine m’a offert un baptême en skeleton. C’était sur la piste olympique d’Innsbruck mais avec des patins spéciaux qui empêche d’aller trop vite et de tomber. Mais c’est quand même impressionnant de se retrouver avec le visage à 10 cm au-dessus du sol !»
Toujours prêt à essayer de nouvelles choses, Charel Gaspar s’est découvert une autre passion insolite il y a quelques années : «En 2016, mon cousin m’a proposé de l’accompagner avec un autre cousin et sa copine pour faire de l’alpinisme. On est montés à plus de 4 000 m. Ça m’a tellement plu que maintenant, on le fait régulièrement.»
Parmi ses faits d’armes, il est allé au sommet du mont Blanc ou encore du mont Elbrouz en Russie (5 642 m), il y a deux ans : «Je suis parti avec mon cousin et Ben Bertemes, l’ancien coureur. Il faut du temps pour s’acclimater à l’altitude.» S’il a envie de mettre la barre toujours plus haut dans son sport, il regarde également vers le haut pour l’alpinisme : «J’ai une petite liste de montagnes que j’aimerais gravir. Dans les Alpes, il y a le Matterhorn (mont Cervin), celui qu’on voit sur les emballages des chocolat Toblerone. Et une qui me plaît énormément, c’est l’Aconcagua (6 962 m) en Amérique du Sud, le plus haut sommet hors Himalaya. Mais encore une fois, step by step !» Charel Gaspar, l’envie d’aller toujours plus haut. Dans tout ce qu’il entreprend !
Romain Haas