Même si de nombreux noms manquent à l’appel, les championnats nationaux ont été maintenus. Ils se tiendront ce week-end à Dudelange Et c’est déjà une bonne nouvelle !
La crise sanitaire a été désastreuse pour des tas de domaines. Et le sport a, sans nul doute, été l’un des plus impactés. Totalement à l’arrêt pendant des semaines et des semaines, il a vu la quasi-totalité de ses compétitions être reportées. Ou tout simplement annulées. Depuis le début de l’été, les athlètes peuvent pourtant petit à petit retrouver un semblant de normalité.
Quelques meetings ont pu se tenir – évidemment sous conditions sanitaires strictes – au Luxembourg. Et, ce week-end, la saison en plein air va s’achever non pas avec le traditionnel double rendez-vous de la Coupe du Prince et de la Coupe des Dames, mais avec des championnats nationaux plus tardifs qu’à l’habitude. Qui se tiendront sur deux jours.
«La saison a été compliquée. C’est très perturbant pour un athlète de ne pas avoir d’objectif. Alors même si l’enjeu ne sera pas énorme, on tenait tout de même à recaler une date pour les championnats nationaux», confie Jean-Sébastien Dauch, le directeur général de la FLA. Qui ajoute : «Normalement, on demande à nos cadres d’être présents aux championnats. Mais cette année, on ne leur a mis aucune pression.»
Effectivement, ils seront nombreux à manquer à l’appel. On peut citer Charline Mathias, en convalescence, Charel Grethen, encore trop juste, Victoria Rausch, qui termine son instruction de base à l’armée, Anaïs Bauer, qui se concentre sur cet hiver, Elodie Tschilumba, qui observe une année sabbatique… Sans oublier Laurence Jones ou François Graillet, qui ne sont pas non plus inscrits sur la liste des engagés du week-end : «C’est vrai que point de vue participation, c’est moyen», reconnaît le dirigeant de la fédération.
Cela signifie-t-il pour autant qu’il ne faut pas se précipiter au stade Kennedy de Dudelange? Certainement pas. «Nous avons eu beaucoup de demandes d’athlètes étrangers. Que ce soit d’Allemagne ou de Belgique.» Et les Luxembourgeois présents auront évidemment à cœur de bien faire.
Revue de détail des forces en présence
Bertemes, fidèle au poste
Le colosse de Belvaux ne rate jamais une occasion de venir lancer au Luxembourg. Et il a bien l’intention de faire plaisir aux spectateurs : «J’espère faire un petit show. En plus, à Dudelange, le public est tout près, c’est plus sympa.»
En termes de performance, l’élève de Khalid Alqawati part un peu dans l’inconnu. Il avait très bien démarré son été avec 21,21 m. Mais ses deux autres sorties ont été moins impressionnantes avec 20,28 et 19,70 m : «J’ai fait beaucoup de musculation pendant le confinement et maintenant j’ai un souci technique au niveau de mon entrée dans le mouvement. Du coup, lundi, on a décidé de tout changer. On verra bien ce qui se passera.»
En clair, si tout se met en place techniquement, le golgoth du CAB a les capacités physiques pour envoyer son poids loin. Très loin. De sa performance à Dudelange dépendra d’ailleurs la suite – ou non – de sa saison «Si je fais quelque chose de correct, à savoir 20,50 – 20,70 m, dans ce cas j’irai à la Ligue de Diamant à Rome, le 17. Sinon, j’arrête ma saison.»
Pleimling ne s’interdit rien
Chez les dames, au niveau des lancers, on attend de pied ferme Noémie Pleimling. La spécialiste du javelot est en pleine forme et a récemment battu son propre record national pour le porter à 55,47 m. À domicile, la sociétaire du CAD ne se met pas de pression : «Je vise le titre national», se contente-t-elle d’expliquer. Quant à savoir si elle l’obtiendra avec un jet sous les 50 m ou au-delà des 55 m… «Ce sera la surprise», lâche-t-elle, mystérieuse.
Un 5 000 m alléchant
Si on regarde la liste des engagés, le 5 000 m masculin devrait être l’une des épreuves les plus intéressantes de ces championnats. En effet, on peut s’attendre à une belle bagarre entre Yonas Kinde, Pol Mellina et le tenant du titre, Bob Bertemes : «Les sensations sont très bonnes. Les dernières courses étaient très prometteuses», indique Bob Bertemes, qui a battu son record sur la distance fin juillet (14’29 »). Mais il ne s’agit là que d’une étape pour un athlète qui annonce qu’il vise un chrono aux alentours de 14’10 » le 18 à Trèves, avec l’idée de passer sous les 14 minutes dans quelque temps.
Mais en attendant de pouvoir réaliser une telle perf, il devra composer avec une concurrence redoutable. Et Pol Mellina a démontré que, s’il n’était pas encore au niveau qui était le sien et qui lui a permis de flirter avec les 14 minutes il y a quelques années, il n’en restait pas moins très efficace. Avec un record de la saison en 14’31 » à Diekirch : «Je dois avouer que la saison post-confinement a été très bonne. J’ai couru deux fois en moins de 30 minutes sur le 10 000 m, je fais 14’31 » sur 5 000 m. C’est de loin ma meilleure saison estivale.» Reste à voir si ça peut suffire pour détrôner un adversaire «meilleur finisseur que moi.»
Tout le monde pourrait être mis d’accord par le troisième larron du Celtic, à savoir l’Éthiopien Yonas Kinde. Mais l’homme, dont le record sur la distance est de 14’08 », sait que 5 000 m, ça risque d’être un peu court : «Je n’ai pas de vitesse. Je me prépare actuellement pour le championnat du monde de semi-marathon (NDLR : à Gdynia, en Pologne le 17 octobre).»
Week-end chargé pour Hoffmann
Sur le 1 500 m, la compagne de Bob Bertemes, Vera Hoffmann, devrait logiquement s’imposer. Après avoir battu le mythique record national du 3 000 m, la licenciée du Celtic a celui de la distance inférieure dans le viseur. Il y a une semaine, elle a signé son record personnel en 4’13″21. Pas si éloigné que cela des 4’12″57 d’une certaine Charline Mathias. Mais Vera Hoffmann regarde plus loin : «Cette année, mon objectif était de réaliser la norme pour les championnats d’Europe de Paris (NDLR : 4’11 »). Je veux me rapprocher de ces minima cette saison.»
Et si, samedi, elle se contentera d’assurer le titre, même si Lena Kieffer et Margaux Bruls tenteront de lui donner du fil à retordre, c’est surtout le lendemain à Heusden, en Belgique, qu’elle tentera d’aller vite.
Bidaine focalisé sur la ligne droite
En sprint, le tenant du titre Pol Bidaine (CAB) hésitait presque à se présenter au départ : «J’ai connu des problèmes aux adducteurs. D’abord le droit. Et puis trois semaines après, le gauche. Cela fait six semaines sans entraînement spécifique. Mais maintenant, je me sens prêt à courir.»
Seulement, pour ne pas prendre trop de risques, il se contentera de la ligne droite : «Je laisse le titre sur 200 m», explique le kiné, qui n’a pu s’aligner que sur deux compétitions cette saison, avant d’avoir dû s’arrêter en pleine course à Dudelange. Mais ce qu’il a fait le rend optimiste : «J’ai couru en 10″93 avec un vent de face alors que mon record est de 10″79. J’espère pouvoir courir en 10″85.» Il aura pour principal adversaire son partenaire d’entraînement Olivier Boussong (CAD), qui devrait pouvoir aller chercher le titre sur le 200 m.
Van der Weken sans rivale?
Chez les dames, Patrizia van der Weken n’a pas d’adversaire à sa mesure. La recordwoman du 100 m (11″52) sera la grande favorite des 100 et 200 m. Sans se mettre trop de pression pour un chrono : «L’objectif, c’est le titre. C’est ça qui compte», confie la jeune femme, qui a couru en 11″92 jeudi soir à Marseille. Et qui sera par la suite au départ des championnats de France élite, à Albi.
À suivre également…
Chez les messieurs, Philippe Hilger partira favori sur le 400 m. Sur le 800 m, Gil Weicherding devrait trouver à qui parler avec le jeune et prometteur Vivien Heinz. À la perche, on peut s’attendre à un nouveau titre pour Joe Seil. À la longueur, Bliss Cibango partira avec les faveurs du pronostic, en l’absence du recordman national François Grailet et on s’attend à un duel entre Sven Liefgen et Quentin Bebon à la longueur.
Chez les dames, la bataille promet d’être savoureuse sur 800 m, avec Fanny Arendt, Lena Kieffer et Margaux Bruls. Quant à Martine Mellina, elle devrait s’imposer sur le 5 000 m.
Romain Haas
Des conditions sanitaires strictes
Ces championnats vont forcément se dérouler de manière particulière.
Les spectateurs sont autorisés en nombre limité. Leur identité sera notée afin d’assurer un suivi sanitaire si besoin.
Les équipements qui seront touchés par les athlètes seront régulièrement désinfectés.
Le masque est obligatoire pour tout le monde, hormis les athlètes quand ils sont dans leur compétition.
Le programme
Samedi (à partir de 14 h 30)
Dames : Séries des 100 m, 200 m, 400 m, finales des 400 m haies, 1 500 m, relais 4×100 m, disque, poids, hauteur, longueur.
Messieurs : Séries des 100 m, 200 m, 400 m, finales des 800 m, 5 000 m, 400 m haies, relais 4×100 m, disque, poids, perche, triple saut. À Zoufftgen : marteau
Dimanche (à partir de 14 h 30)
Dames : finales 100 m, 200 m, 400 m, 800 m, 5 000 m, 100 m haies, 4×400 m, javelot, perche, triple saut.
Messieurs : finales 100 m, 200 m, 400 m 1500 m, 110 m haies, 4×400 m, javelot, hauteur, longueur.