Accueil | Sport national | [Athlétisme] «C’était du très, très haut niveau!»

[Athlétisme] «C’était du très, très haut niveau!»


C’est un Vadim Nigmatov tout sourire qui a pris le temps de revenir sur cette 22e édition qui restera dans les annales. (Photo : rh)

APRÈS LE 22e CMCM LUXEMBOURG INDOOR MEETING Le Tadjik Vadim Nigmatov, directeur des opérations événementielles, a été mandaté par European Athletics en tant qu’observateur. Il revient sur une compétition exceptionnelle.

Pouvez-vous nous expliquer la raison de votre présence à la Coque?

Vadim Nigmatov : Je suis ici en tant que délégué technique. Pour chaque compétition d’un si haut niveau, European Athletics ou World Athletics mandate un délégué technique qui est là pour observer la compétition. Vérifier qu’elle est organisée selon les règles et les critères internationaux.

Et alors, qu’a pensé l’observateur de ce qu’il a vu?

C’est la première fois que je viens ici et c’est vraiment du très, très haut niveau! L’organisation est très bonne dans tous ses aspects. Il y avait beaucoup de monde dans le stade, c’est un résultat très positif. Je pense que c’est nouveau pour le Luxembourg d’avoir une compétition d’athlétisme d’un tel niveau, et donc ça prend un peu de temps pour attirer le public. Mais chaque année, il y a de plus en plus de monde. Je n’ai pas les chiffres, mais on dirait qu’environ 80 % des tribunes étaient remplies. C’est incroyable. J’ai le sentiment qu’on est un peu à l’âge d’or de l’athlétisme au Luxembourg. Vous avez beaucoup de grands noms. Et ça attire de plus en plus de gamins qui ont envie de pratiquer ce sport et de personnes qui veulent voir de l’athlétisme.

Sinon, comme je l’ai déjà dit, tout était très bien organisé. Il y a eu d’excellentes performances. Dans la plupart des disciplines, on avait une meilleure performance mondiale ou un record du meeting. On a également eu deux records d’Europe U23 avec (Elie) Bacari en séries du 60 m haies (NDLR : 7″51) et le jeune Polonais (NDLR : Bartosz Kitlinski en 1’45″75) qui a terminé deuxième du 800 m.

Pas mal effectivement.

C’est fantastique d’avoir deux records d’Europe alors qu’on est seulement au début de la saison. Normalement, à cette période, on n’a pas de tels résultats. Mais là, on a vu d’excellentes performances. On peut parler de Patrizia Van der Weken sur 60 m. Du 800 m messieurs. Et beaucoup, beaucoup d’autres performances de très haut niveau. Tout cela est très positif.

Avez-vous eu des échos des principaux concernés?

Oui. J’ai parlé à de très nombreux athlètes et à leurs représentants. Et ils sont tous très contents des conditions. Ils sont heureux d’être ici. Le meeting est déjà silver. Qui sait ce qui peut arriver dans le futur? Pourquoi ne pas viser encore plus haut?

Je pense que le Luxembourg peut penser encore plus grand. (…) Des championnats d’Europe indoor, ce serait quelque chose d’incroyable!

Justement, vous êtes un responsable de très haut niveau d’European Athletics. Et j’ai entendu dire que votre présence n’est pas anodine, surtout dans un contexte où plusieurs meetings comme Astana, Belgrade, voire un autre, vont peut-être abandonner le label gold. Et où, donc, vous cherchez de potentiels candidats pour les remplacer. Le meeting de Luxembourg, même s’il n’est que dans sa première année en tant que silver, pourrait en être un. C’est le cas? Êtes-vous ici pour cette raison?

(Il rit). Non, non pas du tout! Mais c’est vrai que je pense que ce serait une suite logique pour ce meeting dans le futur. Mais pas tout de suite. Il n’y a pas lieu de se précipiter. On peut parfaitement faire encore un ou deux ans en tant que silver et, après, pourquoi pas passer en gold. Mais je pense aussi que le Luxembourg peut penser encore plus grand.

C’est-à-dire? À quoi pensez-vous?

Cela veut dire, par exemple, réfléchir à la possibilité d’organiser des championnats d’Europe indoor. Ce serait quelque chose d’incroyable!

Certes. Mais il y a encore beaucoup d’étapes avant d’y penser, non? La salle n’est-elle pas trop petite?

Oui. Normalement, l’Arena doit être plus grande, même chose pour la piste d’échauffement. Il y a énormément de conditions à remplir, comme un grand centre des médias, de grandes tribunes médias. Mais tout est possible. Si on regarde bien, actuellement en Europe, il n’y a pas beaucoup de pistes permanentes plus grandes qu’ici. C’est le cas d’Apeldoorn, où seront organisés les championnats d’Europe cette année, de Valence, qui organisera les Europe en 2027, ou encore Torun en Pologne. Les autres salles ont soit de plus petites tribunes, soit seulement quatre couloirs au lieu de six.

Donc, certes, toutes les conditions ne sont pas remplies, mais ça reste quelque chose de possible. De faisable. Mais bien sûr, cela dépend également de la volonté politique. Est-ce que le Luxembourg veut se lancer là-dedans, car c’est vraiment un gros événement. L’un des plus gros au monde. Mais pourquoi pas? Ce serait un immense succès.

On a vraiment le sentiment que vous avez apprécié ce que vous avez vu?

Oui. C’était vraiment du très bon travail de la part de la fédération.

Avez-vous été surpris que tout se passe aussi bien?

Non. Plusieurs de mes collègues étaient déjà venus l’an passé pour soutenir ce meeting et l’aider à grandir. Et la présidente, le secrétaire général et le directeur général de la FLA sont venus nous rendre visite à Lausanne. On a passé du temps ensemble. Et je suis convaincu qu’il faut profiter du momentum et aller encore plus loin. Mais, je le répète, ça dépend beaucoup du gouvernement.

Par exemple, j’ai beaucoup entendu des enfants qui viennent voir Patrizia. Ils ont envie de faire de l’athlétisme. Mais il n’y a pas assez de coaches. Il faut investir dans les clubs pour que ce soit le cas. On le voit dans d’autres pays où l’athlétisme a un grand succès. Beaucoup d’enfants viennent, leurs parents expliquent qu’ils veulent que leur enfant pratique l’athlé, mais il n’y a pas assez d’infrastructures, de clubs ou de coaches. Et ce n’est pas un problème seulement ici, mais vraiment partout. Et en même temps, c’est un bon problème.

Parce que c’est bon de faire du sport!

Bien sûr, c’est bon pour la santé. La FLA grandit très vite, elle va amener plus d’enfants à faire du sport. Et c’est également ce que souhaite le gouvernement. Avoir une population active en bonne santé. Ça concerne les enfants, bien sûr. Mais pas seulement. Des adultes peuvent aussi rejoindre les clubs, faire du jogging ou des courses. Et tout cela va populariser le sport et le mouvement.

Des chiffres exceptionnels

12 records du meeting : 1 500 m hommes, 60 m haies hommes (3x), 3 000 m hommes, 800 m hommes, perche femmes, longueur femmes, 200 m femmes (2x), 1 500 m femmes, 60 m haies femmes.

10 records nationaux : Luxembourg (60 et 200 m femmes avec Patrizia Van der Weken, record U23 sur 1 500 m avec Vivien Henz), Inde (60 m haies femmes 2x),  Pays-Bas (3 000 m hommes), Espagne (800 m hommes), Italie (1 500 m femmes), Estonie (60 m haies femmes), Afrique du Sud (60 m haies femmes).

6 world leads : 60 m haies hommes, 3 000 m hommes (les 6 premiers sous le world lead), 800 m hommes (les 2 premiers sous le world lead), 200 m femmes, 1 500 m femmes (les 5 premières sous le world Lead), 60 m femmes.

2 records d’Europe U23 : 60 m haies hommes, 800 m hommes.

2 576 spectateurs : record de l’an dernier (aux alentours de 1 400) pulvérisé. Le tout alors qu’il y avait malheureusement, et malgré pourtant un accord initial entre les deux fédérations, les demi-finales de Coupe en basket organisées au même endroit.

35 000 spectateurs ont suivi le livestream sur la plateforme d’European Athletics et 29 232 sur Apart TV.