Malgré son statut de n° 1 européen, Bob Bertemes ne veut pas se voir plus beau qu’il ne l’est.
Vous avez claqué la meilleure perf européenne de l’année, vous êtes le deuxième meilleur performeur mondial derrière Ryan Crouser. Est-ce que ça a changé quelque chose ?
Bob Bertemes : En fait, non. Une fois les championnats nationaux terminés à la Coque, je suis retourné en Allemagne et j’ai repris mon entraînement normal. Rien n’a changé. On s’est entraînés comme prévu. Tout s’est bien passé. Mais c’était une semaine de préparation tout à fait normale. Tranquille.
Est-ce que cette incroyable performance change quelque chose au niveau de vos objectifs et de vos ambitions ?
Non. Ça donne juste beaucoup de confiance. Ça montre qu’on a fait les bons choix. Qu’on est de nouveau sur la bonne route sur le plan technique. Et ça confirme les bonnes sensations ressenties à l’entraînement. J’arrive à nouveau à faire de bonnes choses et c’est cool. Après, au niveau des ambitions, on reste sur l’idée d’arriver en finale. Ça fait longtemps que je n’ai pas fait une finale et ce serait déjà une belle réussite. Ces dernières années, il me manquait toujours un petit quelque chose, alors maintenant, le but, c’est vraiment la finale!
Vous fixez-vous un but à atteindre en termes de distance ?
Pas du tout. Je veux lancer comme je l’ai fait pendant tout le reste de la saison. J’ai fait une très belle saison hivernale, elle est déjà réussie. Si je commence à me dire que maintenant je dois lancer ça ou ça ou faire ça ou ça pour dire que j’ai fait une belle saison indoor, on n’est plus sur le bon chemin. Ça peut devenir contre-productif. Je vais à Istanbul d’abord parce que j’ai à nouveau envie de lancer.
Ça fait longtemps que je n’ai pas fait une finale
Est-ce que le fait d’avoir vécu la désillusion de Doha vous permet également de prendre du recul par rapport à tout ça ?
Bien sûr. Je veux faire une finale, mais je ne me dis pas qu’il faut que je fasse une finale. Je suis plus âgé. Cela fait trois ans depuis Doha (NDLR : en 2019, Bob Bertemes, auteur d’une saison exceptionnelle avec deux jets à plus de 22 m, faisait figure d’outsider aux Mondiaux, mais avait été éliminé dès les qualifications en lançant à moins de 20 m). Depuis, j’ai fait beaucoup de jets, j’ai beaucoup bossé la technique et le mental. Je suis un athlète différent. Je ne me projette plus, je vis plutôt l’instant présent. Je suis content de retrouver un bon niveau après des années où ça ne marchait pas trop. Et j’ai de nouveau envie de lancer loin.
Avez-vous eu des retours sur ce que vous avez fait aux championnats ?
Non. Je ne suis pas du tout sur les réseaux sociaux. Je vole au-dessus du radar et ça me va très bien. Je préfère me concentrer sur moi-même, le reste ne m’intéresse pas. Je me focalise sur ce sur quoi je peux avoir de l’influence.
Cette saison, vous réussissez généralement à bien attaquer vos concours, ce qui était un souci lors des dernières saisons. Comment l’expliquez-vous ?
Techniquement, j’a retrouvé de la confiance. Il faut avoir de bonnes sensations. Avec ça, tu sais où tu veux aller. C’est vraiment ce qui a changé par rapport aux dernières années.
Vous pouvez lancer encore plus loin ?
Avec Khalid (NDLR : Alqawati, son coach), on a regardé la vidéo. Sur le concours à la Coque, l’entrée était mieux. Ça me donne l’occasion d’avoir plus de temps pour travailler et bien rentrer avec les jambes. En fin de compte, je suis loin d’être le meilleur technicien. Quelqu’un comme Filip Mihaljevic (NDLR : 3e performeur européen de la saison avec 21,84 m) lance de manière très propre. Mon truc à moi, c’est de bien rentrer, de bosser avec les jambes. Pour y arriver, je dois avoir une bonne position et être rapide.
Quel est votre état d’esprit ?
Plutôt zen en fait. En plus, je sors d’un rendez-vous avec mon coach mental (NDLR : Frank Muller) alors je me sens très bien !