Accueil | Sport national | [Athlétisme] Arendt, toujours plus vite

[Athlétisme] Arendt, toujours plus vite


Fanny Arendt serre les dents et file vers son premier chrono sous les 2’01"!

CHAMPIONNATS DE CONFÉRENCE BIG 12 Après une saison indoor exceptionnelle, Fanny Arendt reste sur sa lancée en explosant son record du 800 m (2’00“91). De quoi lui faire sérieusement penser à Tokyo…

Et si c’était enfin la bonne ? Après des années de galère depuis qu’elle est arrivée aux États-Unis, Fanny Arendt voit enfin son corps la laisser tranquille. Résultat ? Elle vole littéralement sur la piste.

Cette saison 2025 est déjà à marquer d’une pierre blanche pour l’étudiante en psycho du côté de Texas Tech. Enfin débarrassée de ses pépins physiques, la protégée d’Yves Göldi peut enfin laisser parler son talent.

Cet hiver, ça a donné des merveilles avec le deuxième chrono luxembourgeois de l’histoire, la victoire en Conférence Big 12 et une qualification historique pour les NCAA Championships, où seules les 16 jeunes femmes les plus rapides des États-Unis sont conviées.

Une saison presque parfaite, qu’elle aurait pu conclure aux championnats du monde de Nankin, pour lesquels elle avait été retenue. Mais elle avait préféré ne pas effectuer le très long déplacement pour éviter de perdre trop de temps dans ses très exigeantes études, elle qui termine son bachelor.

Alors qu’elle était sur un nuage, Fanny Arendt va malheureusement vivre un terrible drame : «Mon père est mort le mardi, juste après les NCAA Championships. Avec mon copain, on est rentrés au Luxembourg. On y était du mercredi au dimanche et je suis retournée aux États-Unis.»

Décidée à honorer la mémoire de son père

Malgré l’immense douleur, elle a décidé d’honorer la mémoire de son papa de la meilleure des manières : «C’était clair que j’allais continuer. Je sais qu’il aurait voulu que j’aille au bout de mes études. C’est mon dernier semestre en psycho et il n’aurait pas souhaité que je laisse tomber.» Même chose sur le plan sportif, où elle reprend les entraînements dès le week-end : «J’avais fait une très belle saison hivernale et il aurait voulu que j’enchaîne en outdoor.»

Fanny Arendt enchaîne donc directement avec la saison estivale : «Les premières courses, c’était très dur. J’ai pleuré avant et après. Mon coach m’avait dit que si je sentais que je ne pouvais pas courir, que je ne le fasse pas. Mais j’ai choisi d’y aller. En sachant que la première course serait horrible de toute façon.»

Si la reprise est, on le comprend, un peu compliquée, elle va progressivement retrouver ses repères. Elle enchaîne les victoires, abaisse ses chronos et en profite, au passage, pour exploser l’ancien record national du 400 m de Frédérique Hansen (54″05 en… 2013) avec un temps de 52″84. Quelques jours après avoir signé la deuxième meilleure perf de son université sur 800 m avec un nouveau record personnel en 2’04″49.

Le week-end dernier, à Lawrence dans le Kansas, se tenaient donc les championnats de la Big 12. Avec une Fanny Arendt en pleine forme. Qui va se surprendre elle-même. Dès les séries, elle sait qu’elle doit aller vite. En effet, seule la vainqueur se qualifiait directement pour la finale, le lendemain :

«Dans la série, je savais qu’une fille avait déjà couru en 2’01″ et que c’était elle qu’il fallait battre. Au début de la course, deux autres partent beaucoup trop vite, je suis restée collée à ma principale adversaire. Elle a dépassé les deux filles de devant. On est passées aux 600 m en 1’31″. Yves (Göldi) m’avait dit de passer en 1’30″. Et aux 600 m, j’ai porté mon attaque en espérant ne pas me faire reprendre dans les dix derniers mètres.» Mission accomplie avec un nouveau record à la clef : 2’03″43.

Samedi, place à la finale. Et comme en séries, deux filles prennent tout de suite les devants. Même tactique pour la Luxembourgeoise, qui savait qu’il fallait rester le plus près possible de Meghan Hunter, qui avait couru «en deux minutes quelque chose en indoor».

Alors quand la grande blonde au maillot bleu se porte en première position, Fanny Arendt réagit et lui emboîte le pas. Les deux athlètes s’échappent du reste de la meute et, au passage aux 600 m, le chrono est rapide. Très, très rapide : «On est passées en 1’28″.» Moment choisi pour Hunter pour accélérer encore le rythme et agrandir son immense foulée pour s’assurer la victoire en… 1’58″99, nouveau record de la Conférence : «Elles sont seulement cinq en NCAA à être passées sous les deux minutes cette saison.»

«Tokyo ? Je commence à y penser depuis samedi»

Mais, derrière, Fanny Arendt ne relâche pas son effort. Elle serre les dents, s’accroche jusqu’au bout. Et est récompensée avec un formidable chrono : 2’00″91. «Quand j’ai vu 1’28″, je me suis dit que je devais absolument rester aussi longtemps que possible avec elle. Elle a encore accéléré, je ne pouvais pas répondre. Alors mon but était de ralentir le moins possible sur les 200 derniers mètres. Je savais que je pouvais terminer en 31 ou 32 secondes et donc que j’allais sûrement battre mon record. J’espérais courir peut-être en 2’01“, car j’avais fait 2’02″ en salle. Mais 2’00″… je n’y croyais pas!»

Avec cette performance, elle devient la deuxième Luxembourgeoise de l’histoire en 2’00″ derrière, bien évidemment, la légende Charline Mathias dont le record national est établi à 2’00″13, depuis l’an passé, à Lucerne.

Et l’air de rien, elle se rapproche d’une possible qualification pour les championnats du monde de Tokyo : «Je commence à y penser depuis samedi», reconnaît-elle. Pour aller à Tokyo, il y a deux moyens, soit réaliser le minimum requis, mais il faut courir en 1’59″00, soit encore plus vite que pour se qualifier pour Paris (1’59″30), soit faire partie des athlètes qui passeront par le world ranking, établi avec une combinaison mêlant le chrono, bien sûr, mais également le niveau de la compétition.

Et sur ce plan, Fanny Arendt, qui court pratiquement exclusivement aux États-Unis, est désavantagée : «Les courses aux États-Unis ne rapportent pas beaucoup de points.» Il lui faudra donc soit pulvériser son record national, soit briller dans des compétitions une fois qu’elle sera de retour en Europe, d’ici un mois.

Autre souci : quand pourra-t-elle se reposer? En effet, elle vient d’enchaîner course sur course depuis le mois de janvier. Elle devait faire une pause juste après la saison en salle, mais le décès de son papa a bouleversé ses plans. Ce n’est pas maintenant qu’elle va pouvoir souffler.

En effet, dans une semaine, elle sera au départ des Regionals à College Station où elle aura un objectif : terminer dans les douze premières pour se qualifier pour la première fois pour les championnats NCAA. Lesquels se tiendront à Eugene, début juin.

Faire une pause en juin ou juillet ? «C’est le moment où il y a le plus de compétitions», précise Fanny Arendt, qui a prévu de prendre part aux championnats d’Europe par équipes à Maribor fin juin ou encore aux Universiades en Allemagne un mois plus tard.

Bref, une véritable quadrature du cercle avec des Mondiaux très tardifs, puisqu’ils se tiendront seulement à partir de la mi-septembre au Japon. Maintenant, comme elle l’explique elle-même : «Au début de la saison, les Mondiaux n’étaient même pas une option. Si je me qualifie, c’est très bien, sinon ce n’est pas la fin du monde. Je n’ai fait aucune préparation pour poursuivre ma saison jusqu’en septembre.»

Alors, Mondiaux ou pas ? On le verra dans quelques mois. Mais quoi qu’il se passe, Fanny Arendt réalise la meilleure saison de sa carrière. Et ça, personne ne le lui enlèvera.

Newsletter du Quotidien

Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez tous les jours notre sélection de l'actualité.

En cliquant sur "Je m'inscris" vous acceptez de recevoir les newsletters du Quotidien ainsi que les conditions d'utilisation et la politique de protection des données personnelles conformément au RGPD .