Quelques missives venues de clubs sont arrivées à Mondercange ces derniers jours pour se plaindre de la fin de saison précoce. La fédération comprend, mais ne s’en fait pas.
C’était inévitable et cela a fini par arriver : des clubs ont manifesté leur mécontentement auprès de la FLF après l’arrêt des compétitions, une décision étalée sur plusieurs jours qui a visiblement mis du temps pour monter jusqu’à certains systèmes nerveux, déjà bien éprouvés par le confinement.
Une missive groupée de quelques entités des divisions inférieures pas ravies à l’idée que leur match de barrage pour la montée ait pu être annulé est donc arrivée sur le bureau de Joël Wolff, le secrétaire fédéral, suivie de près par une autre issue du groupement des clubs de l’élite, la LFL et signée de son président, Pascal Wagner (Pétange). Cette dernière, alertée par un tiers qui souhaite apparemment rester anonyme, s’inquiétait de ce que le passage forcé à seize clubs, l’été prochain, ne soit pas statutairement légal.
«On n’est pas fâchés, on les comprend», a commencé Joël Wolff, interrogé sur ces questionnements légitimes quoiqu’un peu à rebours de l’esprit (naïf?) de solidarité totale réclamé par la fédération.
«Nous n’avons pas modifié les statuts»
Depuis, selon lui, Paul Philipp a décroché son téléphone, discuté avec la LFL notamment pour apaiser ses craintes sur la «constitutionnalité» de cette DN élargie de transition. Sans préjuger du fait que la Ligue ait été convaincue par les explications du patron de la fédération, la FLF, elle, reste droite dans ses bottes. Ne se sentant pas inattaquable même si ses juristes l’ont quand même rassurée a minima sur la question, mais à tout le moins fondée à prendre les décisions annoncées en début de semaine : «On ne peut pas prédire ce qui se passerait devant un tribunal, reconnaît Joël Wolff, mais bon, c’est un fait que la saison est finie! Elle ne PEUT pas aller à son terme. On ne peut pas jouer. Le gouvernement l’a dit. Pourquoi réclamer un barrage? Alors notre décision ne peut pas faire que des heureux, nous en sommes conscients, mais c’est sans doute la moins attaquable devant une juridiction.»
Selon les «plaignants», si, potentiellement. Car elle constituerait une entorse aux statuts. C’est en tout cas ce que la LFL sous-entend, se demandant s’il n’y a pas un danger de s’enfoncer dans une crise profonde au cas où un club décide de transgresser le gentleman agreement qui a permis de ratifier la décision de la FLF sans avoir à passer par une assemblée générale extraordinaire. «Ils ne mettent pas en doute notre décision, précise Wolff, mais ils s’inquiètent. Nous leur avons répondu que, justement, nous n’avons pas pris la liberté de modifier les statuts mais bien de changer le règlement avant de revenir à la normale dès 2021. On revient à la base dans un an. On ne change rien! C’est difficilement attaquable.»
D’autant plus que justement, les statuts, qui doivent se savoir imparfaits, prévoient que le conseil d’administration puisse devenir décisionnaire au cas où surviendraient des cas de force majeure. Une souplesse pas malvenue et qui évite d’avoir à se poser la question de savoir ce que 104 clubs auraient choisi de faire si on leur avait soumis plusieurs scénarios de sortie de crise dans le cadre d’un référendum. La FLF ne voulait pas prendre ce genre de risque. Et ses décisions, c’était inévitable, ne pouvaient pas plaire à tout le monde. Cela en restera-t-il là?
Julien Mollereau