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Arno Piren : un vrai « comic »


Arno Piren compte bien rugir à le NEW. Et se faire entendre jusqu'au Luxembourg... (Photo : Julien Garroy)

Arno Piren, alias «Lion de Bourg», a réalisé son rêve : devenir un superhéros. En catchant.

C’est un monde de superhéros dans lequel il n’est pas question de cape (ni d’épée), mais de bottines et de slip (ultrarésistant). Un univers bien réel où, autant prévenir d’emblée les plus naïfs, tout est savamment orchestré par des scénaristes s’ingéniant à donner vie à des personnages dont les plus illustres ces trois dernières décennies se nomment André le Géant, Hulk Hogan, The Ultimate Warrior, British Bulldog, Jake «The Snake» Roberts, Yokozuna, Triple H, The Rock, John Cena ou le bien nommé Undertaker. À 51 ans, ce dernier, de son vrai nom Mark Calaway, incarne à lui seul ce qu’est le catch : un monde obscur fascinant les plus jeunes, mais agaçant les plus vieux. Dans la nuit de dimanche à lundi, l’icône américaine prendra part à WrestleMania. Dans un Hell in a Cell. Comprenez, l’enfer dans la cage…

Ce monde-là, Arno Piren a décidé de le rejoindre. De s’y faire une place. S’il rêve un jour de se produire aux States, l’Eschois se produit à raison d’un show par mois en moyenne en Allemagne. Notamment à Hessdorf. C’est là qu’Alex Wright, un ancien professionnel, fonde en 2007 son école de catcheurs : The Wright Stuff – Pro Wrestling School. «J’avais 17 ans et la question ne se posait même pas : je devais y aller!» Un enthousiasme que ne parviendront pas à doucher le scepticisme et les moqueries de ses parents. Au contraire. «Ils m’ont dit que c’était idiot, mais j’étais fanatique! Et quelque part, ça a été une motivation supplémentaire», confie celui qui, à 17 piges, se coltina quelque onze heures de train afin de se rendre («avec un copain du lycée») à trois jours de stage à Nuremberg. Un séjour le confortant dans son choix : catcheur il sera.

L’année suivante et son permis de conduire en poche, Arno parcourt deux fois par mois, le temps d’un week-end, les 461 kilomètres qui le séparent de Hessdorf pour suivre les cours dispensés par «le Dirk Nowitzki du catch». «Alex a été le premier Européen à décrocher un titre de champion du monde à la WCW, la 2e plus importante fédération mondiale», précise le Luxembourgeois qui évolue donc à la New European Championship Wrestling (NEW), association créée par Wright lui-même en 2009.

Titulaire d’un bac littéraire, Arno Piren va perfectionner en Allemagne son jeu de comédien entrevu en cours de français. «J’aime le théâtre», confie celui qui, plus jeune, s’amusait à s’autofilmer lors d’interviews improvisées dans le but de parfaire ses gimmicks. «Tu ne peux pas catcher sans être à l’écoute des spectateurs. Au catch, comme au théâtre, on cherche la réaction du public», explique Arno Piren alias «Lion de Bourg» qui, lors de son prochain show, le 2 juin prochain, se présentera dans une nouvelle tenue, où les couleurs grand-ducales remplaceront le noir actuel. «Il y aura aussi le Roude Léiw, mais je ne peux pas en dire plus…»

En Allemagne comme aux États-Unis, chaque show est une page d’une histoire reposant sur des ficelles plus ou moins grosses, même si, à en croire Arno, qui a été initié durant ses cours à ce qu’il appelle «la psychologie du ring», la version manichéenne, celle du bien contre le mal, tend à disparaître : «Il y a aussi le « gris ». Par exemple, Steve Austin était l’antihéros. Il buvait de la bière dans le ring, faisait des doigts d’honneur… Il correspond à l’évolution du catch, car le spectateur cible a changé. Dans les années 80, c’était surtout les enfants, voire les adolescents et aujourd’hui ce sont davantage les jeunes adultes.» Comme quoi on peut se trimbaler en slip et avoir une certaine idée de la fidélité…

Qui dit spectacle, dit répétition. «Non, il n’y en a pas. Il n’y a pas non plus de chorégraphie. On connaît les grandes lignes, mais il y a aussi une part d’improvisation», explique le «Lion de Bourg» dont la prise de finition est le taxruling, qui consiste à effectuer une suplex, mais en s’écrasant sur le torse de son adversaire. Une technique rendue célèbre par un ancien footballeur américain, William Goldberg. «Lui, il appelait ça le jackhammer», sourit Arno dont la voix, calme et posée, semble être à mille lieues de cet univers bourré de testostérone qui n’attire d’ailleurs pas uniquement les mâles en manque de sensations fortes. «C’est du 50-50», glisse celui qui, en moins d’un an et à en croire le site internet même de la NEW, a plutôt la cote auprès des «fans féminins». Sans doute en raison aussi du «goût prononcé pour la justice» de celui qui, hors du ring, est employé à la faire respecter.

Charles Michel

Nos confrères de l’Essentiel l’avaient suivi récemment lors d’un entrainement.

Retrouvez l’intégralité du portrait dans Le Quotidien papier de ce jeudi.

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