Anthony Moris et l’Union Saint-Gilloise se frottent ce jeudi soir à Anderlecht pour une place en quarts de finale de la Coupe.
Pour un derby, c’est un sacré derby. Entre les Mauves de Vincent Kompany et l’Union, il y aurait tout pour déchaîner les passions. Encore faudrait-il que les spectateurs soient admis au stade. Il n’empêche, Anthony Moris va vivre l’instant pleinement parce qu’il peut contribuer à dessiner une saison encore plus folle.
Le rendez-vous de ce jeudi soir, si le coronavirus n’était pas encore présent, empêchant les gens de venir au stade, serait un moment assez dingue à vivre, non ?
Anthony Moris : Ah oui, pour les gens de Bruxelles, c’est vraiment LE derby à vivre. Pour nos supporters, c’est un match contre LE club bruxellois, en tout cas à l’heure actuelle. C’est d’autant plus triste de ne pas les avoir avec nous qu’on enchaîne les succès et que j’ai l’impression qu’on pourrait offrir pas mal de bonheur aux gens en ces temps difficiles. Rien que le 16e de finale contre Mouscron (NDLR : victoire 2-1 de l’Union à la dernière seconde et en infériorité numérique) était déjà palpitant. Mais quand on les croise, on voit bien que les fans sont fiers. Cela fait plus de 40 ans qu’ils attendent un retour de leur club parmi l’élite. Cette saison les passionne et on voit bien qu’on commence à intéresser de plus en plus de monde.
En termes d’effectif, l’Union est-elle déjà une équipe de D1 belge ?
Je pense surtout que l’Union a compris que pour remonter, c’était l’année ou jamais, de par la faiblesse relative du championnat. Par le jeu des clubs qui pouvaient monter ou pas, se maintenir ou pas, le Lierse se retrouve, alors qu’il était 15e de D1 amateure, comme le RWDM qui était 4e. Les espoirs de Bruges sont là un peu par hasard aussi. Le championnat est affaibli par rapport à ce qu’il était la saison passée. Mais on n’y obtient aucun succès facile. Mais cela fait que nous-mêmes avons du mal à nous juger. Anderlecht, justement, peut nous montrer ce qu’on vaut vraiment.
Et à quel niveau vous vous situerez la saison prochaine, à l’étage du dessus ? Puisque avec douze points d’avance sur le deuxième à dix journées de la fin, peut-on encore croire que vous n’allez pas monter la saison prochaine ?
Il y a toujours un doute car le championnat est ainsi fait que nous devons encore rencontrer Lommel et Seraing deux fois. Suffit de faire les calculs. Mais on a effectivement notre sort entre nos mains et ne pas monter dans ces conditions serait une faute professionnelle.
Un match contre Anderlecht, j’en ai joué un autre avec Malines, qui s’était aussi très mal passé
En revanche, passer en Coupe en éliminant une deuxième équipe de l’échelon supérieur serait un petit exploit. Quel Anderlecht attendez-vous ?
Je suis d’avis qu’ils seront très compétitifs. Avec cette équipe, on ne peut pas vraiment parler de titulaires, car ils tournent beaucoup. Et j’ai envie de dire peu importe car au tour précédent, ils ont respecté le FC Liège. Non, ce sera très solide. Parfait pour se jauger.
Vous avez désormais une bonne décennie de carrière dans le monde pro belge derrière vous. Et Anderlecht, vous ne l’avez pas rencontré si souvent et cela s’est souvent très mal terminé…
Oui c’est vrai. Je me rappelle qu’en 2012, on était allé perdre 3-0 là-bas avec le Standard. La plupart de nos joueurs titulaires n’avaient pas fait le déplacement à l’époque car Anderlecht venait d’être sacré champion. Ils n’avaient pas envie de vivre cette humiliation consistant à voir Anderlecht fêter un titre chez lui. Pour moi, enfant du Standard, ça avait été douloureux de vivre ça. Un match contre Anderlecht, j’en ai joué un autre avec Malines, qui s’était aussi très mal passé : je me fais les ligaments croisés après deux minutes de jeu mais je finis le match. On perd 2-0 et je me fais opérer dans la foulée. J’espère une fin plus belle cette fois.
Si vous parvenez à vous qualifier, cela sentira quand même la saison dingue, non ?
Des fois, je pense à faire une saison de rêve comme celle de Malines il y a deux ou trois ans (NDLR : en 2019) : ils finissent champions de D2 et remportent la Coupe. Mais bon, un objectif après l’autre…
Quand on voit où vous en étiez à titre personnel il y a un an, merci Felice Mazzu et l’Union ?
Oui, je peux le remercier. J’ai senti son envie de m’avoir. Et derrière, le club m’a convaincu de son projet. Heureusement, j’ai signé pour trois années plus une autre en option. Ainsi, j’aurai au moins deux ans en D1. C’est l’ambition. Je n’aime pas me projeter trop loin mais l’Union ressemble à ce qui pourrait être l’un de mes derniers clubs, peut-être même le dernier.
Vos problèmes avec Virton sont-ils réglés ?
Ah ça, il y a un an, c’était beaucoup moins riant la situation ! Et non, ce n’est toujours pas réglé : on est encore en procès. Mais finalement, tout ça n’est peut-être pas arrivé pour rien : j’ai fait un très bon choix derrière.
Un mot sur le coach de votre adversaire du soir, Vincent Kompany : avez-vous l’impression qu’il est parvenu à passer le cap de sa glorieuse carrière de joueur vers celle du technicien ?
C’est difficile de porter un regard sur ses compétences puisqu’il vient de commencer mais il est arrivé avec une tout autre philosophie et une équipe de jeunes très à l’écoute. Un défi passionnant. Je crois qu’il prend beaucoup de plaisir. En fait, ça se voit. Après, Kompany c’est une légende mais il faut dissocier le joueur qu’il était du coach. Il a été fort critiqué en début de saison mais il a gagné le respect de tout le monde contre Genk (NDLR : victoire 1-2 le week-end dernier) en montrant que tactiquement, il était dans le bon.
Vous avez atteint la trentaine. Commencez-vous, vous aussi, à penser à l’après ?
Pour le moment non. J’en profite pleinement. J’ai envie de finir une troisième saison de suite en tant que champion même si la saison passée, avec Virton, c’était virtuel. Mais en tout cas, la mécanique ne rouille pas !
Entretien avec Julien Mollereau