Étudiante et joueuse professionnelle à Wiesbaden (Allemagne) depuis une saison et demie, Annalena Mach espère que son expérience va faire des émules au Luxembourg.
Sa blessure au mollet gauche contractée il y a bientôt quatre semaines à l’entraînement a au moins l’avantage de lui permettre de souffler un peu. Depuis plus d’un an et demi, Annalena Mach vit au rythme de ses études en biologie à Francfort où elle est en deuxième année de son bachelor, des entraînements quotidiens et des matches avec Wiesbaden, club du haut du panier en Bundesliga.
Mardi, la joueuse luxembourgeoise s’estimait encore un peu juste pour prendre part au quart de finale de la Challenge Cup contre les Roumaines de Bucarest. «Peut-être que j’entrerai sur quelques services, car mon entraîneur trouve que je suis forte dans cet exercice», envisageait-elle. Malheureusement hier soir, Wiesbaden s’est incliné 3 sets à zéro contre Bucarest sans Annalena Mach, qui est restée sur le banc.
Le Quotidien : Vous n’avez plus joué avec Wiesbaden depuis plus de trois semaines. Comment le vivez-vous?
Annalena Mach : J’étais un peu stressée avec l’université et le sport. J’étais très fatiguée et je crois que ça favorise les blessures, parfois. Comme j’ai joué la Novotel Cup avec le Luxembourg début janvier, je n’ai pas vraiment eu le temps de souffler. L’un dans l’autre, ça me fait du bien de me reposer, mais une semaine, ça aurait été suffisant!
Votre vie en Allemagne vous stresse?
Disons que ce n’est pas toujours évident. L’université est à 30 minutes de la salle de Wiesbaden, je dois toujours m’organiser à la minute près pour être là aux entraînements. Parfois, je manque ceux du matin, mais c’est plutôt rare. Le soir, je suis toujours là. Ça fonctionne bien pour l’instant, mais à un moment donné, ça faisait trop.
Wiesbaden a chuté le week-end dernier pour se retrouver 5 e en Bundesliga. Est-ce sa juste place?
Dresde joue la Ligue des champions, on a bien vu le week-end dernier que c’était vraiment dur de jouer contre elles. Mais on est vraiment très proche d’équipes comme Stuttgart ou Schwerin. On a eu du mal à se mettre en route en début de saison, mais on s’est vraiment bien reprises depuis. Les play-offs vont bientôt débuter.
Le titre est-il hors de portée?
Je ne dirais pas ça, mais il faudrait qu’on joue vraiment très bien. Battre Dresde est possible, on l’a fait lors du match aller (0-3). Si on termine troisième comme la saison dernière, ce serait déjà super.
Avez-vous trouvé votre place dans l’équipe? Vous considérez-vous comme une joueuse du 6 de base?
C’est difficile à dire car il y a une rotation sur mon poste de pointue. Je joue plus que la saison dernière, déjà. J’en suis très heureuse. Mais comme je reviens de blessure, j’ai un peu l’impression de repartir de zéro, de devoir faire mes preuves à nouveau.
Comment avez-vous vécu la transition entre le poste que vous occupiez au Luxembourg, réceptionneuse-attaquante, et celui qu’on vous a confié à votre arrivée à Wiesbaden, pointue?
Vu la qualité des services en Allemagne, je ne pouvais pas vraiment jouer réceptionneuse, car je ne suis pas assez forte dans ce domaine. J’ai été totalement d’accord sur le fait que je devais jouer pointue. C’est un poste que j’aime bien et que j’ai occupé parfois au Luxembourg. Après, je ne suis pas encore assez stable. Le niveau, ici, est très haut. Dès que je me déconcentre un peu, mon niveau s’en ressent immédiatement. Mais je pense avoir fait de grands progrès par rapport à la saison dernière.
Dans quel domaine?
Je vois les effets de la musculation, chose que je pratiquais peu au Luxembourg. Je saute plus haut, je suis plus rapide. Techniquement, je me suis améliorée aussi.
Cette expérience en Allemagne modifie-t-elle aussi la femme que vous êtes?
C’est vrai que ça fait du bien de quitter le Luxembourg. C’était toujours un rêve pour moi. Ça endurcit un peu. Au début, j’avais vraiment peur. Je ne connaissais personne au club. Je ne savais pas si j’allais avoir le niveau, si j’allais pouvoir me débrouiller. Mais ça se passe très bien. Je n’ai pas le temps de cogiter. Tout le monde au club a été très sympa. Et puis, j’ai beaucoup d’amis qui viennent me voir. Tout le club de Steinfort est venu assister à notre dernier match, c’était vraiment sympa.
Racontez-nous comment les premiers contacts se sont noués : c’est Detlev Schönberg, recruteur du club et sélectionneur du Luxembourg, qui en est à l’origine.
Voilà. J’étais venu une semaine à l’époque où j’avais 15-16 ans, mais j’avais en tête de finir d’abord mes études. Je savais que Wiesbaden me voulait toujours. Detlev me tenait au courant. Il a joué un grand rôle, on s’entend très bien.
Quelle relation entretenez-vous avec Dirk Gross, votre entraîneur ?
Il est complètement différent d’Andreas Vollmer (NDLR : aujourd’hui entraîneur de Münster, 4 e de Bundesliga), qui était très bon mais très stricte. Dirk est très humain. On peut lui parler de nos problèmes. Au début, ce n’était pas évident. Il était nouveau. Il a fallu qu’on s’adapte à lui, et vice versa. On a dû avoir une discussion. Depuis, ça roule.
Serez-vous encore à Wiesbaden la saison prochaine?
On doit en discuter. J’aimerais bien. Je vais entrer dans mon quatrième semestre à l’université. J’en ai six au total, mais je ne sais pas si je vais aller au bout, car c’est très compliqué à gérer avec le volley. C’est une réflexion globale que je dois mener.
Avez-vous l’ambition de vous consacrer exclusivement au volley?
Oui. Les études, c’est important. Je veux réussir mon bachelor. Mais je veux vivre. Je ne sais pas si j’ai le niveau pour aller plus loin, mais je veux essayer.
Est-ce difficile, quand on est luxembourgeois, de se motiver pour tenter de passer pro et donc de vivre d’un salaire plutôt modeste?
Ça a toujours été clair pour moi. Je ne veux pas me concentrer sur ce que disent les autres. Je sais que je ne pourrai pas vivre du volley très longtemps. Gagner peu en jouant au volley ne me dérange pas pour le moment. Mon appartement est payé par le club. Je suis nourrie. Je n’ai pas de problème à ce niveau-là.
De plus en plus de Luxembourgeois tentent leur chance à l’étranger, à l’image de Chris Zuidberg à Tours et bientôt Kamil Rychlicki…
C’est une expérience exceptionnelle. Je ne comprends vraiment pas les gens qui ne se lancent pas alors qu’ils en ont les capacités. J’espère que d’autres filles vont tenter leur chance.
D’autres joueuses au Luxembourg auraient le potentiel pour suivre vos traces?
Oui. Betty Hoffmann, par exemple. Elle est vraiment bonne. J’espère qu’un jour elle essaiera. Mais ce n’est pas à moi de décider.
Comment vous considère-t-on en Allemagne? Vous fait-on sentir que vous venez d’un petit championnat, d’un petit pays?
Oh… Une fois, à la télé, les commentateurs ont été étonnés de voir une Luxembourgeoise entrer en jeu. Ça peut faire bizarre.
Aviez-vous ce complexe de la petite Luxembourgeoise qui débarque dans un grand championnat, dans une grosse équipe?
Non, je me concentre toujours sur moi-même. Je ne fais aucun complexe.
Raphaël Ferber
Photos Julien Garroy aux Jeux des petits Etats européens, en Islande en 2015 (Annalena Mach porte le numéro 7)
[/vc_column][TS_VCSC_Lightbox_Gallery content_images= »65731,65732,65733,65734,65735,65736,65740,65741,65742,65743,65744,65745,65746,65747,65748,65749,65750,65751″ content_images_size= »large » lightbox_effect= »swipe » el_file1= » » el_file2= » »][/TS_VCSC_Lightbox_Gallery][/vc_column]