Andy Schleck a donc un successeur luxembourgeois au palmarès de la Doyenne, avec la victoire dimanche de Bob Jungels. Ce qui rend le vainqueur de 2009 «fier», mais aussi un brin «malheureux» de ne pas avoir été sur place pour vivre ça.
Comment avez-vous vécu ce Liège-Bastogne-Liège ?
Andy Schleck : J’étais devant la télévision chez ma belle-mère, avec mes deux enfants et ma femme. D’ailleurs, je vous avoue que j’avais dit à cette dernière ce matin que Bob avait une chance. Il n’était pas dans la liste des favoris, mais on a vu sa forme monter en puissance sur ces dernières courses. Il a démarré deux ou trois kilomètres plus loin que moi en 2009 dans la Roche-aux-Faucons. Et quand il est parti, je me suis dit que c’était le bon coup. Bob, il ne faut jamais le laisser partir !
Mais il n’empêche, j’étais très nerveux devant la télé. Parce que, d’expérience, je savais que dans la côte suivante, Saint-Nicolas, il allait perdre du temps. Après, quand j’ai vu qu’il avait encore 20 secondes au sommet, je savais que cela allait le faire. S’il y a un gars capable de pousser un gros braquet, de rouler à 50-55 km/h, c’est bien lui. Sur le plat, c’est lui le plus fort.
Vous pensiez que s’il y en avait un qui pouvait vous succéder au palmarès de ce monument, c’était Bob Jungels ?
Honnêtement, je n’aurais pas cru que cela arriverait si vite. Simplement parce qu’il ne s’alignait jamais à 100% sur les classiques. Mais, personnellement, je l’ai toujours dit : Bob est un coureur de classiques ! Il peut toutes les gagner ! De Paris-Roubaix, qu’il a remporté en espoirs, à Liège-Bastogne-Liège. Donc le voir remporter cette Doyenne n’est pas une surprise. Mais je suis très fier qu’il me succède et heureux pour lui ! Je m’étais dit que j’allais peut-être aller à Liège ce dimanche et finalement, cela s’est passé autrement. Et je vous avoue que là je suis un peu malheureux de ne pas avoir fait la route. J’aurais bien aimé y être.
Une victoire dans une grande course comme Liège-Bastogne-Liège, cela vous change un coureur ?
Cela dépend d’où vous en êtes dans votre carrière. Ici, pour Bob, je dirais non. Il a déjà remporté de belles victoires, notamment sur le Giro. Et il est en position de leader au sein de son équipe. Donc, au sein de la Quick-Step ou du milieu du vélo en général, cela ne changera rien. Après, aux yeux du grand public étranger, peut-être, oui.
Quand on voit son numéro dans les 20 derniers kilomètres, on ne peut pas s’empêcher de se dire qu’il pourrait claquer pas mal d’autres classiques…
C’est vrai. C’est aussi mon avis. Comme je le disais, je le vois gagner partout. Après, lui a plutôt en tête de réussir un podium sur le Tour. Personnellement, même si j’ai gagné à Liège, je pense que j’étais fait pour les grands tours. Mais si j’avais eu le même moteur que celui de Bob, j’aurais fait toute ma préparation focalisée à 100% sur les épreuves d’un jour ! Et je crois que s’il avait effectué ce choix ces deux ou trois dernières années, Liège-Bastogne n’aurait pas été sa première grande classique.
Entretien avec Julien Carette