La saga sarthoise des 24 Heures du Mans, qui dure depuis 1923, va encore rebondir ce week-end, devant 250 000 spectateurs bien réels et des dizaines de millions de téléspectateurs, avec un 84e épisode au scénario imprévisible.
A Hollywood-sur-Sarthe, le départ sera donné par l’acteur américain Brad Pitt, samedi à 15h00 locales, à 60 voitures engagées dans quatre catégories, et donc à 180 pilotes qui vont se relayer jour et nuit sur le Circuit des 24 Heures (13,629 km), à 200 km/h de moyenne: un casting royal mêlant les ex-pilotes de Formule 1 aux gentlemen-drivers plutôt aisés et avides de sensations fortes.
Pour un prix défiant toute concurrence -78 euros la semaine, 58 pour les membres de l’Automobile Club de l’Ouest (ACO)- les fans de belles mécaniques vont vivre une 84e édition historique, comme la plupart des précédentes. Et très animée, à en juger par le plateau réuni dans quatre catégories: LMP1, LMP2, GTE-Pro et GTE-Am.
Si la météo s’en mêle, ce qui est prévu, le chantier va durer 24 heures et sera émaillé d’incidents, alors même que les maîtres d’oeuvre, chez Porsche, Audi et Toyota, sont des gens très expérimentés, qui ne laissent rien au hasard. A la fin, il y aura beaucoup de vainqueurs et quelques déçus, mais surtout des milliers de fans ravis de leur week-end dans la Sarthe.
Les 24 Heures du Mans, c’est de l’événementiel avec un grand E, parfaitement orchestré par l’ACO, un E comme épique et étonnant, entre autres qualificatifs sans cesse justifiés par ce qui se passe sur la piste et autour. Il y en a pour tous les goûts et ça se déguste aussi en famille, avec femmes et enfants, grâce à des animations et améliorations apportées chaque année, sur fond d’innovation technologique permanente.
Porsche et Ford en pole position
Côté purement sportif, dans la catégorie-reine (LMP1), la Porsche N.2 du Suisse Neel Jani, du Français Romain Dumas et de l’Allemand Marc Lieb, partira en pole position, comme l’an dernier, et six prototypes hybrides, favoris pour la victoire, s’élanceront sur les trois premières lignes: deux Porsche 919 Hybrid, suivies de deux Toyota TS050 Hybrid et deux Audi R18. Mais les deux Rebellion privées, non-hybrides et très fiables, seront à l’affût, en 4e ligne, prêtes à bondir sur le podium.
Dans la catégorie LMP2, celle des petits prototypes privés, le casting est aussi étonnant et cosmopolite que la course sera indécise. Trois exemples, parmi 23 équipages et 69 pilotes: un quintuple champion olympique de cyclisme sur piste annobli par la Reine d’Angleterre, Sir Chris Hoy; un champion du monde de football, Fabien Barthez, gardien historique des Bleus; un quadri-amputé de 47 ans, Fred Sausset, qui roulera hors-classement mais en plein coeur du peloton.
Sur le cas Sausset, certains trouvent que l’ACO est allée un peu trop loin dans le délire, mais pas le principal intéressé, frappé par une bactérie quasi-mortelle en 2012, pendant ses vacances dans les Landes. Il est devenu cette semaine un exemple hors-norme pour tous les handicapés de la planète: il roulera à près de 300 km/h dans les Hunaudières, sans bras et sans jambes. Inouï.
En GTE-Pro, ce sera aussi la guerre des étoiles, grâce à Ford, de retour dans la Sarthe avec quatre GT dont une en pole position, et un objectif bien précis: battre à la fois Ferrari, Porsche, Aston Martin et Chevrolet, pour ouvrir un nouveau chapitre de la légende du Mans.
Il y a 50 ans tout juste, en juin 1966, trois Ford GT 40 monopolisaient le haut du classement général. Dimanche à 15h00, il y aura quatre podiums de catégorie, 12 équipages récompensés, 36 pilotes vivant un moment unique «de sport, de plaisir et de partage». Trois mots répétés sans cesse par Fabien Barthez, le parfait ambassadeur moderne du Mans et de ses valeurs.
Le Quotidien/AFP