Les très fortes chaleurs attendues ce week-end sur le circuit des 24 heures du Mans pourraient bien arbitrer le duel entre Porsche et Toyota lors de cette 85e édition.
Au moment du départ, donné samedi à 15 heures par le patron de la Formule 1, l’Américain Chase Carey, la température ressentie sur la piste devrait avoisiner les 35 degrés. « On risque très certainement d’assister à la première course sans une goutte de pluie depuis 2000 », explique Pierre Fillon, président de l’Automobile Club de l’Ouest.
« Cela va être intéressant d’observer le comportement des voitures dans ces conditions très dures », ajoute le frère de l’ancien Premier ministre et candidat à la présidentielle 2017.
« Ce sera le facteur clé de la course de cette année, sans aucun doute », assure Pascal Vasselon, le directeur technique de l’écurie japonaise.
Alors que la catégorie reine (LMP1) a rétréci par rapport à 2016, avec le retrait d’Audi, Toyota aligne trois voitures pour décrocher sa toute première victoire contre deux voitures à son rival allemand, qui compte 18 succès à son palmarès.
Les deux premières courses du Championnat du monde d’endurance (WEC), à Silverstone et à Spa, ont été remportées par la Toyota du trio Buemi-Davidson-Nakajima.
Mais au Mans la voiture N.8 a connu des problèmes de moteur, et c’est la N.7 qui a surgi de sa boite en qualifications pour battre le record du circuit dans sa configuration actuelle.
Profitant d’une piste quasiment dégagée suite à un drapeau rouge, Kamui Kobayashi a décroché la pole avec un temps époustouflant de 3 minutes 14 secondes et 791/1000e, soit deux secondes de mieux que la précédente marque établie par Porsche en 2015. « C’est bien d’avoir la pole position, mais maintenant le plus dur reste à faire », résume Kobayashi. « On a un bon équilibre en terme de vitesse de croisière », pointe le Japonais de 30 ans, toutefois dans l’expectative concernant de possibles coups de chaud.
Le règlement des 24 Heures du Mans stipule en effet que si la température ambiante en course est supérieure à 32 degrés, les pilotes des voitures sans climatiseur à l’intérieur de l’habitacle ne doivent pas dépasser un temps de conduite consécutif de 80 minutes.
Or si la Porsche 919 Hybrid dispose d’un système de climatisation au point, la TS050 Hybrid semble démunie dans ce domaine.
« Cela va certainement créer beaucoup de problèmes de fiabilité et apporter un aspect tactique à la course », analyse le pilote Porsche, Neel Jani.
« Il faudra être plus intelligent, et bien savoir utiliser cet avantage potentiel », affirme le Suisse.
Pascal Vasselon se montre rassurant, bon gré mal gré, en préférant évoquer les pneumatiques: « On n’a pas rencontré de problème de dégradation inhabituel à ce niveau ».
Mais si les organisateurs font appliquer à la lettre le règlement en cas de canicule, ses pilotes devraient davantage se relayer et ces arrêts supplémentaires aux stands leur feraient perdre un temps précieux.
Une difficulté en plus car le statut de favori met déjà une pression maximale sur l’écurie nippone, après le véritable traumatisme vécu l’an passé, la victoire lui ayant échappé dans les toutes dernières minutes.
Pas question de perdre la face une nouvelle fois, surtout que le grand patron de Toyota, Akio Toyoda, arrière petit-fils du fondateur, fait le déplacement.
Outre un triomphe inédit dans la Sarthe, Toyota veut aussi récupérer le titre des constructeurs, remporté à une seule reprise, en 2014.
Et la course rapporte le double de points par rapport aux autres épreuves du WEC.
Hormis la météo, un autre piège sera au rendez-vous sous la forme des nouvelles LMP2.
Les voitures de cette catégorie ont connu un tel bond chronométrique cette saison qu’elles auraient été en pole position en catégorie LMP1 durant l’édition 2006.
Les pilotes de Toyota et Porsche devront donc refroidir leurs ardeurs lors des très nombreux dépassements qu’ils seront amenés à effectuer.
Le Quotidien / AFP