Longtemps éloigné des pistes à cause d’une blessure, Charel Grethen a signé, samedi à Liévin, un superbe retour, en améliorant son propre record national du 1 500 m en indoor (3’42“64).
Charel Grethen est venu, il a vu. Et même s’il n’a pas vaincu, le demi-fondeur a largement réussi à sa sortie, samedi, du côté de Liévin : «Je n’en espérais pas tant. Je ne m’attendais pas à ça. Je voulais surtout reprendre contact avec la compétition», explique l’athlète du CSL, qui a bouclé son 1 500 m en troisième position, avec un nouveau record national à la clef (3’42“64 contre 3’43“27 en février 2019).
Il faut dire que tout est allé très vite : «Normalement, j’avais prévu de reprendre la compétition vers la fin janvier début février. Mais mercredi, mon manager me demande si je veux courir samedi à Liévin. Je n’ai pas hésité longtemps et on a adapté l’entraînement. Au vu de l’évolution perpétuelle de la situation sanitaire, toute course est bonne à prendre car on ne sait jamais quand viendra la prochaine», confie-t-il. Et d’expliciter : «Je devais aller à Erfurt le 2 février, ça a été annulé. Le 6, j’ai le meeting de Metz qui est prévu, mais je viens de recevoir un mail m’indiquant que je risquais de ne pas pouvoir y aller car ils allaient limiter le nombre d’étrangers.»
Il s’est donc rendu, samedi dans le nord de la France. Avec pour seule ambition, celle de retrouver des sensations : «J’ai couru au feeling. Avec mon entraîneur (NDLR : Camille Schmit), on avait convenu que je devais faire le premier 1 000 m tranquille et terminer fort dans les deux derniers tours. Je pense que je passe en 2’31“5, je me sentais bien alors je suis passé à l’attaque.» Et au prix d’un superbe finish, il s’empare de la troisième place avec un chrono canon à la clef : «Je suis vraiment satisfait. C’était ma première course depuis un an et demi et je suis surpris de battre mon record national.»
Il faut dire qu’il revient de loin. En effet, hormis une apparition victorieuse le 4 octobre dernier pour aller chercher le titre national du 10 km sur route, Charel Grethen n’avait plus pris part à une compétition depuis une éternité. À partir de 2017, il a en effet dû composer avec une blessure au tendon d’Achille qui s’est révélé finalement être un syndrome de Haglund : «Ça a commencé fin 2017. J’ai vu beaucoup de docteurs différents. On a essayé de faire trois semaines de repos, ça n’a rien fait. Puis lors de la saison 2018, j’ai fait entre six et huit semaines de pause et ça n’a eu aucun effet non plus. Je me suis donc entraîné avec cette blessure et à un moment, les médecins m’ont proposé de me faire opérer.» Même s’il aurait pu continuer de courir sans passer par la case opération, il s’est décidé : «On a essayé d’éviter l’opération, mais ça n’aurait pas été une bonne chose sur le long terme. En tant qu’athlète il faut être à 100 % et ça n’aurait pas été le cas. Il y aurait toujours eu de la compensation», explique-t-il.
Mais maintenant, tout va bien : «J’ai encore quelques soucis au tendon, mais plus sur des longues sorties de 20 km. Mais quand je fais de la vitesse, ça va mieux.»
Billet en poche pour Torun
Et Charel Grethen est dans les temps du point de vue des objectifs qu’il s’était fixés en début d’année : «Le premier c’était retrouver la compétition, le deuxième d’aller aux championnats d’Europe en salle et le troisième, la qualification pour les JO.» Pour les deux premiers, c’est réglé. En effet, pour décrocher son billet pour Torun, en Pologne (5-7 mars), il fallait réaliser 3’45“ : «C’est presque deux secondes et demie de moins. D’après ce que j’ai compris, les organisateurs de Torun veulent vraiment organiser la compétition, certainement sous forme de bulle. J’espère que ce sera maintenu.»
Pour le troisième, il compte sur le World Ranking pour s’inviter à Tokyo : «World Athletics (NDLR : la fédération internationale) prend en compte les cinq meilleures performances, dont deux peuvent être en indoor.» D’où l’importance d’être performant lors de la saison en salle : «Ce n’était que ma première course. J’ai été très conservateur sur les 1 000 premiers mètres et je peux encore progresser.»
Reste à savoir où et quand. Pour le moment, il a prévu de s’aligner au départ des championnats nationaux, initialement prévus le 30 janvier qui ont été retardés d’une semaine et sont désormais fixés au 7 février. La suite? «C’est compliqué d’établir un planning fixe. Tout change d’une semaine à l’autre. Tout ce que je peux faire, c’est m’entraîner sans trop me poser de questions.» En tout cas, sa prestation est de nature plus qu’encourageante pour la suite. En espérant qu’il y ait une suite. Mais ça, c’est une autre histoire…
Romain Haas