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Wimbledon : Djokovic au 7e ciel


"Ça a toujours été le plus important tournoi dans mon cœur" a rappelé Djokovic après sa victoire. Photo : AFP

Novak Djokovic a retrouvé le goût de la victoire: un an après son dernier titre du Grand Chelem, le Serbe a remporté dimanche son septième tournoi de Wimbledon, en dominant un Nick Kyrgios très en verve, et ainsi ajouté à son palmarès un 21e trophée du Grand Chelem.

« Je n’ai plus les mots pour dire ce que ce tournoi et ce trophée représentent pour moi », a commenté le Serbe de 35 ans quelques minutes après avoir battu Kyrgios (40e mondial) 4-6, 6-3, 6-4, 7-6 (7/3).

« Ça a toujours été le plus important tournoi dans mon cœur. C’est ce tournoi qui m’a donné envie de jouer, quand j’ai vu Pete Sampras gagner. C’est alors que j’ai demandé à mes parents de m’acheter une raquette », a rappelé le N.3 mondial.

Son entraîneur Goran Ivanisevic était admiratif du parcours mental effectué par son joueur après sa rétention en Australie et son expulsion du pays avant le premier Majeur de l’année, en janvier.

« Il y a des gens qui ne s’en remettraient pas, qui ne rejoueraient jamais au tennis (…) La façon dont lui s’en est remis, c’est incroyable. Pour moi, c’est héroïque » a déclaré le coach.

Vainqueur des quatre dernières éditions du Majeur sur gazon, Djokovic revient ainsi à une longueur du record de 22 trophées du Grand Chelem détenu par Rafael Nadal. Et il en a désormais un de plus que Roger Federer (20).

« C’est un peu un dieu, sans mentir », a souligné Kyrgios dans ses tout premiers mots, lui qui jouait à 27 ans sa première finale de Grand Chelem.

« Tellement épuisé »

De là à vouloir en jouer plus ? « Pas du tout ! a rétorqué le fantasque Australien. Je suis tellement épuisé… Je suis très heureux de ce résultat et peut-être qu’un jour je reviendrai, mais ça je n’en sais rien ». Son vainqueur du jour le lui a pourtant assuré : « tu reviendras non seulement à Wimbledon, mais en finales ».

Avec ce septième titre sur le gazon londonien, Djokovic ne marquera aucun point de classement puisque l’ATP -comme la WTA chez les dames- a décidé de ne pas en distribuer en raison du refus du tournoi d’accepter les joueurs russes et bélarusse en représailles à la guerre en Ukraine. Pire, il perdra même les 2000 points de sa victoire de l’an dernier, ce qui devrait le faire reculer à la 7e place mondiale.

Mais il égale son idole Sampras et se retrouve à une longueur du record de Roger Federer chez les messieurs. Le record absolu est détenu chez les dames par Martina Navratilova qui a remporté le tournoi à 9 reprises.

Il égale aussi Sampras avec quatre titres consécutifs à Wimbledon. Seuls Björn Borg et Roger Federer en ont aligné cinq. Il a aussi signé son 28e match victorieux consécutif au All England Lawn Tennis Club où seuls Sampras (31), Federer (40) et Borg (41) ont fait mieux.

Djokovic y a en outre enregistré sa 86e victoire, mais reste encore à distance du plus prolifique Federer (105).

Contrairement au Serbe qui empile victoires et records depuis des années, Kyrgios n’a réussi que cette année, à Wimbledon, à laisser parler sur la longueur son génial tennis si souvent étouffé par ses frasques. « Tu as démontré durant ce tournoi que tu méritais le meilleur, en particulier sur cette surface », l’a assuré le Serbe.

« S’éclater en boîte »

Le match promettait d’être électrique entre deux joueurs qui ne s’appréciaient pas… jusque-là. Mais depuis quelque temps, les relations s’étaient réchauffées : Kyrgios avait même proposé à Djokovic « d’aller en boîte s’éclater » dimanche soir après la finale et le Serbe avait fait une contre-proposition en avançant un dîner au restaurant où « le vainqueur paiera ».

« C’est pour ça qu’il a perdu ! », a plaisanté Djokovic à l’issue du match. Au lieu de se dérouler dans une atmosphère tendue et malsaine comme le troisième tour Kyrgios-Tsitsipas, la finale s’est jouée dans un bon esprit, l’Australien ayant su maîtriser ses nerfs.

Les deux hommes ont offert pendant trois heures un spectacle de haut niveau, provoquant à plusieurs reprises des ovations du public à fendre les murs du vénérable Centre Court qui fêtait durant cette édition son centenaire.

Et même si Djokovic a pris le match en mains à partir du deuxième set, la perte du premier avait convaincu son adversaire et le public qu’il pouvait y avoir un vrai beau duel.

Alors que le journal Mail on Sunday se demandait dimanche matin « qui serait le plus hué » des deux joueurs généralement peu appréciés du public de Wimbledon, ce sont au contraire des encouragements partagés et des manifestations d’admiration équilibrées qui ont accompagné les deux joueurs durant toute la rencontre.

« Je te respecte beaucoup, tu as un talent incroyable et désormais, tout se met en place pour toi », a prédit Djokovic à son adversaire de 27 ans qui n’avait joué que deux quarts de finale en Majeur jusque-là (Wimbledon 2014 pour sa première participation et Open d’Australie 2015).

« Je n’aurais jamais imaginé te dire autant de choses gentilles au vu de nos relations… », a conclu le Serbe en riant.