Le premier anniversaire des Jeux olympiques et paralympiques de Paris sera l’occasion d’un bain de nostalgie pour replonger dans cette fête sportive d’enfer, au succès unanime, même si l’héritage promis, plombé par une baisse de moyens, laisse amer le monde du sport français.
Pour ceux qui y étaient. Pour ceux restés scotchés 10 heures par jour devant la télé. Pour ceux dont les angoisses se sont fait la malle pendant 15 jours, loin des élections, de l’inflation et de la marche guerrière du monde. Pour ceux qui ont vibré devant les exploits de Léon Marchand, les deux mois à venir auront le goût d’un doux bonbon à savourer. « Symbole de l’engouement populaire de ces JO », selon le comité olympique français, le retour de la vasque olympique aux Tuileries marquera le lancement des festivités à partir de samedi.
Cette vasque ballon avait été allumée le 26 juillet 2024 au terme d’une cérémonie d’ouverture sur la Seine, grandiose et épique. Sous des trombes d’eau, Céline Dion a chanté depuis la Tour Eiffel et Aya Nakamura dansé au milieu de la Garde Républicaine, pendant que voguaient les athlètes sur le fleuve.
« Une trace de joie, d’unité, de fierté », a résumé à l’AFP l’architecte en chef de ce spectacle, Thomas Jolly. Une cérémonie alors qualifiée de « honte » par le futur président des Etats-Unis Donald Trump.
L’été 2025 à Paris sera donc festif et commémoratif. Promesse de la maire Anne Hidalgo (PS), trois lieux de baignade dans la Seine ouvriront le 5 juillet, après les épreuves olympiques de nage en eau libre et de triathlon l’été dernier. « Il y a beaucoup de Parisiens qui avaient un peu fui Paris l’année dernière et qui s’en mordent les doigts vu le succès », résumait récemment Matthieu Gobbi, de la société Aérophile chargé de faire voler la vasque.
Cinq milliards de spectateurs
Le programme du 26 juillet n’est pas encore dévoilé, excepté un karaoké géant sur le parvis de la mairie. En guise de boule à facettes: les anneaux olympiques projetés sur la Tour Eiffel. Effet madeleine de Proust assuré le lendemain avec le passage du Tour de France à Montmartre où un demi-million de spectateurs s’étaient massés pour voir passer les cyclistes l’été dernier.
« Des Jeux comme ça, on verra qui les refera », avait lancé à l’issue Emmanuel Macron. L’image de la France, première destination touristique mondiale, était en jeu. Cinq milliards de personnes les ont regardés tout support confondus, affirme le Comité international olympique (CIO).
L’organisation d’un tel évènement en pleine ville a relevé du casse-tête, entre les craintes d’attentats — la police ne voulait pas entendre parler d’une parade sur la Seine au départ — les transports à cadencer, la propreté de la Seine à surveiller… Niveau budget, le comité d’organisation a annoncé un excédent d’au moins 76 millions d’euros. Côté coûts publics, la facture totale n’est pas encore connue.
La ferveur olympique de l’été 2024 avait étonné jusqu’au président du comité d’organisation des JO, Tony Estanguet, qui a défendu le projet contre vents et marées depuis la candidature. Lui qui se méfie du monde politique, se retrouve testé et en bonne place dans les sondages électoraux. Il a réintégré le CIO mais il n’a pas encore choisi sa nouvelle aventure professionnelle.
Douche froide budgétaire
Si la fête sportive a été réussie au delà des attentes, l’héritage laissé est plus amer. « Matériellement, il reste des choses essentiellement en Seine-Saint-Denis », observe Mickaël Attali, historien du sport à l’université Rennes II, interrogé par l’AFP. Le département le plus pauvre de France a en effet gagné quelques piscines, comme le Centre aquatique olympique qui vient d’ouvrir au public à Saint-Denis. « Ailleurs en France c’est dommage que les Jeux n’aient pas eu un effet d’aspiration » alors que des épreuves se sont déroulé à Marseille (voile) ou à Châteauroux (tir).
« On veut donner aux JO un rôle pour lequel ils ne sont pas faits », résume-t-il, alors que le concept d’héritage sert d’abord à légitimer l’organisation d’un évènement dont certains pays ne veulent plus. Au final, il reste des « bons souvenirs » et « une bonne image de la France », estime le chercheur.
La France est-elle devenue la grande nation sportive promise par Emmanuel Macron? A peine les Jeux finis, c’est la douche froide budgétaire. A la rentrée scolaire, difficile de comprendre que plusieurs milliers d’enfants soient restés à la porte des clubs faute de place ou d’équipement, en natation notamment même si le nombre de licences sportives a augmenté de 5%. Quant aux 30 minutes d’activité physique en primaire, elles sont appliquées cahin-caha par moins de la moitié des écoles.
Où est passé cet héritage ?
« La France une Nation de sport? La réponse du gouvernement est non », ont dénoncé cet hiver, alors que le budget sport était amputé une seconde fois, des athlètes de l’équipe de France comme le judoka Teddy Riner, le basketteur Nicolas Batum ou la paracycliste Marie Patouillet. Certains ont aussi déchanté en voyant filer des sponsors. « Toutes les entreprises ayant mis en place du sponsoring pour les JO sont parties », relève un spécialiste du marketing sportif.
« On a beaucoup parlé de l’héritage des Jeux de Paris et en fait: où est passé cet héritage ? », interpellait le paratriathlète Alexis Hanquinquant auprès de l’AFP, trois mois après la fin des Jeux paralympiques. « On n’aurait pas dû dire qu’il y aurait un héritage », a même lâché la championne olympique d’escrime, Manon Apithy-Brunet.