Une fête à la danoise pour un coup d’envoi historique : le Tour de France s’élance vendredi de Copenhague, dans le nord de l’Europe, pour sa 109e édition, avec un grand favori, le double tenant du titre slovène Tadej Pogacar.
La présentation des équipes, mercredi soir dans les jardins du Tivoli, a donné le ton pour le Grand Départ dans la ville qui se flatte d’être la plus cyclable au monde : ferveur et enthousiasme ont accompagné les coureurs et, de préférence, les dix Danois présents dans le peloton des 176 coureurs.
Seules ombres au tableau festif de ce coup d’envoi, l’arrière-plan du dopage, réactivé par une perquisition jeudi matin dans l’hôtel de l’équipe Bahrain, et le Covid-19, resurgi ces derniers jours. Mais aucun des favoris n’a été touché, surtout pas les prétendants qui ont redoublé de vigilance ces derniers jours et ont le plus souvent fait l’impasse dimanche sur les championnats nationaux pour réduire encore les risques.
Pour la troisième fois, la Slovénie se taille la part du lion au moment du départ. Petit pays par la taille, mais grande nation de sport, elle présente le favori, Pogacar, et son premier rival, Primoz Roglic, qui occupent le devant de la scène depuis l’été 2020 et le dénouement-surprise du contre-la-montre de la Planche des Belles Filles.
Une première semaine «hors normes»
Par coïncidence, le Tour revient cette année dans la station de ski de la Haute-Saône, où sera aussi jugée le 31 juillet l’arrivée du premier Tour de France Femmes. Le rendez-vous est fixé au 8 juillet pour corser un peu plus une première semaine attendue par quelques-uns et redoutée par beaucoup, qualifiée de «hors normes» par Marc Madiot, le patron de l’équipe Groupama-FDJ qui compte dans ses rangs le seul Français candidat déclaré au podium, David Gaudu.
Hors normes? L’entame du Tour conjugue les difficultés, du contre-la-montre inaugural vendredi dans les larges artères de la capitale danoise (13,2 km) au passage annoncé venteux sur le pont surplombant la mer le lendemain, de l’étape des pavés d’Arenberg (mercredi) au final escarpé de Longwy et de Lausanne ensuite, tous propices aux cassures.
Maître d’œuvre du parcours, le directeur de course, Thierry Gouvenou, explique : « C’est le cyclisme que les spectateurs aiment. On a vraiment favorisé les puncheurs. Dans la première semaine, il n’y a pas beaucoup d’opportunités pour les sprinteurs de briller. »
Devant cet ensemble rare de difficultés, les équipes qui jouent le classement général ont dû panacher, choisir des équipiers capables d’emmener leurs leaders dans les meilleures conditions sur ces terrains difficiles, quitte à amoindrir leur force de frappe en montagne. « Le rapport de forces peut changer », se félicite le directeur de course.
Les Alpes et les Pyrénées pour renverser la table
Il reste que Pogacar, à la panoplie complète si l’on se fie à l’agilité du jeune Slovène (23 ans) lors des classiques de printemps, demeure le mieux armé pour déjouer les pièges et devenir le premier coureur, depuis Eddy Merckx voici un demi-siècle, à gagner ses trois premiers Tours.
« Tant que nous travaillons ensemble, nous pensons que nous pouvons le battre », estime toutefois Roglic, associé au Danois Jonas Vingegaard qui avait fait sensation l’an passé (2e).
Le trio de la formation Ineos (Martinez, Thomas, A. Yates) s’aligne sur cette position, tout comme le Russe Aleksandr Vlasov (Bora): « si je joue intelligemment, je pense que j’ai une petite chance. La course est longue. »
Les Alpes, avec deux arrivées cruciales au col du Granon et à l’Alpe d’Huez, puis les Pyrénées sont autant d’occasions de renverser la table avant le défilé final, le 25 juillet, sur les Champs-Élysées au bout de quelque 3 350 kilomètres.
Pour l’heure, c’est dans une autre capitale que le maillot jaune sera décerné, vendredi en début de soirée (vers 19h10). Le champion du monde du contre-la-montre, l’Italien Filippo Ganna, aspire à le recevoir pour ses grands débuts dans le Tour. Mais l’inarrêtable Wout van Aert, vainqueur des deux dernières étapes du Tour 2021, est prêt à reprendre sa série.