La patronne c’est Iga Swiatek : la Polonaise a assumé son statut de N.1 mondiale, avant même son officialisation lundi, en remportant l’Open de Miami, 6-4, 6-0 contre Naomi Osaka, de retour au premier plan, après une année difficile sur le plan psychologique.
Beaucoup auraient pu décompenser, mais pas elle. Swiatek, déjà lauréate des deux premiers WTA 1000 de la saison, à Doha puis à Indian Wells, assurée de monter sur le trône, en profitant de la retraite inattendue de l’Australienne Ashleigh Barty, a été au contraire portée par une énergie et une confiance décuplées en Floride.
La joueuse de 20 ans, qui réussit le « sunshine double » (doublé IW/Miami), comme Steffi Graff, Kim Clijsters et Victoria Azarenka avant elle, se trouve être la plus jeune des quatre.
Révélée par son triomphe à Roland-Garros en 2020, la Polonaise vit un premier trimestre 2022 presque parfait. Dans la foulée de sa demi-finale perdue à l’Open d’Australie, alors 8e mondiale, elle est montée en puissance pour atteindre en deux mois les cimes du circuit, portée par une série en cours de 17 victoires.
Même si elle n’a pas tenu toutes ses promesses, cette finale s’annonçait passionnante. Car face à Swiatek se dressait Naomi Osaka, qui l’a précédée sur le trône mondial, quand elle semblait intouchable, forte de quatre sacres en Grands Chelems (US Open 2018, 2020, Open d’Australie 2019, 2021), avant de chuter à la 77e place.
« Une inspiration »
Or le subit regain de forme de la Japonaise semblait presque inespéré, au regard de la sombre période traversée ces derniers mois, où il était plus question de larmes sur les courts que de tennis.
« Quand je te voyais gagner tous ces matches, je n’imaginais pas à l’époque que je serais amenée à en jouer un si important face à toi. Tu es une inspiration et le sport se porte mieux avec toi », lui a rendu hommage Swiatek, qui a aussi appelé l’Ukraine, pays voisin du sien en lutte contre l’invasion russe, à « rester forte ».
Au cœur du Hard Rock Stadium, la Polonaise fan des Guns N’ Roses s’est sentie dans son élément ces dix derniers jours, écartant toutes ses adversaires en deux manches. Osaka, qui a grandi tout près à Fort Lauderdale, était aussi un peu chez elle, portée par un environnement favorable et le souvenir d’une victoire en 2019 lors de leur première confrontation.
Mais à l’époque Swiatek n’était pas encore une championne. Et la Polonaise de faire l’éclatante démonstration de sa domination actuelle.
Prenant immédiatement le contrôle dans les échanges, elle a mis sous pression Osaka qui a peiné pour conserver son premier jeu de service après 11 minutes. Alors, elle a plus resserré l’étau, breakant sur le suivant, après avoir placé un revers croisé puissant, une de ses armes. Puis elle a empoché le set, sans jamais avoir été inquiétée.
Bout du tunnel
Swiatek n’a d’ailleurs pas laissé la moindre balle de break à sa rivale. En mode rouleau-compresseur, elle a enchaîné les coups gagnants et les jeux presque blancs, pour finir sur un « donut » venu sanctionner le manque de combativité d’Osaka dans le second acte.
Pour la Japonaise, ce parcours floridien lui permet néanmoins de voir le bout du tunnel.
« Je veux remercier mon équipe, qui m’a poussée à aller de l’avant après ce qui s’est passé il y a deux semaines. Ce n’est pas le résultat souhaité, mais le fait de participer à nouveau à une finale (la première depuis l’Open d’Australie remporté en 2021, ndlr) signifie beaucoup pour moi », a dit Osaka.
À Indian Wells, elle avait en effet connu un nouveau moment de détresse lors de son élimination au 2e tour, après une provocation verbale venue des tribunes (« Naomi tu es nulle! »).
Se posait alors à nouveau la question de son avenir dans le tennis professionnel, pour celle qui avait confié, au moment de Roland-Garros en 2021, être en proie à de l’anxiété depuis plusieurs années.
D’autres épisodes lacrymaux s’étaient produits, notamment à l’US Open, en conférence de presse, après son élimination surprise au 3e tour face à la Canadienne Leylah Fernandez.
Depuis deux semaines, Osaka travaille avec une thérapeute et elle a confié en sentir les premiers bienfaits. Cela s’est vu à Miami.