A quelques heures de son retour à la compétition à Brisbane, Rafael Nadal a reconnu dimanche avoir songé à la retraite après une blessure à une hanche, mais laisse désormais la porte entrouverte à une poursuite de sa carrière après 2024.
En conférence de presse, l’Espagnol n’a rien caché des doutes qui l’ont traversé durant presque un an d’absence, plombé par deux opérations au psoas-iliaque (muscle qui relie le haut et le bas du corps), après s’être fait mal à l’Open d’Australie le 18 janvier 2023.
« Si j’ai pensé à la retraite pendant cette période? Bien sûr que oui », a-t-il ainsi reconnu, ajoutant: « Est-ce que ça a du sens de faire tout ça à 37 ans, sachant qu’il y a une possibilité pour que je ne revienne pas de la manière dont j’ai envie de revenir ? »
Il faudra du temps et de la patience avant de connaître la réponse. « Je suis conscient que les choses ne vont pas bien se passer, qu’il est quasiment impossible qu’elles se passent bien » à Brisbane, « je ne suis pas tête de série, j’ai l’âge que j’ai », a-t-il confié à El Pais.
Comme pour modérer les attentes de ses supporters, il a précisé que son véritable objectif ne se situait pas plus à l’Open d’Australie, à partir du 14 janvier, mais à Paris sur terre battue au printemps.
En attendant, après 347 jours d’absence, Nadal a enfin rejoué ce week-end. Associé à son compatriote et entraîneur Marc Lopez, il a perdu en double 6-4, 6-4 face à la paire australienne Jordan Thompson/Max Purcell, mais est apparu affûté et mobile sur le court.
« La détermination de continuer »
Le vrai retour, ce sera mardi, en simple, face à une vieille connaissance, Dominic Thiem. L’Autrichien, qui tente aussi un retour au haut niveau, fut sa victime à deux reprises en finales de Roland-Garros. C’était en 2018 et 2019 et comme quasiment à chaque fois sur terre battue, Nadal était intouchable, en témoignent ses quatorze titres glanés à Paris.
Des sacres majeurs, le Majorquin en a collecté 22, deuxième meilleur total chez les hommes derrière le record établi par Novak Djokovic. Le Serbe l’a dépassé en 2023 pendant qu’il traversait une convalescence générant un doute immense quant à la suite de son immense carrière.
A deux semaines de l’Open d’Australie, l’enjeu est évidemment différent pour les deux survivants du « Big3 » depuis que Roger Federer a raccroché ses raquettes.
Le Serbe, N.1 mondial, tenant du titre à Melbourne, visera un onzième trophée à Melbourne pour continuer à mater la jeune garde montante incarnée par Carlos Alcaraz. Redescendu au 672e rang, le Majorquin veut d’abord voir tenir son corps, meurtri par les blessures en 22 ans passés sur les courts, et regoûter au plaisir de jouer.
Toutefois, parce que c’est Rafael Nadal, la volonté farouche d’être compétitif l’anime: « J’ai dû traverser beaucoup de choses pour être de retour. A un moment donné, j’ai décidé de continuer. J’avais la détermination de continuer. »
« Rivaliser avec n’importe qui »
A présent qu’il se sent « bien », « heureux de la façon dont (il s’)entraîne », « Rafa » n’exclut pas que l’histoire continue à s’écrire au-delà de 2024, après avoir pourtant annoncé que la saison qui s’ouvre serait probablement celle d’une dernière danse.
« Le problème, quand je dis que ce sera ma dernière saison, c’est que je ne peux pas prédire à 100% ce qui se passera dans le futur », a-t-il expliqué. « Il est évident que le pourcentage (de chance) est élevé que ce sera la dernière fois que je jouerai ici en Australie (…) Mais si je suis ici l’année prochaine, ne me dites pas : +Tu as dit que ce serait ta dernière saison+, parce que je ne l’ai pas dit. »
Derrière ce sourire trahissant une gourmandise retrouvée chez l’ogre de l’ocre, sa cache un grand point d’interrogation sur sa capacité à répéter les efforts dont on le sait capable pour renverser les montagnes.
« Je ne peux pas prédire comment je vais être dans les six prochains mois, si mon corps me permettra de profiter du tennis autant que pendant les vingt dernières années, d’être compétitif », a avoué Nadal.
« Je veux sentir que je peux entrer sur le court et rivaliser avec n’importe qui. Peu importe à la fin si j’ai gagné ou si j’ai perdu, tant que j’ai retrouvé cette sensation… »