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Tennis: la reine Serena quitte son royaume


Entre son premier titre en 1999 à Paris et son 73e et dernier à Auckland en 2020, Serena Williams, cadette d'une famille de cinq filles, a dominé quasiment sans partage le circuit. (Photo AFP)

En pleurs, du bout des lèvres, Serena Williams a annoncé vendredi après son élimination au troisième tour de l’US Open qu’on ne la reverrait vraisemblablement plus sur les courts de tennis, où elle s’est construit l’une des carrières les plus prolifiques tous sports confondus.

A la question « allez-vous revoir votre décision de prendre votre retraite ? », la championne aux 23 titres du Grand Chelem a répondu « je ne pense pas, mais on ne sait jamais ». L’Américaine venait de s’incliner face à l’Australienne Ajla Tomljanovic (46e mondiale) 7-5, 6-7 (4/7), 6-1.

On ne sait effectivement jamais. Mais de nombreuses stars, parmi lesquelles certaines amies proches, n’ont pas attendu pour lui rendre un vibrant hommage de circonstance.

« Légende pour toujours »

« Championne. Héroïne. Légende pour toujours ! », a tweeté la star de la télévision Oprah Winfrey, quand l’ancienne Première dame des Etats-Unis Michelle Obama saluait « une jeune fille de Compton » devenue « l’une des plus grandes sportives de tous les temps ».

« Cela a été un honneur de suivre ton parcours. Je veux juste te remercier d’être cette source d’inspiration pour tant de personnes », a écrit LeBron James, superstar de la NBA.

23 titres du Grand Chelem

Serena Williams, qui aura 41 ans le 26 septembre, avait annoncé au début du mois d’août qu’elle cesserait prochainement la compétition, sans dire ni où ni quand. Le Majeur new-yorkais, où elle a remporté en 1999, à 17 ans, le premier de ses 23 titres du Grand Chelem, semblait être la porte de sortie idéale. « C’a été un voyage incroyable », a-t-elle lancé, émue.

« Merci papa, je sais que tu regardes, merci maman (qui était présente en tribunes), merci à tous les gens qui m’ont soutenue tout ce temps, mon Dieu ça fait des dizaines d’années », a-t-elle égrené, avant de totalement fondre en larmes en évoquant sa soeur aînée: « Je ne serais pas Serena s’il n’y avait pas eu Venus, alors merci Venus ».

Quatre finales 

Depuis sa première rencontre professionnelle à Québec en 1995 (non classée, elle avait perdu dès le premier tour des qualifications), Serena Williams a bousculé les barrières de son sport dont elle est devenue en 27 saisons la reine incontestée… même si elle a échoué à une petite unité du record de titres en Grands Chelems détenu par l’Australienne Margaret Court (24).

Après son dernier titre majeur (Australie 2017) et la naissance quelques mois plus tard de sa fille Olympia, issue de son mariage avec le cofondateur du réseau social Reddit Alexis Ohanian, elle a joué encore quatre finales (Wimbledon et US Open 2018, Wimbledon et US Open 2019) sans parvenir à décrocher son Graal.

Retour surprise cet été

Elle s’est ensuite petit à petit éloignée du circuit. Ces dernières années, elle ne jouait plus que quelques tournois par an avec les Majeurs comme priorité, se consacrant de plus en plus, outre son rôle de mère, à ses activités annexes, en particulier dans et autour de la mode, plutôt qu’au tennis.

Absente du circuit depuis son abandon sur blessure au premier tour de Wimbledon 2021, elle avait fait un retour surprise cet été dans le Majeur sur gazon où elle avait de nouveau été éliminée au premier tour.

Quelques semaines plus tard, après avoir perdu au deuxième tour à Toronto et au premier à Cincinnati, elle s’est donc résolue à ranger les raquettes.

N.1 mondiale durant 319 semaines au total, soit plus de six ans (la première fois le 8 juillet 2002, la dernière fois la semaine du 8 mai 2017), elle n’était plus classée que 605e au soir de sa retraite.

94,8 millions de dollars de gains

Seules Martina Navratilova (332) et Steffi Graf (377) ont passé plus de temps qu’elle au sommet de la pyramide du tennis féminin.

Entre son premier titre en 1999 à Paris et son 73e et dernier à Auckland en 2020, Serena Williams, cadette d’une famille de cinq filles, a dominé quasiment sans partage le circuit. Et engrangé 94,8 millions de dollars de gains en tournois.

Un sacré parcours pour la joueuse née à Saginaw (Michigan) et qui a grandi à Compton, longtemps un ghetto violent du grand Los Angeles.

Serena Slam

Avec sa puissance et sa volonté, elle a fait plier toutes ses principales adversaires, de sa soeur Venus à Ashleigh Barty, en passant par sa grande rivale Maria Sharapova, Viktoria Azarenka, Justine Hénin, Amélie Mauresmo, Kim Klijsters, Jennifer Capriati, Martina Hingis, Monica Seles ou Steffi Graf.

Sa domination aurait pu être encore plus écrasante sans quelques lourds ennuis physiques et de santé (notamment une embolie pulmonaire qui a failli lui coûter la vie en 2011).

Outre le record de Majeurs, Serena Williams aura également manqué le Grand Chelem (remporter les quatre tournois majeurs la même année). Elle a toutefois réussi deux fois un exploit qui porte depuis son nom: le « Serena Slam », à savoir remporter les quatre majeurs à la suite, mais à cheval sur deux années (2002-2003 et 2014-2015).