Les frères lumières. Deux mois après l’été bronzé du ping français aux Jeux olympiques, Alexis et Félix Lebrun continuent d’écrire leur histoire en ramenant deux titres de champions d’Europe de Linz, en double et en simple pour le frère aîné.
« Le plus beau jour de ma vie ? oui. Le problème est qu’il y en a beaucoup en ce moment, des plus beaux jours de ma vie », en rigole Alexis, quelques minutes après avoir dominé de la tête et des jambes l’Allemand Benedikt Duda en finale du simple, d’un cinglant quatre à zéro (11-5/11-8/11-6/11-2).
L’aîné des Lebrun est devenu à 21 ans le troisième champion d’Europe français, huit ans après Emmanuel Lebesson à Budapest et près d’un demi-siècle après Jacques Secrétin à Prague (1976). Et les deux frangins ont réalisé un peu plus tôt dans la journée une performance en double qui n’avait plus été vue depuis 24 ans.
Une médaille d’argent aux championnats du monde par équipes en début d’année, deux médailles de bronze olympiques cet été, et désormais deux titres européens, en simple et en double: l’année 2024 est plus que jamais l’année Lebrun.
« C’est un moment qu’on voulait vivre ensemble alors l’avoir vécu ici, aussi tôt dans notre carrière, c’est incroyable », a savouré Félix, le benjamin, 18 ans, qui a célébré le titre conquis en double avec son frère par un +check+ mêlant un peu de boxe et de volley, avant de se laisser tomber de bonheur à terre. Et s’il y en a bien un qui ne touche plus terre dimanche, c’est Alexis Lebrun.
Alexis marche sur l’eau
Quelques minutes après le double, il est venu conclure une compétition impeccable, et une journée parfaite où il n’a perdu aucun set en trois matches, se jouant pour finir de l’Allemand Duda qui la veille avait sorti Félix en quart de finale de la compétition.
« Je n’arrive pas à réaliser, j’ai fait un tournoi de fou, avec un niveau que je n’ai jamais joué, c’est comme un rêve pour moi de gagner sur les deux tableaux, je ne m’attendais pas du tout à ça », a-t-il dit avant de monter savourer ses deux podiums.
Considéré de longue date, de même que Félix, comme un grand espoir du tennis de table français, Alexis Lebrun a très vite grimpé au classement mondial, passant de la 1.050e place en 2022 à la 28e.
Triple champion de France en titre (2022, 2023,2024), il se fait notamment remarquer sur la scène internationale en avril 2023, quand il s’offre le N.1 de l’époque, le Chinois Fan Zhendong, futur champion olympique à Paris. En juin dernier, l’aîné des frères Lebrun remporte son premier titre en simple sur le circuit mondial au WTT Contender de Zagreb.
« Toujours du positif »
Pas épargné par les blessures depuis le début de sa carrière, Alexis Lebrun « s’est construit dans la difficulté, rien n’a été fluide pour lui », rappelle son entraîneur, Nathanaël Molin.
Juste avant les Jeux, l’aîné a dû aussi faire face à une période plus compliquée sportivement tandis que son petit frère continuait de grimper. « Ce n’était pas forcément lié au fait que Félix montait mais plus à moi qui ne gagnais plus beaucoup de matches », explique le principal intéressé.
Après avoir obtenu sa place pour le simple pour les JO, il est éliminé dès les huitièmes par le Brésilien Hugo Calderano. Mais obtient tout de même la médaille de bronze à Paris, par équipes, aux côtés de son frère et de Simon Gauzy, quand Félix Lebrun ajoute à sa moisson la médaille de bronze en simple. Cette fois, aux championnats d’Europe, l’aîné a pris le relais, après que le cadet a été éliminé en quarts de finale.
« Cela fait deux ans que l’on en rigole un peu, à chaque fois qu’il y en a un qui rate une compète, qui joue moins bien, l’autre joue encore mieux que d’habitude », dit Alexis. « Du coup il y a toujours du positif à se mettre sous la dent. » Pour Alexis, le positif, ce sont deux médailles d’or.