Ashleigh Barty avait un rêve, celui de brandir un jour le Rosewater Dish remis au vainqueur féminin de Wimbledon: elle l’a accompli samedi et «c’est encore mieux» que ce qu’elle imaginait.
«Je veux remercier chacun d’entre vous, vous avez fait de mon rêve un moment incroyable, a lancé l’Australienne au public du Centre Court en tenant son trophée entre les bras. Je vis mon rêve et c’est encore mieux que ce que j’avais imaginé !»
Sur le plan du tennis, tout juste joué, le match remporté face à Karolina Pliskova (13e mondiale) 6-3, 6-7 (4/7), 6-3, est déjà oublié des annales.
Trop de fautes directes (60 au total réparties entre les deux joueuses à quasi-égalité), pas assez de spectacle. Au point que, n’y trouvant pas son compte, le public s’est montré de plus en plus bruyant, voire gênant pour les joueuses, et a été prompt à exulter sur le moindre point gagnant comme s’il s’agissait de l’échange du siècle.
D’autant qu’après que Barty eut remporté les 14 premiers points de la rencontre pour mener 3-0 et 30-0 sur le service de Pliskova avant que la Tchèque n’inscrive enfin son premier point, la rencontre ne semblait pas devoir s’éterniser.
Et pourtant, à coups d’énormes coups droits parfois gagnants (10), plus souvent perdants (14), Pliskova a réussi à revenir dans le match et à rééquilibrer les débats.
Accroupie en pleurs
«Je me suis battue pour lui rendre les choses difficiles, mais elle a vraiment très bien joué», a déclaré la Tchèque qui remontera à la 7e place mondiale lundi.
Mais sur le plan de l’émotion, cette finale restera gravée dans les mémoires des deux joueuses pour toujours.
Accroupie en pleurs face à son clan après avoir remporté la balle de match, Barty a semblé ne pas en revenir, avant d’escalader la tribune pour se jeter dans les bras de ses proches.
À 25 ans, elle a décroché ainsi son deuxième titre du Grand Chelem après Roland-Garros 2019 qui lui avait permis de s’installer au sommet du classement WTA et de ne plus en bouger depuis.
Elle est la première Australienne à gagner Wimbledon depuis Evonne Goolagong Cawley en 1980 et surtout, elle avait choisi de jouer ce tournoi en hommage au premier titre remporté à Wimbledon par Goolagong, sa compatriote d’origine aborigène, il y a exactement 50 ans.
«J’espère qu’elle est fière de moi», a déclaré samedi Barty en éclatant en sanglots, vêtue d’une tenue dont elle a supervisé l’élaboration et qu’elle a voulue inspirée de la robe que portait Goolagong en 1971.
«Chaque minute»
Émotion aussi parce que Barty avait choisi de tirer un trait sur la saison 2020 alors que les éprouvantes bulles sanitaires se multipliaient et que son retour en flèche sur le circuit cette année avec trois titres (Yarra Valley, Miami, Stuttgart), une finale (Madrid), un quart à l’Open d’Australie, avait été stoppé net par un abandon au 2e tour de Roland-Garros à cause d’une hanche douloureuse.
Si bien qu’elle était arrivée à Wimbledon sans avoir joué le moindre match sur gazon en compétition depuis sa défaite en 8es de finale du tournoi en 2019.
Emotion toujours, mais chez Pliskova cette fois qui revenait d’un long passage à vide de plusieurs mois et retrouvait la finale d’un tournoi du Grand Chelem depuis celle perdue à l’US Open 2016 et qui restait sa seule à ce jour.
«J’ai apprécié chaque minute passée sur ce court», a-t-elle lancé au public avant de s’étouffer dans des sanglots.
L’ex-N.1 mondiale arrivait à Londres avec un bilan peu flatteur depuis plusieurs mois. Aucune victoire sur gazon cette année (éliminée dès son entrée en lice à Berlin puis Eastbourne), une seule finale jouée en 2021 à Rome (terre battue) mais perdue 6-0, 6-0, pas une joueuse du Top 15 battue depuis Naomi Osaka (4e) à Brisbane en janvier 2020, et aucun 8e de finale franchi en Grand Chelem depuis sa demie en Australie en 2019… Alors un titre majeur aurait été une sacrée récompense pour le travail effectué tout ce temps sans perdre espoir.
Malheureusement pour elle, samedi la N.1 c’était Barty.