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[Rugby] Tournoi des Six Nations : un rebond surprise et revanchard


Ben Earl et les Anglais ont épaté tout le monde en s’offrant l’Irlande la semaine dernière. (Photo : afp)

L’Angleterre débarque demain en France regonflée par sa victoire surprise contre l’Irlande.

Le XV de la Rose, deuxième avant l’ultime journée, en a vu de toutes les couleurs depuis son premier match remporté ric-rac en Italie (27-24) : ton pastel face au pays de Galles (16-14), délavé en Écosse (défaite 30-21), éclatant contre les tenants du titre irlandais (23-22) à Twickenham : «Le maillot était lourd contre l’Écosse, il était léger comme une plume contre l’Irlande», a résumé Matt Dawson, champion du monde 2003, dans sa chronique publiée sur le site de la BBC.

Entre les deux matches, Steve Borthwick a procédé à trois changements de joueurs au profit du jeune ailier Immanuel Feyi-Waboso, du deuxième ligne George Martin et du demi de mêlée Alex Mitchell, forfait à Édimbourg. Surtout, le sélectionneur a surpris l’Irlande et les observateurs avec une entame agressive et portée vers l’attaque, à rebours du plan de jeu attendu par son homologue Andy Farrell.

Ce mélange de vitesse, puissance et adresse s’est concrétisé par un premier essai d’Ollie Lawrence après quatre minutes. Plus fort encore, les Anglais n’ont pas abandonné leur plan audacieux, même après avoir été menés 8-17 en début de seconde période, puis 20-22 à sept minutes du terme : «Cela faisait des années que je n’avais pas vu une telle atmosphère à Twickenham, car l’Angleterre n’avait pas remporté une telle victoire contre une vraie grande équipe, et avec un tel style offensif, depuis la demi-finale du Mondial-2019 contre la Nouvelle-Zélande», a écrit Ugo Monye, ex-international anglais, sur le site du Guardian. Pour l’ancien ailier des Harlequins, «l’Angleterre ne peut pas revenir en arrière, cela doit être son schéma directeur, la façon dont elle joue chaque match. De quelle autre preuve a-t-elle besoin?».

«Un peu différemment»

Avant la victoire à Twickenham, le XV de la Rose a été piqué par une volée de critiques visant son style défensif, le «conservatisme» de Borthwick et son obsession supposée pour les «datas». L’ancien capitaine anglais Will Carling a même parlé d’une «camisole» enfermant les joueurs dans une tactique restrictive.

Pour Dawson, le sélectionneur a «réalisé» que «l’analyse des données» et leur exploitation était «une bonne chose, mais qu’il faut toujours attaquer et marquer des essais» pour pouvoir gagner. À l’entraînement, «ils ont manifestement changé d’état d’esprit et ont passé beaucoup de temps à attaquer», pense-t-il.

Devant la presse, Borthwick a reconnu avoir demandé aux joueurs «de faire les choses un peu différemment», tout en les félicitant d’être «restés fidèles à la voie que nous essayons de suivre».

« La pire équipe d’Angleterre de tous les temps« 

Lui comme ses joueurs ont présenté la défaite en Écosse comme un accident de parcours pour l’équipe, troisième de la dernière Coupe du monde, et la victoire contre l’Irlande comme son vrai visage, un accomplissement des progrès perçus en interne depuis le début du Tournoi : «Le problème, c’est que les gens ne voyaient pas le travail que nous faisions à l’entraînement et comment nous étions bons à l’entraînement. C’est juste qu’il n’y avait pas de transposition (NDLR : en match)», a défendu Ben Earl dans un podcast de la BBC.

Le n° 8, auteur du troisième essai anglais contre l’Irlande, avait sorti les griffes à la télé après la victoire, pestant contre «toutes les bêtises lancées au visage de cette équipe durant la semaine. Apparemment, nous sommes « la pire équipe d’Angleterre de tous les temps« . Nous avons bien mérité cette récompense», avait-il taclé.

Tout l’enjeu, pour les Anglais, consiste à repiquer la recette du succès irlandais, demain à Lyon face au XV de France, loin de la ferveur de Twickenham et sans avoir pour moteur, cette fois, l’envie de faire taire leurs détracteurs.