Novak Djokovic a passé dimanche l’obstacle le plus difficile de sa saison : en remportant Roland-Garros, il est désormais en mesure de réaliser le Grand Chelem et de devenir le GOAT (meilleur joueur de tous les temps) indiscutable.
Au moins statistiquement. Car Roger Federer et Rafael Nadal garderont vraisemblablement toujours un avantage dans le cœur des fans. Pour preuve, Djokovic lui-même a tenu à le souligner comme avec un certain étonnement: durant sa demi-finale d’anthologie contre Nadal, il a été autant soutenu que l’Espagnol par le public.
« L’atmosphère était électrique et le public nous a beaucoup encouragés, tous les deux ! », a répété à plusieurs reprises le Serbe qui est généralement le champion mal-aimé, à la recherche de la popularité de ses deux grands rivaux.
Depuis la fin de la saison dernière, Djokovic a égalé le record de Pete Sampras d’années terminées à la place de n°1 mondial (6). Et depuis mars, il est devenu le joueur ayant passé le plus de semaines à cette place (il débutera sa 324e lundi). Il avait alors annoncé que cet objectif étant atteint, il allait désormais se consacrer entièrement au record de 20 titres du Grand Chelem codétenu par ses deux grands rivaux. Il en a remporté 19 depuis son premier en 2008 (Australie). Sur la même période, Nadal en a décroché 17 et Federer 8.
« La moitié »
Sacré pour la 9e fois en février à l’Open d’Australie, son Majeur préféré en terme de résultat (Federer a 8 sacres à Wimbledon, Nadal 13 à Roland-Garros), le n°1 mondial a décroché dimanche son 2e Roland-Garros, après celui de 2016. « Novak a démontré quel grand champion il était et j’espère qu’un jour j’aurai réussi la moitié de ce qu’il a réussi », a commenté Stefanos Tsitsipas qui a mené deux sets à zéro dimanche en finale à Paris avant de s’incliner.
Vainqueur du dernier Wimbledon (en 2019) en battant Federer en finale après un match épique à la fin duquel il a sauvé deux balles de match avant de s’imposer, Djokovic en a déjà gagné 5 et a toutes les qualités pour en gagner encore. Idem à l’US Open où il a été sacré 3 fois et où les deux dernières éditions, dont il était favori, lui ont échappé sur abandon en 2019 et disqualification en 2020.
Donc théoriquement, Djokovic est sur la voie royale pour établir cette année un nouveau record de titres majeurs, il pourrait en avoir 21 au soir de l’US Open, soit un de mieux que Federer et Nadal. Et surtout, il pourrait devenir le premier joueur depuis Rod Laver en 1969 à réussir le mythique Grand Chelem, soit décrocher les quatre Majeurs la même année. Le sien pourrait même être un Golden Slam s’il remporte l’or aux Jeux Olympiques, ce qu’aucun joueur n’a fait.
Au vu de ces chiffres, pour l’ancien n°1 mondial Mats Wilander, consultant pour Eurosport, il n’y a pas de doute, « on doit commencer à parler du GOAT ».
« Le meilleur des trois »
« Je n’avais jamais vu un plus beau match de tennis sur terre battue », avait commenté le Suédois, triple vainqueur de Roland-Garros, à l’issue de la demie Djokovic-Nadal. « C’était du tennis sur terre porté à un niveau bien supérieur au mien parce que c’était si rapide, et que Novak mettait tellement de rythme dans ses coups. Les déplacements, le touché au filet, l’aspect athlétique, tout était incroyable », avait-il ajouté.
Déjà, Djokovic était le seul joueur de l’ère Open (depuis 1968) à avoir détenu les quatre titres majeurs à cheval sur deux années (2015-2016). Il est désormais le seul de l’ère Open à avoir remporté deux fois au moins chacun de ces tournois (Federer n’a qu’un Roland-Garros et Nadal n’a qu’un Open d’Australie).
Une autre statistique plaide en sa faveur : à ce jour, il a un bilan victoires-défaites positif face à Federer (27 victoires pour 23 défaites) et à Nadal (30 pour 28). « Djokovic, c’est le meilleur des trois. Je l’ai toujours dit. Si les trois sont au sommet de leur art, c’est lui qui gagne. L’histoire nous a raconté ça. Pour moi, c’est le plus fort », a estimé Patrick Mouratoglou, le coach de Tsitsipas.
LQ/AFP