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[Olympisme] David Lappartient, un ambitieux pressé


David Lappartient assume ses ambitions.

Politique, stratège, ambitieux… David Lappartient, 51 ans, multiplie les casquettes depuis plusieurs années, que ce soit en politique ou dans le sport international, assumant son ambition jusqu’à briguer la présidence du CIO près de deux ans et demi après y être entré.

Cet ancien cycliste amateur, qui a présenté jeudi son programme, et aime encore rouler à ses heures perdues, n’a pas de temps à perdre. Issu de la politique, ancien membre des Républicains avant de couper le cordon, il partage avec l’ex-président Nicolas Sarkozy, dont il se dit proche, des similitudes troublantes. L’énergie et l’ambition sont les deux plus saillantes. Né à Pontivy (Morbihan), ce poids plume plein d’énergie à l’allure vestimentaire toujours impeccable, mène de front depuis près de quinze ans ses deux carrières, quitte à charger sa barque, avec près d’une dizaine de mandats sportifs et électifs.

D’abord en politique, avec la Bretagne comme terre de chasse. Celui qui fut un temps proche de l’ancien ministre et maire de Vannes François Goulard (Les Républicains), a été maire de Sarzeau pendant près de 13 ans (2008-2021), et occupe le poste de président du conseil départemental du Morbihan depuis 2021. Mais il s’agit là de la partie émergée de l’iceberg. Car en plus des ces deux mandats, il a occupé aussi d’autres fonctions périphériques comme président de l’agence de développement touristique ou encore président du parc régional du Morbihan. «Il a cumulé tellement de postes que parfois on s’y perd», assure une source politique.

Lors de son arrivée au comité olympique français (CNOSF), en juin 2023, il avait consenti à lâcher un mandat, celui du parc régional. Mais pas plus. Il cultive le même côté cumulard dans le sport international, de président de l’UCI depuis 2017, membre du CIO depuis 2022 et donc président du CNOSF depuis juin 2023. Et cela fait grincer quelques dents. «Avec de tels cumuls, comment peut-il tout faire et comment peut-il être autorisé à tout faire?», s’interroge cette source politique. «D’ailleurs son surnom « Lappartient qu’à lui » lui va très bien.» «Oui, mais il a cette capacité à gérer ses nombreuses casquettes avec une clairvoyance incroyable», dit de lui un de ses collaborateurs.

Celui qui menait sa carrière un peu dans l’ombre jusqu’à son entrée au CIO juste après les JO de Pékin en 2022, a décidé de prendre la lumière en accédant à la présidence du CNOSF en juin 2023 pour sauver une maison en perdition, fracturée de tous les côtés.

Un fin stratège

«Franchement, son arrivée a été une bénédiction pour le CNOSF. Il a remis de l’ordre, discuté avec les gens et apaisé une maison vraiment en plein chaos», assure un membre du comité olympique. À un an des JO de Paris, le challenge n’était pas simple. «Il vient de la politique, il sait parler aux gens. Sous un côté parfois un peu réservé, il est très abordable, et il est diplomate», abonde ce collaborateur. «Et puis, il y a du respect. Même pour ceux qui ne sont pas forcément d’accord avec lui, c’est comme quand tu fais rentrer dans l’équipe un gars qui a gagné beaucoup de titres, ça se respecte.»

Lors de la campagne pour le CNOSF, un article du Monde de mai 2023 évoquant ses «liens troubles» avec l’oligarque russo-turkmène Igor Makarov, ancien cycliste professionnel du temps de l’Union soviétique, supposé l’avoir aidé à prendre la tête de l’UCI en 2017, a démontré qu’il ne s’était pourtant pas fait que des amis.

En fin stratège, Lappartient a aussi senti le coup avec la candidature des Alpes pour les JO-2030. À son arrivée, le projet était au stade embryonnaire. Il manquait un relais avec le CIO et un chef d’orchestre. «Il a senti que ça pouvait le faire, et avec Muselier et Wauquiez, tous ont aussi senti le bon coup politique», estime un cadre du mouvement sportif français.

Le coup a fonctionné, alignant une planète de plus pour le CIO, dont le président doit être élu en mars 2025. La décision de l’Allemand Thomas Bach de passer la main lui a ouvert une voie que beaucoup pressentaient.«On soupçonne qu’il y ait un pacte avec Thomas Bach, un genre de gentleman agreement entre eux, mais bon, ce n’est qu’une supposition», susurre ce cadre du mouvement sportif français.