On savait déjà qu’il était le meilleur shooteur de tous les temps en NBA, mais Stephen Curry l’a formalisé pour les livres d’histoire, mardi, en battant le record du nombre paniers à 3 points réussis en saisons régulières, jusqu’alors propriété de Ray Allen.
Il fallait à la star des Warriors marquer deux tirs à longue distance pour réaliser cet exploit. Ce qu’il s’est appliqué à faire lors de la victoire contre les New York Knicks (105-96), dès le premier quart-temps, en moins de cinq minutes et en trois tentatives, sous les yeux de son glorieux aîné, ainsi que de Reggie Miller, désormais 3e de ce prestigieux classement.
Ces deux légendes l’ont ensuite pris dans les bras, tout comme son père Dell Curry, ancien redoutable artilleur qui lui a transmis l’ADN du sniper. Un moment d’intense émotion au sein du mythique Madison Square Garden, qui lui a réservé une énorme ovation. Au point que le match s’est arrêté pendant cinq minutes.
« C’est une soirée très, très spéciale, dans une telle salle… Je ne saurais exprimer à quel point c’est un honneur pour moi de voir une telle réaction ici et à quel point cette étape importante est appréciée », a déclaré Curry sur la chaîne après le match.
Plus tôt, LeBron James, superstar des Lakers, s’était enthousiasmé sur Twitter: « Je viens d’atterrir à Dallas pour voir Stephen Curry battre le record et, encore mieux, le faire dans le GARDEN !! WOW FELICITATIONS FRERE !! INCROYABLE !! ».
Gestes de funambules
« C’est passionnant de voir Steph battre ce record. Il a révolutionné la façon de jouer au basket et continue de laisser les fans en admiration avec son art étonnant et son extraordinaire capacité à shooter. Bravo pour cet exploit historique », a réagi le patron de la ligue Adam Silver.
Plus peut-être que d’avoir effacé des tablettes Allen, champion NBA avec Boston (2008) puis Miami (2013), c’est la rapidité avec laquelle Curry y est parvenu qui sidère. Là où le premier a marqué 2.973 paniers à trois points en 1.300 rencontres, son chasseur aura mis 789 matches pour le dépasser.
Le double MVP 2015 et 2016, également en tête du classement du plus grand nombre de paniers à trois points marqués, saisons régulières et play-offs confondus, n’a qu’un record qui lui échappe pour remplir toutes les cases. Celui de 14 tirs inscrits en un seul match par son coéquipier Klay Thompson.
Curry, autour duquel une équipe rajeunie et performante a été rebâtie par Steve Kerr – ancien spécialiste du tir à trois points – après le départ de Kevin Durant à Brooklyn, est la raison première de cette résurrection de Golden State, qui domine actuellement le championnat.
Après s’être fracturé la main gauche fin octobre 2019, le meneur est revenu encore plus fort, finissant meilleur marqueur de la saison régulière passée avec 32 points de moyenne, la meilleure de sa carrière, battant au passage son record de pions inscrits dans une seul rencontre (62).
Jeu d’enfant
Actuellement 2e meilleur scoreur de la ligue, Curry offre un grand spectacle continu en NBA. Capable de réussir des gestes de funambule et des tours de magie dans n’importe quelle position, il s’est fait une spécialité des shoots dégainés très loin derrière l’arc. Il n’y a pas un recoin du parquet d’où il n’a pas fait mouche en 13 ans de carrière, les images faisant régulièrement le tour du monde. Car ses exploits, il les commet à répétition, quand d’autres n’y arrivent que très épisodiquement. A ce titre, Stephen Curry a révolutionné le jeu.
Arme occasionnelle il y a quinze ans, réservée à une minorité de spécialistes, le tir derrière l’arc a fini par devenir sous son ère l’option offensive privilégiée par la plupart des équipes en NBA. Et beaucoup de joueurs veulent « faire du Curry », sans que leur recette soit aussi bien épicée, même si certains comme Damian Lillard (Portland) y excellent.
Mais il sera quasi-impossible de battre le record qu’il établira, quand sonnera la fin de sa carrière. Car à 33 ans, il a encore de belles années devant lui. Avec à présent 2.977 paniers au compteur, la barre des 3.000 est pour dans quelques jours, celle de 4.000 à portée s’il tient son rythme.
Enfin, Curry est aussi l’incarnation d’un basket joyeux, qu’on pratique en souriant comme un jeu d’enfant. Il n’y a qu’à le voir avant les matches s’amuser à faire « swish », d’endroits improbables, comme récemment, lorsqu’il a réussi son tir des tribunes de la salle des Warriors. Ca aussi, il est le seul à le faire.
LQ/AFP