La légende du Moto GP Valentino Rossi a vu ses efforts pour amener au sommet une nouvelle génération de pilotes italiens couronnés de succès avec le triomphe dimanche au Grand Prix de Saint-Marin de Franco Morbidelli devant Francesco Bagnaia, deux élèves de son « Académie ».
A 41 ans, Rossi a aussi de nouveau prouvé qu’il pouvait encore se battre pour les premières places.
Arrivé 4e, il a raté la podium d’un cheveu après s’être fait dépasser dans le dernier tour, non sans s’être accroché longtemps à la 2e place. « C’est dommage d’avoir perdu le podium car si j’étais arrivé à le partager avec Franco (Morbidelli) et « Pecco » (Francesco Bagnaia) cela aurait été extraordinaire », a regretté « Vale » après la course.
Morbidelli, vainqueur dimanche, et Bagnaia, son dauphin sur le podium, sont tous deux issus de son académie de pilotage « VR46 », dont le nom est composé de ses initiales et de son numéro de course.
Installée à Tavullia, sa résidence, à quelques kilomètres du circuit de Misano où s’est déroulée la course, celle-ci est une véritable pépinière de pilotes, tous Italiens, et pas seulement en MotoGP.
Dimanche, son demi-frère, Luca Marini et Marco Bezzecchi, qui en font partie, ont pris les deux premières places de la course des Moto2, l’antichambre du MotoGP.
« La course des Moto2 a aussi été un moment inoubliable même si c’est toujours difficile de voir deux de ses pilotes s’affronter », a souligné celui qui a remporté sept titres mondiaux dans la catégorie reine et n’entend pas raccrocher de sitôt.
Quand ils ne sont pas ses frères, ils pourraient presque être des fils. Morbidelli a 25 ans, Bagnaia 23, tout comme Marini, et Bezzecchi 21 ans. Mais lorsqu’ils sont tous ensemble dans le paddock, ils sont une bande d’amis, semblant être venus s’amuser autant que gagner.
« Bénédiction »
Rossi suscite chez ses protégés une véritable vénération. « Je veux remercier tout le monde mais en premier ‘Vale’. Je lui dois tout et avoir la chance de courir avec lui est une bénédiction », a affirmé Morbidelli après sa première victoire en MotoGP dimanche.
« Mais je voulais vraiment le battre pour lui montrer qu’il a fait un bon choix en plaçant sa confiance en moi », a-t-il ajouté.
Lors d’un précédent Grand Prix en Espagne fin juillet, qui avait vu ses protégés réaliser des belles performances en Moto3 et Moto2 -et lui-même finir 3e en MotoGP-, Rossi avait confié: « Je suis si fier de mes gars car nous avons une excellente relation. Ils ne renoncent jamais et d’être avec eux me rend moins vieux, ou disons, plus jeune ».
Car le natif d’Urbino se refuse à vieillir. Son dernier titre remonte à 2009, sa dernière victoire à 2017 et il a raté dimanche ce qui aurait été le 200e podium de sa carrière en catégorie suprême, entamée en 2000.
Tout cela contribue à sa légende et au fait que les tribunes des courses MotoGP sont encore constellées de jaune vif, sa couleur.
Mais elles ont dû faire large place ces dix dernières années à l’orange, la couleur de l’Espagnol Marc Marquez, 27 ans. Six fois champion et tenant du titre, il aurait tenté d’égaler cette année Rossi si un bras cassé lors de la première manche du championnat ne le tenait pas encore écarté des pistes.
« Bravo la VR46 »
Autant les relations du « Doctor », un autre de ses surnoms, avec ses jeunes poulains sont bonnes, autant celles avec Marquez sont détestables. Dans le petit monde du MotoGP, les Italiens et les Espagnols, s’ils travaillent ensemble et s’apprécient, se jalousent un peu.
C’est ainsi un jeune espagnol, Joan Mir, 23 ans qui a chipé in-extremis à Rossi la 3e place dimanche et affirmé ensuite qu’il voulait le dépasser coûte que coûte.
Face a cette armada italo-ibère, c’est cependant un Français, Fabio Quartararo, qui s’est affirmé à 21 ans, comme la révélation des deux dernières saisons.
Mais les pilotes hexagonaux ne sont que deux en MotoGP, Quartararo et Johann Zarco, et il n’y en a aucun en Moto2 et Moto3.
Interrogé pour savoir s’il envisageait lui aussi de faire un jour comme Rossi et encourager de jeunes pilotes français à grimper les échelons, Zarco, 30 ans, le juge difficile.
« Bravo la VR46 », a-t-il dit après la course tout en rappelant que ses pilotes sont à Misano chez eux et connaissent la piste par coeur.
« Mais je ne gagnerai jamais assez d’argent pour créer un empire comme la VR46, surtout tant que je vis en France », ironise-t-il. Il n’exclut toutefois pas d’aider un jeune pilote, Lorenzo Fellon, le fils de son ancien manager Laurent Fellon. Un seul, là où Rossi en parraine près d’une dizaine.
AFP