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Mondiaux d’athlétisme : « Kéké » Mayer KO, l’équipe de France assommée


Le double médaillé d'argent olympique vit une nouvelle désillusion, après son forfait aux Mondiaux de Pékin en 2015, son abandon à Doha en 2019. (Photo AFP)

Le leader de l’équipe de France Kevin Mayer a abandonné le décathlon vendredi aux Championnats du monde de Budapest afin de se préserver pour les Jeux olympiques de Paris en 2024, un énorme coup dur pour des Bleus en souffrance.

Souvent en délicatesse avec son corps, très à l’écoute de ses sensations, Kevin Mayer a habitué son staff et ses supporters à vivre ses compétitions comme deux jours de montagnes russes émotionnelles, avec à l’issue des larmes, de douleur ou de joie, médaille autour du cou. Vendredi à Budapest, la « Kékexpérience » a tourné court à cause d’un tendon d’Achille gauche douloureux.

Comme promis en arrivant en Hongrie, le champion du monde sortant n’a pris aucun risque et s’est arrêté après la longueur, deuxième des dix épreuves.

« J’ai ma douleur au tendon d’Achille (gauche) qui est grosse mais je ne suis pas allé dans le mal total (…) C’est difficile d’abandonner, quand on est autant en forme. Dire +j’arrête+ à la longueur, j’avais envie de vomir ces mots. Mais je sais que je n’aurais pas pu finir », a assuré le recordman du monde (9.126 points en 2018).

Le bilan de la France en Hongrie reste ainsi scotché à zéro et sa principale chance vient de s’envoler. Aux Mondiaux de Eugene (Oregon, Etats-Unis) en 2022, c’est Mayer qui avait rapporté la seule médaille des Bleus.

Le double médaillé d’argent olympique (2016 et 2021), âgé de 31 ans, vit donc une nouvelle désillusion, après son forfait aux Mondiaux de Pékin en 2015, son abandon à Doha en 2019, ou l’été dernier au tout début du décathlon de l’Euro de Munich, quelques semaines après son sacre à Eugene.

« Pas cassé de partout »

Vendredi, après avoir couru le 100 m en 10 sec 79 (-0,1 m/s), Mayer a sauté en longueur à 7,25 m (-0,1 m/s), deux performances loin de son meilleur niveau, réalisées le visage fermé, dossard orange de tenant du titre accroché à son maillot blanc. Au classement combiné, il était alors 16e, à distance de ses principaux rivaux.

« A Doha je n’étais pas en accord avec moi-même, j’étais allé dans des douleurs pas humaines, qui ne devraient pas exister dans le sport. Là, je sais que dans deux mois, mon tendon ce sera réglé », a positivé le double champion du monde.

« Je suis content qu’il sorte du championnat en état, pas en très bon état, mais en état, s’est réjoui son entraîneur Alexandre Bonacorsi. On ne repart pas sur de la guérison, des soins, de la réathlétisation. Son corps est inflammé, mais pas cassé de partout. »

Conséquence de son abandon, Mayer n’est pas encore qualifié pour les Jeux de Paris et devra disputer un décathlon, soit cet hiver dans l’hémisphère sud, soit en avril aux Etats-Unis, pour réussir les minima. Avant d’espérer briller aux JO à domicile, pour enfin conquérir le titre suprême.

« Hâte d’être à Paris »

« Il faut accepter qu’on n’est pas Superman, on est humain, mais l’année prochaine je donnerai tout pour être Superman, a-t-il promis. Je sais ce que je vaux en ce moment, ça peut être magnifique l’année prochaine. Je pense que je tiens le bon bout, j’ai trop hâte d’être à Paris. »

« Kéké » ne revêtira donc pas sa cape de super-héros pour sauver une nouvelle fois une équipe de France en détresse. Les Bleus, devenus une petite nation dans la hiérarchie mondiale, ne visaient pas une razzia dans la capitale hongroise, mais espéraient une montée en puissance et quelques rayons de soleil à un an de fouler le tartan violet du Stade de France.

Las, ils ne comptent pour l’instant que trois places de « finaliste » (top-8) après six jours de compétition. Très peu d’athlètes ont profité des conditions pourtant parfaites de Budapest pour améliorer leur record, ou même pour réussir leur meilleure performance de la saison. « Je ne peux pas assumer d’être le seul à faire des médailles pour l’équipe de France », a dit Mayer.

Quelques espoirs subsistent avec la steepleuse Alice Finot, en finale dimanche, la demi-fondeuse Rénelle Lamote, en demi-finales du 800 m vendredi soir, et les relais, principalement le 4×100 m masculin particulièrement travaillé depuis deux ans.