La reine des compétitions européennes livre son épilogue à Londres, un an après le premier sacre de Manchester City, à Istanbul, survenu au bout d’un combat serré contre un autre finaliste inattendu, l’Inter Milan. Samedi, le palmarès, la dynamique, l’effectif et le budget pencheront en faveur des Espagnols.
Le Real de Carlo Ancelotti n’est en effet jamais aussi fort que quand retentit l’hymne de la Ligue des champions, sa compétition fétiche, celle de ses coups d’éclat les plus retentissants. Pour rallier Londres, les Madrilènes ont égalisé deux fois contre Manchester City (3-3) en quart de finale aller, gardé les nerfs solides au retour (1-1, 4-3 tab), tenu en échec le Bayern à Munich (2-2) puis renversé les Allemands en demie retour (2-1) avec deux buts très tardifs.
Malgré cela, Dortmund ne veut pas venir à Wembley sur la pointe des pieds. Ou alors, s’il le fait, c’est pour pouvoir regarder l’ogre madrilène dans les yeux. «On joue contre une équipe qui est bâtie pour gagner la Ligue des champions, dont la mission est de gagner la Ligue des champions. Quand on a une mission à remplir, on peut la manquer. Nous, on a un rêve. C’est la différence entre un rêve et une mission», a lancé Edin Terzic.
L’entraîneur de Dortmund sait que la flamme de la passion peut brûler les ailes d’adversaires bien plus costauds. Après tout, son Borussia a dominé le «groupe de la mort» (Paris SG, AC Milan, Newcastle) avant de faire tomber l’Atlético Madrid d’Antoine Griezmann et le PSG de Kylian Mbappé.
«Maintenant, c’est le champion absolu dans l’histoire du foot et dans cette compétition, qui nous attend», a résumé l’Allemand de 41 ans. «Je suis intimement convaincu que sur un match tout est possible» et si quelqu’un l’a montré cette saison, «c’était nous», a-t-il glissé.
«Nous sommes favoris en tribunes»
Le Real a remporté ses huit dernières finales européennes, son dernier échec date de 1981, «mais tout ça ne compte pas», a insisté le manager du BVB, cinquième de la dernière Bundesliga. Dortmund, club historique de la Ruhr industrielle, a peu goûté à l’ivresse des sommets; deux fois, il s’est hissé en finale, pour le meilleur (victoire 3-1 en 1997 contre la Juventus) et pour le pire (défaite 2-1 en 2013 contre le Bayern). La dernière fois, c’était à Wembley, déjà, et le jeune Terzic, 30 ans à l’époque, avait fait le voyage dans le car des supporters. Cette fois, l’entraîneur sera sur le bord de la pelouse, avec la bruyante marée jaune et noir au soutien derrière lui.
«L’histoire de Madrid rend cette finale encore plus grandiose pour nous», a déclaré l’attaquant Niclas Füllkrug. Mais «nous sommes favoris en tribunes», a-t-il ajouté dans un entretien accordé au quotidien espagnol Marca. La ferveur légendaire du public allemand ne sera pas de trop pour contrecarrer les plans du Real, machine à gagner d’année en année, capable de combler sans sourciller le vide laissé par Karim Benzema. Madrid est désormais sous le charme de l’ancien du BVB Jude Bellingham À 20 ans, le milieu anglais symbolise autant la puissance sportive et financière du Real, capable d’aligner plus de 100 millions d’euros pour le recruter, que les limites du Borussia, sa pépinière de 2020 à 2023, incapable de retenir plus longtemps un si grand talent.
Deux mondes s’opposent samedi à Wembley, et un seul triomphera. Celui du Real, encore une fois ? Ou celui de Dortmund, pour une fois ?