La venue du Real Madrid, ce mardi soir en quart de finale aller de la Ligue des champions, illustre les progrès accomplis par Arsenal sous Mikel Arteta, semeur d’ambition dans un club qui n’en avait plus beaucoup.
La nomination en décembre 2019 de Mikel Arteta à Arsenal, propulsé entraîneur principal à 37 ans, avait fait lever quelques sourcils. Pari osé ou désespéré?, se demandent alors les observateurs. D’emblée, l’ex-adjoint de Pep Guardiola à Manchester City a placé la barre très haut : «Il faut se battre pour les trophées et être en Europe. Le reste n’est pas suffisant». En cinq saisons et demie, Arteta n’a ramené qu’un titre majeur – la Coupe d’Angleterre en 2020 – mais il a replacé Arsenal parmi les cadors du royaume et de l’Europe.
De retour en Ligue des champions la saison dernière, après sept ans d’absence, les «Gunners» n’ont été battus qu’en quarts de finale par le Bayern Munich. À domicile, ils sont invaincus depuis deux ans dans la compétition reine avant la venue du Real Madrid, tenant du titre, ce soir en quarts aller. «C’est l’endroit où nous voulons être, celui où Arsenal doit être constamment, a appuyé l’entraîneur de 43 ans, hier. Il faudra vraiment être hyper-convaincus que nous sommes prêts à gagner et à les battre. C’est l’état d’esprit que je veux.»
Les supporters l’adorent et lui montrent bien, en déployant avant chaque match une bannière «Vamos» (Allez, en espagnol) montrant l’Espagnol, poings serrés, et en s’époumonant sur le chant qui lui est dédié, «We’ve got Super Mik Arteta» (Nous avons Super Mik Arteta, en anglais). Le jeune entraîneur, souvent bouillant sur le bord du terrain, a su ranimer un stade sans grande âme. À son initiative, le club s’est doté d’un hymne qu’il diffuse avant le coup d’envoi, le poignant The Angel (North London Forever) de Louis Dunford, chanteur local fan d’Arsenal.
«Le stade est complètement transformé», s’est d’ailleurs félicité Arteta en décembre dans un entretien diffusé par le club pour le cinquième anniversaire de sa nomination. Au départ, «il y avait cette cassure et cette distance, un manque de conviction et beaucoup de négativité», a-t-il décrit, mais la «joie» est revenue et le club a retrouvé le «plus haut niveau». L’ancien milieu défensif d’Arsenal (de 2011 à 2016), formé au FC Barcelone, avait hérité d’une équipe sans identité de jeu claire, ni grande force de caractère, dixième de Premier League après 17 journées.
Les phases arrêtées, son arme fatale
Sous sa direction, les «Gunners» ont terminé cinquièmes pour sa première saison complète, puis deuxièmes à deux reprises derrière Manchester City : avec cinq points de moins en 2022/2023, puis deux seulement en 2023/2024 après avoir empilé 28 victoires et 91 buts, deux records du club. En comptant l’actuelle saison (2e à sept journées de la fin), Arsenal est l’équipe qui a remporté le plus de points (235 en 107 matches) en Premier League depuis le début de l’exercice 2022/2023, devant Manchester City (232) et Liverpool (222).
Arteta est tombé dans la marmite d’entraîneur aux côtés de Pep Guardiola, qui l’a pris sous son aile juste après sa fin de carrière. De Manchester, il a rapporté de l’expérience, des idées et un homme : Nicolas Jover, spécialiste des coups de pied arrêtés, devenu son précieux adjoint dans le nord de Londres. Le club au canon a érigé l’art des corners et coups francs en arme fatale, et cela tombe bien au moment d’affronter le Real Madrid. Les champions d’Europe espagnols ont certes beaucoup de talents devant (Vinicius, Rodrygo et Mbappé), mais ils encaissent beaucoup trop de buts derrière, notamment sur les phases arrêtées où ils sont en déficit de taille avec les latéraux Lucas Vazquez (1,73 m) et Fran Garcia (1,69 m).
La «Maison blanche» a des fondations bien trop poreuses actuellement, comme en attestent ses 14 buts encaissés sur les huit derniers matches. Heureusement pour elle, Arsenal est privé de deux grandes munitions face au but dans l’exercice, le défenseur Gabriel et l’attaquant Kai Havertz, tous deux fauchés par des blessures. Mais le Real doit aussi faire sans plusieurs joueurs absents sur blessure (Carvajal, Militão, Mendy…) ou suspension (Tchouaméni).
Mardi
21 h : Arsenal – Real Madrid
Bayern Munich – Inter Milan
Mercredi
21 h : Paris SG – Aston Villa
FC Barcelone – Dortmund